Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo
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hier, de trouver une concession qui fonctionne selon ces canons stricts, y compris ou à<br />
commencer par les plus importantes d’entre elles ou celles détenues par des proches du<br />
pouvoir central 57 .<br />
Les illégalismes concernent enfin la définition même de la concession. Le nombre de<br />
concessions effectivement enregistrées, y compris lorsque l’on prend en compte dans ce<br />
calcul les concessions sans contrats, est relativement peu nombreux, variant selon les dates<br />
entre une quarantaine et une vingtaine. Une zone grise particulièrement importante,<br />
majoritaire dans le pays, abrite des concessions qui ne sont plus exploitées, des forêts à<br />
feuilles caduques, des zones sans demandes légales claires et donc sans gestion formelle<br />
explicite, des zones concédées illégalement. Ces forêts qui abritent des activités de production<br />
de charbon de bois, de collecte de bois de chauffe ou de résine font l’objet de tensions voire<br />
de conflits ouverts quant aux normes légales qui les régissent : au nom de droits traditionnels<br />
locaux, les populations « empiètent » ou « s’approprient » des terres considérées par les<br />
<strong>concessionnaire</strong>s comme leurs et considèrent inversement comme « illégales » les processus<br />
de « préemption » ou « d’accaparement » de terres par ces acteurs extérieurs 58 . Le système<br />
juridique actuel est incapable de gérer ces conflits de normes si bien que ces zones grises<br />
d’illégalité prolifèrent au niveau communal générant des redevances informelles versées aux<br />
chefs de commune et de village (redevances dont on ne sait si elles sont personnelles ou si<br />
elles sont destinées au parti) ainsi que des droits négociés par les détenteurs du pouvoir<br />
étatique à des fins privées, voire acquis par des menaces physiques. Ce système explique aussi<br />
l’absence, mentionnée plus haut, d’une gestion rationnelle et globale du secteur forestier et la<br />
primauté d’une vision politique et financière de court terme.<br />
Dans ces conditions, les mesures techniques d’amélioration du système <strong>concessionnaire</strong><br />
présentées plus haut ne peuvent qu’alimenter le processus d’adaptation, de contournement et<br />
de production d’illégalismes. Ce rôle ambigu des bailleurs de fonds n’est évidemment pas<br />
conscient mais les faits sont là : les critiques et la multiplicité des instruments de lutte contre<br />
les pratiques frauduleuses jouent comme autant d’incitations au déplacement de ces dernières<br />
et à l’approfondissement de leur caractère illégal et caché. Plus le système <strong>concessionnaire</strong><br />
devient complexe sous l’effet des pressions internationales et des tentatives concrètes<br />
57 La lecture des contrats et des courriers entre <strong>concessionnaire</strong>s et administrations est éloquente, de même que<br />
les réponses souvent cocasses de l’administration aux accusations des ONG, notamment de Global Witness.<br />
58 The Forest Sector in Cambodia...op.cit.