24.06.2013 Views

Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo

Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo

Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

34<br />

d’affaires puissants qui exploitent indistinctement dans et hors de la concession 108 . Etant<br />

donné leur insertion sociale et politique, ils ont eu tout loisir de devenir quant à eux<br />

« rentables » en outrepassant toutes sortes de règles et de contrôles. Le <strong>concessionnaire</strong>,<br />

souvent un étranger, n’est donc pas l’acteur principal du système <strong>concessionnaire</strong>, encore<br />

moins celui qui contrôle, maîtrise et réglemente le processus ; l’ensemble de sous-traitants<br />

civils et militaires constitue le maillon central mais invisible de la chaîne d’exploitation<br />

forestière. Cette invisibilité concerne les contrats, les responsabilités, les planifications mais<br />

certainement pas la présence physique, encore moins la répartition des revenus financiers et le<br />

partage du pouvoir. En revanche, dans le cas de <strong>concessionnaire</strong>s cambodgiens, la coupure<br />

entre <strong>concessionnaire</strong>s et sous-traitants n’est plus du tout aussi rigide, les premiers étant<br />

financièrement, humainement, politiquement et socialement intimement liés aux seconds. Il<br />

est par exemple avéré que des membres de la fameuse brigade B70 (les gardes du corps de<br />

Hun Sen) ont été mis à disposition de Phea Pimex, société dirigée par Choeung Sopheap, dont<br />

on dit qu’elle est l’amie intime de la femme du Premier ministre. Mais le problème de la<br />

dilution des responsabilités et de l’incitation à l’illégalité demeure, parfois même exacerbé.<br />

On aboutit donc au paradoxe suivant : le système des concessions, mis précisément en place<br />

pour contrôler et introduire de l’ordre dans les coupes anarchiques, a été tellement transformé<br />

et adapté (« dévoyé » diraient les donateurs et les ONG) qu’il n’est désormais plus viable en<br />

raison de son incapacité à assurer une autorégulation. Par ailleurs, les <strong>concessionnaire</strong>s et les<br />

militaires ont désormais compromis leur position si bien qu’il ne leur reste plus qu’à se retirer<br />

ou à s’enfoncer davantage dans ces illégalismes. Mais contre toute attente, ce système perdure<br />

à la fois parce que les conditions de réussite de <strong>modèle</strong>s alternatifs de gestion (système des<br />

forêts communautaires ou implication plus massive de l’administration étatique) ne sont pas<br />

réunies et parce que d’importants intérêts partisans, politiques et sociaux trouvent dans le<br />

schéma actuel un excellent terrain de déploiement, favorisé par le processus en cours de<br />

privatisation à tout va.<br />

108 Bruce McKenney and Prom Tola, Natural Resources and Rural Livelihoods in Cambodia…op.cit.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!