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Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo

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nouvelles et en engageant des réformes de concert avec elle ; de l’autre, le principe de<br />

souveraineté du pays se devait d’être respecté pour des décisions telles que le choix d’un<br />

prestataire de service du gouvernement. En réponse aux questions d’un expert à propos de la<br />

poursuite des coupes et notamment de l’instrumentalisation des concessions agricoles à cette<br />

fin, la Banque mondiale a pu affirmer, par son vice-Président, qu’elle faisait un excellent<br />

travail et que quoi qu’il en soit cette activité n’entrait « pas dans les conditions de<br />

l’ajustement structurel » 89 ! Depuis les années 2000 au moins, elle allie sans états d’âmes<br />

critiques virulentes contre la corruption et distanciation extrême vis-à-vis des problèmes<br />

concrets de suivi des réformes qu’elle avait préalablement favorisées. Les conditionnalités sur<br />

la forêt ne portent ainsi que sur une exigence assez floue de « réforme générale de la politique<br />

foncière » sans s’aventurer à exiger une revue publique de l’état des lieux de la situation ou<br />

une analyse détaillée de chacune des concessions octroyées. L’épisode des paysans qui<br />

avaient en vain tenté d’obtenir auprès de la Banque mondiale les plans forestiers concernant<br />

leur village est plus troublant encore 90 ; il prouve qu’une institution internationale qui prône<br />

transparence et bonne gouvernance peut parfaitement et consciemment participer aux<br />

pratiques hétérodoxes dénoncées. Il en va évidemment de même pour les institutions<br />

nationales qui, malgré leurs critiques souvent acerbes et crues face au régime cambodgien, ne<br />

manquent pas, le moment voulu, de trouver d’excellents arguments pour continuer à décaisser<br />

l’aide prévue. Ainsi, en juin 2003, la coopération française pouvait terminer une analyse<br />

centrée sur l’aide au <strong>Cambodge</strong> par ces mots :<br />

« Les évolutions se comptabilisent, quoi qu’en disent certains. La loi pour lutter<br />

contre la corruption et celle sur les investissements ont été votées par<br />

l’Assemblée Nationale * et de nouvelles dispositions budgétaires et fiscales ont<br />

été adoptées. Les bailleurs de fonds, à l’unanimité, reconnaissent volontiers les<br />

progrès accomplis depuis 1998. Les plus hauts responsables du <strong>Cambodge</strong> sont<br />

conscients des travaux qu’il reste à accomplir et s’y emploient. Le dossier<br />

d’adhésion à l’OMC en est une preuve tangible. Qui veut voyager loin ménage<br />

sa monture ! (Jean Racine – Les Plaideurs) 91 ».<br />

89<br />

Lettre de la Banque mondiale (Jemal ud-din Kassum, vice- président) en réponse à questions de M.Russell<br />

Peterson, NGO Forum on Cambodia<br />

90<br />

Sur cet épisode, entretiens, Phnom Penh, octobre 2004 et The Cambodian Daily, 12 novembre 2002<br />

*<br />

Cette information est fausse puisque la loi sur la lutte contre la corruption n’est toujours pas passée. On voit ici<br />

une autre procédure : prendre des effets d’annonce pour la réalité.<br />

91<br />

<strong>Cambodge</strong> Actualités, Mission économique et financière, Ambassade de France à Phnom Penh, juin 2003,<br />

citation p.1

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