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Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo

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politiques cambodgiennes. De sorte que dès le début des années 1990, des rapports ont alerté<br />

l’opinion internationale sur le niveau de la coupe et la dégradation de la forêt ; une enquête<br />

publiée dans la Far Eastern Economic Review de 1992 souligne pour la première fois que les<br />

dommages de la décennie précédente étaient marginaux en comparaison de l’exploitation<br />

massive et totale du début de la décennie. Cette situation est directement liée à la préparation<br />

des élections de 1993 12 : la forêt devient une ressource fondamentale pour les trois principales<br />

parties, le PPC, le Funcinpec et les Khmers Rouges, en termes de revenus bien sûr, mais<br />

surtout en termes de contrôle du territoire et donc de population. Durant toute cette période, la<br />

seule réglementation en cours consiste en la possibilité, pour le ministère de l’Agriculture,<br />

d’octroyer par instruction du conseil des ministres de 1989, des concessions plus grandes que<br />

5 hectares pour les activités agricoles et sylvicoles. Aucune autre contrainte ne pèse alors sur<br />

l’Etat et ses administrations.<br />

Après les élections de 1993 et malgré la présence accrue des donateurs, les coupes<br />

incontrôlées continuent, stimulées par au moins trois décisions : tout d’abord, celle de juin<br />

1994 qui donne le contrôle des exportations de bois au ministère de la Défense, décision<br />

expliquée par la volonté de trouver des revenus à l’armée dans sa lutte contre les Khmers<br />

Rouges ; ensuite, la réintroduction des « permis » 13 , vieille pratique coloniale aux côtés du<br />

système des concessions privées ; enfin et surtout, la mise à disposition, par les deux co-<br />

Premiers ministres de l’époque, de terres à l’armée pour des raisons de sécurité. Les<br />

conséquences de cette dernière décision ont été massives puisque 5% du territoire<br />

cambodgien ont été ainsi concédés en juillet 1994 dans sept provinces et que parallèlement<br />

aux activités de « sécurisation », les militaires y ont largement exploité les ressources<br />

naturelles 14 . Mêmes si une fois la paix retrouvée une partie des paysans s’est à nouveau<br />

installée dans ces zones relativement riches, des officiers supérieurs de l’armée continuent<br />

jusqu’à ce jour à exploiter les terres, à les louer ou les concéder, souvent dans les zones<br />

forestières les plus riches.<br />

On peut même remonter plus avant dans l’histoire pour comprendre dans <strong>quel</strong> contexte et<br />

avec <strong>quel</strong>s acteurs en place les bailleurs de fonds ont tenté de rationaliser le système des<br />

12 Bruce McKenney and Prom Tola, Natural Resources and Rural Livelihoods in Cambodia…op.cit.<br />

13 Le “permis” consiste en l’octroi (par vente aux enchères ou de gré à gré) d’un volume fixe d’exploitation et<br />

commercialisation de bois sans nécessairement que soit délimitée une zone de coupe, contrairement à la<br />

concession.<br />

14 United Nations, Land Concessions for Economic Purposes in Cambodia, op.cit.

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