Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo
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contournement se sont adaptées a posteriori à une législation considérée comme négative ou<br />
du moins problématique pour les <strong>concessionnaire</strong>s. C’est ainsi que les études de faisabilité<br />
environnementales et sociales désormais obligatoires avant tout démarrage d’une exploitation<br />
ont été de facto déléguées aux fonctionnaires du ministère de l’Agriculture, les sociétés<br />
<strong>concessionnaire</strong>s n’ayant souvent ni les moyens et les compétences, ni la volonté de s’investir<br />
dans un tel travail et cette délégation s’avérant le plus souvent formelle et aboutissant quoi<br />
qu’il en soit toujours à un avis favorable 68 .<br />
Avec le moratoire, le système des compensations mis en place par les intermédiaires<br />
politiques cambodgiens constitue une nouvelle tactique dans cette stratégie sans fin de fuite en<br />
avant et de contournement de la contrainte extérieure. Le rôle de ces intermédiaires dans le<br />
système des concessions était et demeure fondamental puisque c’est par eux que s’obtiennent<br />
et surtout se négocient les termes du contrat (écrit ou non) de la concession forestière et par la<br />
suite les termes de son exploitation. Le moratoire avait donc également comme effet<br />
recherché, pour cause de bonne gouvernance, la fin de ces activités onéreuses et sources<br />
d’inefficiences. La nécessité faisant loi, les intermédiaires ont inventé une autre source de<br />
financement autour des concessions forestières : la compensation, ce mécanisme ayant le<br />
triple avantage de bénéficier aux intermédiaires qui le négocient, aux <strong>concessionnaire</strong>s qui<br />
s’inventent une nouvelle activité et aux principaux acteur du pouvoir central qui y trouvent<br />
une source de financement. La compensation s’effectue en effet d’une part entre les royalties<br />
non payées et la dette étatique envers les entreprises privées et, de l’autre, entre les manques à<br />
gagner des compagnies <strong>concessionnaire</strong>s (liées aux annulations de contrat ou au moratoire) et<br />
les possibilités d’exploitation illégales. Comme le montrent les derniers rapports sur ce<br />
secteur, les coupes continuent en effet, malgré le moratoire sans que les autorités ne prennent<br />
de sanction contre les principaux acteurs de cette exploitation, à commencer par les<br />
militaires 69 . Un audit du FMI l’a mis en évidence, ces opérations de compensation constituent<br />
réellement une politique, approuvée par le Premier ministre et souvent décidée<br />
personnellement par lui 70 .<br />
68 Entretiens, Phnom Penh, octobre 2004.<br />
69 Global Witness, Taking a Cut… op.cit. ; United Nations, , Land Concessions for Economic Purposes in<br />
Cambodia ,op.cit. ; The Forest Sector in Cambodia...op.cit<br />
70 Expertise confidentielle du FMI et analyse critique de celle-ci par des membres d’ONG spécialisées dans<br />
l’environnement.