Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo
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Deux d’entre elles ont joué un rôle particulièrement important : l’utilisation des concessions<br />
économiques et l’illégalité totale. La loi de 2001 a fonctionné comme l’une des modalités les<br />
plus efficaces de la poursuite des coupes et de l’exportation bien qu’elle mentionne avec<br />
précision, du fait même de l’existence d’un moratoire total sur les coupes, que les anciennes<br />
concessions forestières ne pouvaient être converties en concessions économiques. Comme le<br />
relèvent désormais tous les rapports des ONG (Global Witness, Oxfam…) et des<br />
organisations internationales (Banque mondiale, PNUD…), les concessions économiques et<br />
les plantations d’hévéa ont été utilisées pour contourner le moratoire. D’une part, les<br />
entreprises publiques gestionnaires des plantations ont autorisé des coupes sous prétexte que<br />
les arbres étaient vieux et improductifs 62 . D’autre part, le contrat de certaines concessions<br />
agricoles mentionnait explicitement la possibilité de déboiser pour planter 63 . De fait, très peu<br />
de concessions économiques sont effectivement exploitées : on observe aujourd’hui qu’elles<br />
ont essentiellement fonctionné comme un mécanisme de conversion des concessions<br />
forestières et ce d’autant plus qu’elles ont souvent été octroyées dans des zones forestières de<br />
très bonne qualité 64 . La seconde modalité de dépassement des contrôles et des contraintes<br />
techniques a consisté à déplacer les pratiques forestières vers toujours plus d’illégalité. Alors<br />
que les grandes compagnies forestières faisaient l’objet d’une surveillance rapprochée à partir<br />
de 2002, les coupes ont continué par le biais de très nombreuses petites PME travaillant le<br />
plus souvent en sous-traitance pour les grands <strong>concessionnaire</strong>s 65 . En outre, celles-ci ont<br />
déplacé leurs zones d’exploitation et sont désormais actives dans des zones beaucoup plus<br />
sensibles mais aussi plus difficilement contrôlables car théoriquement inexploitables : les<br />
zones protégées, les parcs nationaux, les réserves naturelles. Tel est le cas par exemple de la<br />
réserve naturelle de l’Aural qui a pris le relais des zones forestières traditionnelles des<br />
Cardamones désormais trop surveillées 66 .<br />
Par ailleurs, les mesures législatives elles aussi font l’objet de tels contournements. Parfois,<br />
ceux-ci ont été imaginés au sein même des nouveaux textes, à l’instar de ce décret de gestion<br />
des concessions de février 2000 qui dès l’origine n’était pas applicable aux concessions déjà<br />
octroyées… c’est-à-dire à la quasi-totalité d’entre elles 67 . Dans d’autres cas, les stratégies de<br />
62<br />
Fiche de synthèse : Le caoutchouc au <strong>Cambodge</strong>, mission économique de l’Ambassade de France à Phnom<br />
Penh, mai 2003.<br />
63<br />
Lecture de documents confidentiels entre <strong>concessionnaire</strong>s et services administratifs.<br />
64<br />
United Nations, Land Concessions for Economic Purposes in Cambodia ,op.cit.<br />
65<br />
The Forest Sector in Cambodia...op.cit<br />
66<br />
Global Witness, Taking a Cut… op.cit..<br />
67<br />
Bruce McKenney and Prom Tola, Natural Resources and Rural Livelihoods in Cambodia…op.cit.