Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo
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intermédiaires et sous-traitants qui savent habilement jouer de ces divers répertoires. Depuis<br />
la privatisation des terres en 1989, coexistent pour la grande majorité des gens les diverses<br />
modalités de « l’économie de subsistance » qui comprend certes les mécanismes<br />
« traditionnels » de reconnaissance des droits et des biens, mais aussi des arrangements<br />
nouveaux avec des ententes tacites, des accords informels entre voisins et autorités locales,<br />
des reçus plus ou moins reconnus, modifiés, rayés, revalidés ; un contrôle communal ; et les<br />
règles du « marché », elles mêmes multiples incluant les pratiques très spécifiques – et pas<br />
toujours conformes aux lois du « marché » – des intérêts spéculatifs, des fermes<br />
commerciales, des concessions forestières et agricoles. Il va de soi que ces modes de contrôle<br />
des terres ne sont pas compatibles, ni même convergents et qu’ils donnent lieu à tensions,<br />
conflits, arrangements et négociations, toujours spécifiques, toujours révisables et qu’ils<br />
alimentent donc le manque d’homogénéité du système. Les différentes parties prenantes<br />
comprennent donc les titres fonciers différemment. Une question se pose avec acuité : qu’est-<br />
ce réellement qu’un titre ? Est-ce un titre octroyé par le pouvoir central au niveau national ?<br />
Un reçu obtenu au niveau local ? Un contrat écrit avec témoins ? Beaucoup ne saisissent pas<br />
les subtilités de la législation et des procédures à suivre, et même les gardiens de la loi (Cours<br />
et mécanismes de résolution des conflits) n’en ont pas une compréhension claire et cohérente,<br />
rendant son application problématique.<br />
Une deuxième source d’incohérence provient du désordre institutionnel, ou pour être plus<br />
précis des duplications et confusions des rôles entre les uns et les autres. Les acteurs<br />
effectivement impliqués dans l’attribution et la gestion des concessions sont en effet<br />
nombreux ; ce sont à la fois des individus et des institutions, à la fois des intervenants officiels<br />
et officieux, qui agissent selon des procédures formelles ou informelles. Sans avoir la<br />
certitude d’être exhaustif, on peut citer pêle-mêle le Premier ministre et pendant un temps les<br />
deux co-Premiers ministres, le ministre de l’Agriculture, le chef de la police, les gouverneurs,<br />
les généraux ou commandants, divers membres du gouvernement royal, principalement le<br />
premier ministre adjoint mais aussi le ministère des Finances, le ministère de l’Agriculture, de<br />
la forêt et de la pêche, l’armée et les différentes divisions et brigades militaires, certaines<br />
unités de la police, le ministère de la Gestion foncière, le ministère de l’Environnement, le<br />
ministère de l’Intérieur, le Cambodian Development Council (CDC), les autorités<br />
décentralisées… On comprendra que, dans ce paysage, les problèmes de coordination soient