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Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo

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populations locales, des migrants, des gouvernements locaux et de la société civile dans la<br />

mesure où les règles traditionnelles et les arrangements locaux, seuls accessibles aux paysans,<br />

ne sont pas reconnus légalement par le pouvoir central. De même la résolution des conflits par<br />

les Cours, les Commissions de résolution des conflits fonciers et les instances ad hoc prend<br />

non seulement énormément de temps mais nécessite également une maîtrise de leur rouage et<br />

un minimum d’accointances politiques et partisanes. Ces instances sont d’ailleurs perçues par<br />

les populations locales comme étant inégalitaires, favorisant les <strong>concessionnaire</strong>s et leurs<br />

alliés politiques ainsi que les individus liés aux « bons » réseaux de pouvoir 173 .<br />

La richesse et l’accès matériel aux conditions de la légalité constituent également des<br />

éléments discriminants. Si peu de paysans et de membres des communautés locales possèdent<br />

des titres en règles et se trouvent ainsi en situation de vulnérabilité face à la dynamique<br />

<strong>concessionnaire</strong>, c’est avant tout parce que ces certificats sont extrêmement onéreux. Il faut<br />

dire que les coûts informels sont si élevés que les procédures sont rarement menées à leur<br />

terme : alors que le coût officiel de l’enregistrement ne s’élève qu’à 4 ou 5 dollars, les coûts<br />

informels s’élèvent entre 300 et 400 dollars en province, encore plus à Phnom Penh 174 . La<br />

justice connaît les mêmes dérives : <strong>quel</strong>le que soit l’instance choisie ou imposée, le coût est<br />

démesuré par rapport au salaire de ces individus qui ne gagnent souvent pas plus d’un dollar<br />

par jour, du fait des versements parallèles nécessaires à l’avancée du dossier et des frais de<br />

transport entre le village, le district et la province. Une véritable fracture existe entre les<br />

« pauvres » et les « riches » qui seuls peuvent se payer le luxe d’obtenir des papiers, d’être<br />

légaux et de se défendre. Si très peu de paysans possèdent des titres, c’est aussi parce que leur<br />

obtention nécessite des ressources techniques et humaines souvent inaccessibles aux petits<br />

propriétaires qui cherchent à obtenir un certificat et inexistantes au niveau des administrations<br />

provinciales et de district 175 .<br />

Le partage inégal de la richesse, de la maîtrise de la loi et des ressources techniques et<br />

humaines crée ainsi une exclusion sociale qui ne cesse de s’aggraver sous l’effet des dérives<br />

du système <strong>concessionnaire</strong>. Après le coup d’Etat de 1997 par exemple, pour redorer son<br />

173<br />

So Sovannarith, Real Sopheap, Uch Utey, Sy Rathmony, Brett Ballard & Sarthi Acharya, Social Assessment<br />

of Land in Cambodia… op.cit.<br />

174<br />

Ibidem<br />

175<br />

C’est d’ailleurs un des points retenus par les coopérations nationales et des projets français (AFD) et<br />

allemands (Kfw) par exemple aident concrètement les planteurs individuels (cas de l’hévéa notamment) et les<br />

agriculteurs (cas de l’irrigation) dans ces démarches. Source : entretiens, Phnom Penh, octobre 2004 et Paris,<br />

décembre 2004 ainsi que documents internes de l’AFD.

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