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Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo

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des améliorations pour rapidement souligner les entraves et violations des règles, de mettre en<br />

avant les avancées techniques et de façon quasi simultanée la corruption endémique du pays,<br />

etc 85 . C’est elle qui a été à l’origine des principales transformations techniques et des<br />

pressions les plus fortes, c’est elle aussi qui a exigé le moratoire et la présence de contrôleurs<br />

externes, mais c’est encore elle qui demeure le principal financeur du département forêt du<br />

ministère de l’Agriculture pourtant connu pour sa participation active aux détournements et<br />

violations des règles 86 et qui poursuit le financement du secteur alors même que les critiques<br />

s’exacerbent. Les autorités cambodgiennes interprètent ces revirements à leur juste mesure,<br />

sachant qu’il suffit que le temps passe (très rapidement de surcroît) pour que les financements<br />

reviennent, sachant aussi que les mots ont fort peu de poids face aux logiques bureaucratiques<br />

et politiques 87 . Désormais, la Banque mondiale est décrédibilisée lorsqu’elle parle de bonne<br />

gouvernance, de lutte contre la corruption ou de gestion durable de la ressource forestière ; ses<br />

pressions ne sont pas mêmes prises en compte par les autorités publiques. On peut aller plus<br />

loin dans cette analyse en soulignant que cette inconstance et la variation des objectifs<br />

recherchés aboutissent de facto à la participation active des bailleurs de fonds aux « dérives »<br />

du système <strong>concessionnaire</strong>, ou pour être plus exact, à sa transformation en un instrument de<br />

clientélisme, de cooptation et de domination politique. Tel a été très concrètement le cas, par<br />

exemple, de l’annulation immédiate de l’interdiction d’exporter des grumes (en 1993 puis en<br />

1996) prise par le Premier ministre avec l’aide tacite et l’accord implicite de la Banque<br />

mondiale… sous prétexte d’accroissement des recettes d’exportation 88 . Récemment encore<br />

c’est-à-dire en 2002, sa décision de continuer à soutenir le secteur forestier en dépit de la<br />

poursuite des coupes illégales et de la stratégie de contournement systématique de la part des<br />

autorités ou encore celle de « lâcher » le contrôleur externe, Global Witness, suggèrent qu’il<br />

ne s’agit pas d’une erreur ponctuelle d’appréciation mais bel et bien d’une posture plus<br />

générale vis-à-vis d’un bénéficiaire à aider quoi qu’il en soit. Pour justifier sa position, la<br />

Banque mondiale a avancé deux arguments principaux : d’une part, le gouvernement aurait<br />

fait preuve de bonne volonté en établissant officiellement un moratoire sur les coupes et les<br />

exportations début 2002, en dénonçant sept concessions forestières, en n’en octroyant plus de<br />

85 Dans son dernier rapport, Global Witness publie un encadré passionnant sur ces revirements de la Banque<br />

mondiale pratiquement mois par mois. Voir Taking a Cut… op.cit. p.8<br />

86 The Cambodian Daily, 12 novembre 2002 et Taking a Cut…op.cit.<br />

87 Il est à ce titre très étonnant de lire dans une publication de 2004 de l’un des principaux donateurs bilatéral, en<br />

l’occurrence la France que « la situation n’a guère évolué et certains donateurs pourraient décider d’inclure des<br />

conditionnalités à l’octroi de leur aide si la situation n’évoluait pas rapidement » (in <strong>Cambodge</strong> Actualités, juin<br />

2004, pp.2-3) alors même que la coupe et l’exportation de grumes sont devenues illégales depuis 2002 et que les<br />

pratiques décriées le sont depuis une dizaine d’années.<br />

88 Le Billon, « Logging in Muddy Waters… », art.cité

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