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Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo

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cette influence, les concessions conceptualisées et mises en place depuis longtemps pour les<br />

ressources naturelles ont été étendues aux infrastructures… dans une version <strong>quel</strong>que peu<br />

cambodgianisée du <strong>modèle</strong>. Les routes ont été mises en concession récemment : les routes<br />

frontalières avec le <strong>Cambodge</strong> et le Vietnam évoquées plus haut sont en cours de construction<br />

ou de projet ; mais la route n°4 reliant Phnom Penh à Sihanoukville est déjà en service.<br />

Construite par les Américains pendant la guerre du Vietnam et récemment réhabilitée par eux,<br />

elle a été octroyée pour 35 ans par le ministère des Travaux Publics et des Transports à la<br />

société AZ Distribution dirigée par Ing Bun Hov, un proche de Hun Sen. Comme dans<br />

n’importe <strong>quel</strong>le concession, le droit de péage, payé dans un premier temps par les seuls<br />

camions, doit permettre de financer son entretien ; le caractère étonnant et peu orthodoxe du<br />

montage vient du fait que la route n°4 est la seule route en bon état du pays 211 . Récemment<br />

aussi, Mong Reuthy, l’un des intérêts les plus puissants du <strong>Cambodge</strong>, a obtenu l’autorisation<br />

de la part de Hun Sen lui-même, de construire un port privé, avec sa propre douane, sa propre<br />

police, sa propre immigration, ses villas et ses commerces, à <strong>quel</strong>ques kilomètres seulement<br />

du port public de Sihanoukville, précisément pour échapper aux pesanteurs et à la cherté de ce<br />

dernier et pour créer un espace, privé, de compétitivité extérieure 212 . Depuis plus longtemps,<br />

les licences permettant la création et la gestion d’universités privées sont très strictement<br />

tenues par Sok An, le Premier ministre adjoint et véritable n°2 du régime, dénommé parmi<br />

beaucoup d’autres titres dont celui de Vishnu, « le baron de l’éducation 213 ». Il monopolise<br />

littéralement le secteur et c’est lui qui accorde, en dehors de toute démarche institutionnalisée,<br />

les licences, créant une véritable industrie privée de l’éducation supérieure de très mauvaise<br />

qualité. Dans une configuration plus orthodoxe, la gestion urbaine est largement organisée sur<br />

ce mode. La collecte des déchets urbains fait partie des domaines concédés : à Phnom Penh<br />

par exemple, CINTRI, <strong>concessionnaire</strong> canadien, est chargé pour 47 ans de gérer la collecte<br />

des déchets urbains de la ville. Mais cette orthodoxie a du mal à prendre 214 : en raison de la<br />

fragilité du contrat de concession qui demeure soumis au bon vouloir des autorités<br />

concédantes et en dépit d’un accord avec la compagnie nationale d’électricité pour le<br />

règlement des factures, CINTRI ne parvient pas à se faire payer ses prestations et accumule<br />

désormais plus de 2,5 millions de dollars de perte d’exploitation. Par ailleurs, les autorités<br />

municipales de la capitale ont affermé certaines redevances (droits quotidiens de place et de<br />

stationnement) sur les marchés centraux à des privés. Le cahier des charges prévoit de réaliser<br />

211 Fiche de synthèse : Les infrastructures routières au <strong>Cambodge</strong>, op.cit.<br />

212 Entretiens, Phnom Penh, octobre 2004 et visite du port près de Sihanoukville.<br />

213 Entretien, Phnom Penh, octobre 2004.<br />

214 <strong>Cambodge</strong> Actualités, Mission économique et financière, Ambassade de France à Phnom Penh, octobre 2003

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