Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo
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requises soient nécessairement réunies, sans qu’un calendrier soit précisé. En l’absence d’une<br />
vision globale, cette gestion <strong>concessionnaire</strong> généralisée permet des dérives inquiétantes :<br />
poursuite du pillage des temples et des statues khmers ; absence d’inventaire et de cadastre ;<br />
désintérêt pour des sites considérés comme mineurs en termes d’attraction touristique mais<br />
qui se révèlent majeurs en termes d’approfondissement des connaissances historiques de<br />
l’empire khmer. Le développement anarchique de Siem Reap, qui n’est pas directement lié à<br />
la concession du site à APSARA et à la Sokimex, résulte cependant aussi de cette conception<br />
fragmentée, financière et de court terme du principal lieu touristique du pays. En effet, la<br />
gestion foncière urbaine est du strict ressort des autorités urbaines, sans concertation avec les<br />
entités spécialisées dans la gestion des sites archéologiques, et même en concurrence avec<br />
elles. Leur éviction de la gestion, et donc des retombées économiques directes de la richesse<br />
touristique, les incite à trouver ailleurs des ressources, notamment dans le développement peu<br />
regardant de l’hôtellerie et dans la spéculation foncière. Les autorités locales ont d’ailleurs<br />
refusé d’adopter un projet de réglementation urbaine élaboré et financé par l’AFD 192 . Le site<br />
d’Angkor fournit un très bel exemple du comportement volontairement partiel et partial des<br />
bailleurs de fonds face au système <strong>concessionnaire</strong> et, de façon plus générale, face aux<br />
réformes que, d’une manière ou d’une autre, ils soutiennent : malgré les développements<br />
dangereux et incertains décrits plus haut, ils continuent à s’en tenir aux discours, aux actions<br />
formelles et à l’autosatisfaction en forme de justification de leur mission. C’est ainsi que<br />
l’UNESCO vient de retirer les temples d’Angkor de la liste du patrimoine en danger en<br />
affirmant que « la préservation du site contre la destruction a été plutôt bien assurée et les<br />
opérations de restauration coordonnées par l’UNESCO depuis 1993 peuvent être considérées<br />
comme un succès » et en disant explicitement qu’il n’y avait à craindre « les fouilles illégales,<br />
les pillages et les mines 193 ».<br />
A <strong>quel</strong>ques kilomètres de là, le site de Phnom Kulem, première capitale de l’empire Khmer<br />
fondé au IXème siècle, a lui aussi été concédé… de façon beaucoup moins formalisée et<br />
contractualisée 194 . Le général Chea Man et un officier et député du PPC, Sieng Nam se sont<br />
appropriés ce site sacré au nom de leur action passée pour déminer la zone. Eux aussi ont fait<br />
appel à un autre privé, une société malaisienne, pour construire une route d’accès, moyennant<br />
192 Voir le rapport Ficatier, Postévaluation des projets AFD.<br />
193 Communiqué du patrimoine mondial, réunion du 28 juin – 7 juillet 2004 à Suzhou, RPC cité par<br />
A.M.Romero, « Angkor n’est plus en danger », Le Figaro, 8 juillet 2004.<br />
194 Entretiens et « Voir Angkor et la faire mourir. Danger : tourisme » in Paris Match, n°2861 du 17 au 24 mars<br />
2004