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Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo

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uns et les autres s’accordant sur la nécessité de construire une base de pouvoir privée plutôt<br />

que de consolider des institutions étatiques indépendantes. L’instrument privilégié de cette<br />

conception spécifique du pouvoir a été et reste la concession. En dépit de toutes les réformes<br />

et des améliorations techniques évoquées plus haut, la fonction publique n’a aujourd’hui<br />

encore aucun pouvoir sur ces questions entièrement traitées en dehors du circuit<br />

bureaucratique. Cette modalité d’action ne peut être comprise en termes de corruption ou<br />

d’enrichissement privé permis par les connections politiques. Beaucoup plus<br />

fondamentalement, la concession a été une modalité parmi d’autres du renforcement de ce qui<br />

est souvent nommé le « clientélisme partisan », que l’on pourrait qualifier avec plus de<br />

précision de processus d’élargissement de la base sociale du pouvoir central ; elle a également<br />

permis l’érosion de ce que la communauté internationale nomme « la gouvernance formelle »<br />

au profit d’un mode de gouvernement beaucoup plus fluide, passant par des intermédiaires<br />

privés.<br />

Dans un second temps, qui a démarré avec le coup d’Etat de 1997 et qui court toujours, le<br />

système des concessions a assis la domination du PPC et de son leader. Une fois les bases<br />

militaires du Funcinpec anéanties, le PPC s’est attelé à saper ses bases matérielles 114 . La<br />

gestion de l’octroi des concessions et la régulation informelle de celles-ci ont contribué au<br />

renforcement d’un processus de concentration et de centralisation autour de Hun Sen et de son<br />

bras droit, Sok An. Malgré la part importante des initiatives locales, le processus de<br />

monopolisation par les réseaux PPC a été rendu possible par le quadrillage systématique des<br />

régions par le parti de Hun Sen et par la loyauté des principaux généraux et commandants de<br />

la police et de l’armée à son égard 115 .<br />

Dans ce processus de délégation, de privatisation et de régulation politique, le rôle des<br />

étrangers s’est toujours révélé important. D’après un des rares documents récapitulatifs fourni<br />

par l’administration cambodgienne 116 , document à manier avec précaution étant donné<br />

114 Entretien, S.Heder, Phnom Penh, octobre 2004 ainsi que les parties ci-dessus J.F.Bayart, « Le royaume<br />

<strong>concessionnaire</strong> » et R.Bertrand, « Le carnaval démocratique », supra.<br />

115 Voir R.Marchal, « D’un pouvoir militaire à un pouvoir policier », supra.<br />

116 Il s’agit d’un document du Cambodian Investment Board, Projects by sector approved from 1.08.1994<br />

through 30.06.2003. Selon des calculs personnels, 28,7% des concessions auraient été octroyées à des sociétés<br />

dont le capital appartient à 100% à des Cambodgiens, 48% à des associations entre étrangers et Cambodgiens et<br />

23,3% à des étrangers seuls. Parmi ceux-ci, ce sont les Taïwanais et les Chinois qui sont les plus nombreux. Il<br />

faut cependant noter que les concessions octroyées avant 1994, en très grand nombre, ne sont pas comptabilisées<br />

et qu’il est probable que le pourcentage de concessions concédées à des étrangers ait été encore supérieur étant<br />

donné le contexte politique et économique de l’époque.

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