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Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo

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même que les tenants du <strong>modèle</strong> avaient concentré leurs espoirs sur les recettes et les<br />

potentiels de développement de l’exploitation forestière. De facto, le système des concessions<br />

a paradoxalement abouti à un désintérêt général vis-à-vis du secteur : aucun schéma de<br />

développement national n’a été envisagé pour l’ensemble de la forêt cambodgienne et la<br />

réflexion sur les objectifs non financiers d’une politique forestière s’est révélée<br />

particulièrement pauvre. Les infrastructures rurales financées par les investisseurs étrangers,<br />

par exemple, n’ont jamais été intégrées dans une stratégie de développement rural 93 .<br />

L’irrationalité de la gestion <strong>concessionnaire</strong> des forêts cambodgiennes se mesure surtout à<br />

l’impossibilité, pour les <strong>concessionnaire</strong>s, de fonctionner dans les termes légaux du contrat et<br />

par voie de conséquence, à leur incapacité à s’émanciper d’une vision extensive et rentière de<br />

la concession. Le système mis en place au cours des années 1990 ne s’avère rentable que si<br />

les <strong>concessionnaire</strong>s fonctionnent en partie dans illégalité, et ceci pour au moins quatre<br />

raisons 94 . Etant donné les procédures d’attribution et l’environnement bureaucratique,<br />

politique et militaire du système, les <strong>concessionnaire</strong>s sont tout d’abord obligés de générer des<br />

revenus particulièrement élevés, non pas pour verser les taxes, droits et royalties prévus par<br />

les textes (bien que le niveau officiel des redevances soit élevé à l’aune régionale) mais pour<br />

faire face à tous les versements parallèles indispensables au fonctionnement de la concession.<br />

Dans ce contexte, de tels versements ne peuvent pas seulement être analysés comme de la<br />

corruption ; ils doivent aussi être considérés comme l’une des principales modalités d’accès à<br />

une rentabilité financière rendue uniquement accessible par une exploitation illégale. Ensuite,<br />

les niveaux d’investissement exigés par les contrats sont tels qu’ils poussent les<br />

<strong>concessionnaire</strong>s à entrer dans l’illégalité afin de tirer le meilleur parti de ces immobilisations.<br />

Enfin, la politique systématique d’association et de sous-traitance, les menaces exercées par<br />

les sous contractants, les intermédiaires et les militaires sur le contrôle des forêts et l’intensité<br />

des tensions et conflits avec les populations locales, tout cet environnement a poussé les<br />

<strong>concessionnaire</strong>s à exploiter au maximum la concession sans tenir compte des contraintes<br />

liées à l’adoption d’une approche de développement durable 95 . Ces trois facteurs ont convergé<br />

et expliquent pourquoi les <strong>concessionnaire</strong>s sont plus intéressés par la rentabilité des scieries<br />

et l’exportation massive de grumes que par une gestion à long terme de la forêt. Cependant,<br />

cet environnement, pour « hostile » qu’il soit, n’est pas le seul responsable de la dérive<br />

déplorée par les bailleurs. La quatrième et dernière caractéristique qui explique la nature<br />

93 The Forest Sector in Cambodia...op.cit.<br />

94 Ibidem<br />

95 Ibidem

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