Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo
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Le processus de centralisation, qui s’est accentué tout au long de la seconde moitié des années<br />
1990 et le début des années 2000, a connu deux moments clés 155 . Le premier s’inscrit dans<br />
l’après coup d’Etat de juillet 1997 avec la prise de contrôle des territoires Funcinpec et tout<br />
aussi important la politique – qui s’est révélée une complète réussite – d’attraction du monde<br />
des affaires dans le giron exclusif du PPC de façon à tarir toutes les sources de financement<br />
autonomes du Funcinpec. Le second s’est étendu entre les élections de 2003 et juillet 2004,<br />
c’est-à-dire pendant toute la période de négociations entre Hun Sen et Ranariddh pour la<br />
constitution d’un gouvernement bipartisan : en l’absence de gouvernement, toutes les<br />
décisions économiques ont été directement prises par le Premier ministre Hun Sen. Cette<br />
période a notamment permis l’octroi sans aucun contrôle d’un nombre très important de<br />
concessions foncières et surtout, en raison du contexte international et du moratoire sur le<br />
bois, de concessions économiques. La thèse de l’anarchie et de l’absence de vision<br />
d’ensemble, si elle repose sur des faits indéniables, sous-estime donc très largement la part<br />
d’organisation, de connaissance, de maîtrise. Un contrôle existe, qui n’est ni permanent, ni<br />
total, dont la logique n’est ni économique, ni bureaucratique ; ce type de contrôle à la fois<br />
lâche et implacable, révèle des modalités non bureaucratiques de gouvernement où la<br />
coercition est centrale. Jusqu’à ce jour, les concessions restent des lieux d’exercice du<br />
pouvoir, de production d’inégalité et d’expression de la violence.<br />
Démobilisation, violence et conflits<br />
Des travaux l’ont montré, la gestion forestière (sous forme de concession en bonne et due<br />
forme ou sous forme de permis) a été un instrument de financement et de mobilisation dans la<br />
guerre civile ; il est inutile ici de revenir sur cette liaison bien documentée. En revanche, on<br />
sait généralement moins que la construction de la paix, et notamment la démobilisation,<br />
doivent aussi beaucoup à ce <strong>modèle</strong> de délégation privatisée. Il est encore plus rarement<br />
souligné combien les modalités par les<strong>quel</strong>les cette pacification du <strong>Cambodge</strong> s’est réalisée<br />
ont contribué à la perpétuation d’une situation de violence et de conflits. Les développements<br />
rapides présentés ici entendent montrer cette contribution inattendue des concessions à la<br />
résolution du conflit cambodgien mais aussi à la permanence d’une violence latente et d’un<br />
exercice coercitif du pouvoir.<br />
155 Source : Entretien, Phnom Penh, octobre 2004