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Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo

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2<br />

secteur forestier, les pages qui suivent ont pour objet de mettre en évidence les<br />

compréhensions, les contraintes, les trajectoires historiques et les comportements qui<br />

transforment une technique de gestion en une machine à production de l’inégalité, à<br />

renforcement de la domination politique, et à perpétuation de la violence. Elles entendent dès<br />

lors souligner les ambivalences et souvent les contresens que peuvent prendre les expériences<br />

de partenariats public/privé dans des contextes politiquement instables et conflictuels, mis en<br />

œuvre par des Etats largement privatisés et des <strong>concessionnaire</strong>s privés fortement publicisés.<br />

L’échec sous-estimé du <strong>modèle</strong> de la concession forestière<br />

L’échec des concessions forestières est désormais mesuré à l’aune de nombreux indicateurs.<br />

Des présentations chocs permettent d’en prendre la mesure : au moins 10 millions de m3 de<br />

bois, représentant une valeur de 2,4 milliards de dollars auraient été exportés du <strong>Cambodge</strong><br />

entre 1989 et 2001 ne générant que 120 M$ pour le trésor public ; la couverture forestière<br />

serait passée de 73,6% en 1958 à 75,8% en 1975, 67,2% en 1986, 65,9% ou 58% en 1993,<br />

52,9% en 1997 et probablement moins de 50% aujourd’hui 2 . Alors que la forêt constitue la<br />

première ressource du pays et que les concessions ont le plus souvent été accordées à des<br />

étrangers précisément pour renforcer l’extraversion du secteur, son poids dans l’ensemble des<br />

exportations était presque nul au moment où le moratoire des coupes et de l’exportation était<br />

décidé : en 2002, le bois et le caoutchouc n’ont fourni que 56 M$ à l’export contre 1300 M$<br />

pour le textile et sur un total de 1600 M$, soit à peine 3,5%. Or tous ces résultats ont été<br />

obtenus alors même que le gouvernement octroyait des concessions dans des proportions<br />

étonnamment élevées : entre 1993 et 1999, un tiers du territoire le plus productif a été concédé<br />

à des entreprises privées pour le développement économique, très majoritairement dans le<br />

domaine forestier 3 .<br />

2 Cité par P.Le Billon, « Logging in Muddy Waters. The Politics of Forest Exploitation in Cambodia », (pp.563-<br />

586), Critical Asian Studies, vol.34 n°4, 2002. Toutes ces estimations sont aléatoires étant donné d’une part,<br />

l’importance des coupes illégales et des activités non enregistrées et de l’autre, l’absence de photos satellites<br />

permettant un suivi précis de la ressource forestière.<br />

3 Les autres secteurs concernés sont l’agriculture, les mines, le tourisme et la pêche. Voir United Nations, Land<br />

Concessions for Economic Purposes in Cambodia, Phnom Penh, Cambodia Office of the High Commissioner<br />

for Human Rights, November 2004.

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