Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo
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Le premier d’entre eux réside dans le fouillis des textes et des lois 129 . Ces derniers sont parfois<br />
contradictoires ou concurrents, mais le plus souvent, la confusion résulte plutôt de la<br />
multiplicité des textes réglementant le secteur et leur difficile compréhension. Les<br />
concessions (forestières et économiques) sont par exemple régies par un très grand nombre de<br />
textes, étalés dans le temps, dont les décrets d’application sont difficilement accessibles voire<br />
non publiés. La loi sur les investissements de 1994 (qui octroie les exemptions partielles ou<br />
totales des droits et taxes) accorde au Cambodian Investment Board le rôle d’approuver les<br />
projets liés aux concessions, mais non pas d’approuver formellement ces dernières ; les<br />
procédures concrètes et le rôle des uns et des autres sont cependant du domaine de l’exécutif,<br />
donnant lieu à de multiples configurations. La plupart des lois (celle de 1996 sur la protection<br />
de l’environnement et des ressources naturelles, celle de 1997 sur la gestion des propriétés<br />
publiques, celles de 2000 et 2002 sur l’impact social des concessions) sont largement<br />
ignorées, leur validité pouvant être légitimement mise en doute en raison de l’absence de<br />
délégation à l’exécutif et, très concrètement, de l’inexistence ou du flou des décrets<br />
d’application. L’absence de démarcation claire entre la loi foncière et la loi forestière<br />
empêche l’indispensable sécurisation des terres et l’atténuation des pratiques d’aliénation et<br />
d’appropriation illégale de celles-ci. La modification permanente des procédures et des<br />
interlocuteurs ajoute à la confusion. Certains textes décisifs sont toujours en attente de<br />
publication, voire de conceptualisation. Il n’existe par exemple aucun plan d’utilisation des<br />
terres susceptible de guider l’action étatique et à peu près aucun moyen concret pour<br />
surveiller leur utilisation effective et les revenus issus de celle-ci ; ce qui explique que des<br />
zones soient attribuées plusieurs fois ou que des terres forestières ou susceptibles d’être<br />
propices aux concessions sociales soient attribuées à des concessions économiques.<br />
La dualité, voire la multiplicité, des normes d’appréciation des règles fournit un cadre propice<br />
à ces interprétations contradictoires et opposées de la légalité ou de la légitimité. L’illustration<br />
par excellence de ces difficultés est fournie par le système de contrôle des terres où coexistent<br />
les règles traditionnelles de reconnaissance des titres et la loi 130 . Ces divergences entre cadres<br />
référentiels opposent principalement les <strong>concessionnaire</strong>s extérieurs à la population locale ;<br />
mais la permanence de ces confrontations est alimentée par les différentes administrations,<br />
notamment au niveau des villages et des communes, ainsi que par les innombrables<br />
129 United Nations, Land Concessions for Economic Purposes in Cambodia, op.cit.<br />
130 Une analyse remarquable de la complexité des enjeux fonciers est fournie par So Sovannarith, Real Sopheap,<br />
Uch Utey, Sy Rathmony, Brett Ballard & Sarthi Acharya, Social Assessment of Land in Cambodia. A Field<br />
Study, Working Paper n°20, Phnom Penh, Cambodia Development Resource Institute, 2001