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Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo

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pas obtenu de permission en bonne et due forme à travers un contrat de concession.<br />

Cependant, le panorama actuel est tout autre : certaines mines sont contrôlées de facto par les<br />

forces armées ou les polices locales ; surtout, la plupart des compagnies n’ont qu’un permis<br />

d’exploration qu’elles utilisent en réalité pour exploiter le sous-sol cambodgien. Tel semble<br />

être le cas d’une compagnie chinoise qui viendrait de se voir octroyer, en dehors de toutes les<br />

règles légales du <strong>modèle</strong> <strong>concessionnaire</strong>, le droit d’explorer tout le sous-sol cambodgien 187 .<br />

Outre les politiques locaux, les militaires sont là encore des acteurs incontournables : ils sont<br />

impliqués à la fois dans l’exploitation directe, dans le contrôle des zones minières, dans la<br />

préservation de l’ordre et dans la « protection », c’est-à-dire l’autorisation implicite et tacite<br />

donnée à la population d’exploiter les mines moyennant versements réguliers à l’armée. La<br />

continuité des pratiques est là aussi flagrante, les populations locales payant les militaires<br />

actuels comme ils payaient dans les années 1970 les militaires Khmers Rouges et avant eux<br />

les militaires du régime sihanoukiste. Contrairement à d’autres situations similaires (par<br />

exemple en Indonésie 188 ), les grands groupes miniers internationaux sont absents du<br />

<strong>Cambodge</strong> et, tout comme pour le bois, le secteur est caractérisé par un manque d’opérateurs<br />

professionnels et un désintérêt évident des pouvoirs publics pour une rentabilisation<br />

économique du secteur. Sont présents essentiellement des Cambodgiens (militaires, affairistes<br />

liés aux militaires, aux policiers ou aux politiques locaux), des Coréens et des Chinois. La<br />

concentration s’accélère également avec la baisse du nombre des mineurs indépendants et la<br />

montée de compagnies qui prennent le contrôle d’exploitations artisanales et « illégales » en<br />

ponctionnant les mineurs et des processus de différenciations sociale sont à l’œuvre dans un<br />

contexte de grande pauvreté : les migrants et mineurs locaux peuvent ne gagner que 1,5 à 2,5<br />

dollars par jour tandis que les mineurs possédant des machines peuvent obtenir jusqu’à 10 ou<br />

15 dollars par jour. Les problèmes de santé et d’environnement sont réels avec la<br />

déforestation bien entendu, mais aussi et surtout l’exploration et l’exploitation faites en dehors<br />

de toutes les normes de sécurité, notamment avec l’usage intensif de produits chimiques<br />

dangereux et la contamination d’eaux de source.<br />

Le tourisme, l’une des principales ressources du pays, est lui aussi largement organisé sur le<br />

mode <strong>concessionnaire</strong>. L’administration d’Angkor est même un exemple des aberrations que<br />

peut susciter la mise en œuvre d’une technique de gestion dans un contexte politique<br />

187 Entretiens, Phnom Penh octobre 2004 et F.Mengin, « la variable chinoise », infra.<br />

188 Anna Tsing, « Inside the Economy of Appearances », Public Culture, 12 (1), pp.115-144

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