Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo
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administrations compétentes, notamment au non paiement des redevances et au non respect<br />
des engagements d’investissements prévus dans les contrats de concession ; à l’absence de<br />
définition et donc de répartition des rôles entre <strong>concessionnaire</strong>s et concédants dans la gestion<br />
forestière 20 . La loi foncière de 1992 n’a pas réussi à réglementer les concessions : elle a même<br />
été caractérisée par certains de « ‘get rich quick’ manual for the upwardly mobile 21 » mais le<br />
plus souvent elle n’a pas même été appliquée. Entre 1993 et 1998, « more than a third of<br />
Cambodia was alienated outside the provisions of Land Law (1992) in some cases illegally,<br />
by the granting of concessions 22 ». Ces modalités de gestion ont abouti à une raréfaction des<br />
terres cultivables et n’ont pas permis l’émergence des effets escomptés en termes de<br />
stimulation du secteur privé, de baisse de la pauvreté et d’offre d’emplois pour les populations<br />
locales 23 .<br />
En outre, l’objectif prioritaire et finalement le plus simple d’entre eux, à savoir l’obtention de<br />
ressources financières pour l’Etat, a été particulièrement décevant. Les revenus tirés de<br />
l’activité forestière ont été très largement surestimés par les bailleurs de fonds : les 100<br />
millions de dollars estimés au départ n’ont jamais été atteints, pas plus que les 40 ou 80<br />
millions envisagés par la suite. En réalité, les recettes ont oscillé entre 6 et 12 millions de<br />
dollar seulement, sauf en 1994, année de l’octroi de la majorité des concessions, où les<br />
redevances d’avances ont permis de faire monter les recettes à 33 millions de dollars 24 . Avec<br />
le moratoire et l’annulation de nombreuses concessions ainsi que le départ volontaire<br />
d’investisseurs étrangers, les perspectives d’avenir sont, en matière de ressources financières,<br />
encore plus sombres. La contribution du secteur forestier à l’économie nationale s’avère donc<br />
étonnamment faible 25 . Selon les chiffres officiels, il ne fournirait pas plus de 4% des revenus<br />
de l’Etat en 1994, année où les rentrées ont été les plus importantes, et désormais moins de<br />
0,5%. Un audit du FMI et des recherches menées par l’organisation Global Witness 26 ont<br />
permis de constater que les revenus de la privatisation de 9% de l’entreprise Colexim,<br />
l’ensemble des royalties dues sur le bois coupé en 1999 et en 2000 et transporté en 2001, les<br />
redevances sur des produits de la forêt, les amendes sur les coupes illégales, les droits sur les<br />
concessions de jeune bois et bois de chauffe, les dépôts pour les nouvelles concessions de<br />
20<br />
Ceci se déduit de la lecture des correspondances entre <strong>concessionnaire</strong>s et services administratifs et de divers<br />
rapports du contrôleur externe, Global Witness.<br />
21<br />
Shaun Williams, Review of Current and Proposed Cambodian Land Legislation, Oxfam GB, May 1999, p.6.<br />
22<br />
Ibidem, p.3.<br />
23<br />
United Nations, Land Concessions for Economic Purposes in Cambodia, op.cit.<br />
24<br />
Bruce McKenney and Prom Tola, Natural Resources and Rural Livelihoods in Cambodia…op.cit., p.90<br />
25<br />
The Forest Sector in Cambodia... op.cit. Pour le détail, voir pp.39-40.<br />
26<br />
Documents confidentiels de l’organisation environnementaliste.