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Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo

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La pression extérieure ne peut atteindre ses objectifs que sous deux conditions : si les<br />

donateurs l’exercent de façon intense, soutenue, cohérente et permanente ; si les acteurs<br />

internes ont intérêt à une modification des instruments dont ils disposent ou s’ils perçoivent<br />

rapidement les modalités d’une adaptation facile et efficace. Tel a été le cas de la suppression<br />

des permis, effective et de leur remplacement d’autant plus facile par des concessions que<br />

ceux-ci présentaient de nombreuses dispositions susceptibles d’être contournées. Il va de soi<br />

que le système <strong>concessionnaire</strong> tel qu’il a été « dévoyé » ces dernières années au <strong>Cambodge</strong><br />

ne résulte pas de l’application directe des propositions ni même des conditionnalités posées<br />

par les bailleurs de fonds. Mais il a été involontairement favorisé par un certain nombre de<br />

leurs choix et de leurs a priori idéologique : le choix des donateurs pour l’équilibre<br />

budgétaire 92 et de façon générale la stabilité des « fondamentaux macroéconomiques », pour<br />

la libéralisation à tout prix, pour la privatisation et le partenariat public-privé ; la concurrence<br />

des bailleurs de fonds et leur partage du territoire en de multiples points d’intervention<br />

segmentés ; l’enracinement d’une « politique du remords » généralisée, c’est-à-dire d’un<br />

financement systématique mêlant aussi bien aide d’urgence, aide humanitaire, aide à<br />

l’ajustement et aide au développement sans véritables conditionnalités. Cependant, ce<br />

« dévoiement » du système <strong>concessionnaire</strong> ne peut se comprendre qu’en prenant en compte<br />

les jeux politiques et sociaux, et notamment les processus de coercition, de constitution d’une<br />

classe dominante et d’hégémonie politique.<br />

Irrationalité économique et primauté du politique<br />

La primauté du politique est la contrepartie de ce que l’on pourrait nommer une sorte<br />

d’irrationalité économique de la concession forestière : étant donné les circonstances et<br />

modalités de sa mise en œuvre concrète, la concession devient un choix économique peu<br />

rationnel ou du moins incapable de gérer la forêt selon les termes et surtout les objectifs<br />

définis préalablement par ses promoteurs. Cette irrationalité économique se mesure à la<br />

faiblesse des revenus tirés des concessions et des retombées en termes d’investissements alors<br />

92 En 2003, le FMI, par la voix de son représentant résident critique le rapport du PNUD (The Macroeconomics<br />

of Poverty Reduction in Cambodia) et réitère l’attachement de l’institution à la stabilité économique, la rigueur<br />

budgétaire. Voir R.P.Hagemann, « Higher Inflation, Larger Deficits Will not Reduce Poverty », The Cambodia<br />

Daily, April 23, 2003. En 2004 encore la Banque mondiale affirme que le <strong>Cambodge</strong> a fait des pas<br />

impressionnants dans les réformes depuis 1998 notamment en maintenant une stabilité macro-économique grâce<br />

à la discipline fiscale. Voir A Brief for the pre-CG Meeting, September 10, 2004, Phnom Penh, Overview on<br />

Governance, World Bank.

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