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Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo

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Là encore, cet exemple de concession suggère que la part d’illégal voire de délictueux n’en<br />

est pas absente, les dernières phrases laissant entendre qu’est demandée une autorisation<br />

d’exploitation illégale du bois ; mais simultanément la rhétorique des bailleurs de fonds est<br />

pleinement intégrée par ceux qui ne cessent d’en violer les règles et les principes directeurs.<br />

Last but not least, le développement lui-même est organisé, depuis le mandat de l’ONU et<br />

l’arrivée massive des institutions internationales, sous le mode <strong>concessionnaire</strong>. Qu’il s’agisse<br />

des bailleurs de fonds bi- et multilatéraux, des ONG ou de ladite société civile, les<br />

caractéristiques majeures de cette présence étrangère sont la fragmentation et<br />

l’autonomisation. Ce processus résulte d’abord du caractère massif de l’aide et du nombre<br />

extrêmement élevé des intervenants : tous les bailleurs de fonds internationaux et nationaux<br />

sont présent au <strong>Cambodge</strong> ainsi que plus de 150 sociétés internationales de consultance et<br />

plusieurs centaines de sociétés de droit cambodgien, souvent plus virtuelles que réelles<br />

puisqu’elles existent avant tout pour répondre à la règle du correspondant sur place 205 et<br />

plusieurs milliers d’ONG. Il a fallu attendre 2004 pour que les donateurs décident de se<br />

coordonner et créent un comité de planification entre eux et le gouvernement. Mais cette<br />

coordination se traduit paradoxalement par une segmentation accrue des interventions dans la<br />

mesure où chacun des bailleurs « dirige » un secteur d’activité et se spécialise pour ainsi dire<br />

dans une approche ou un thème 206 . Il n’y a harmonisation ni des procédures d’appel d’offre, ni<br />

des mécanismes de décaissement, ni des critères d’évaluation entre les bailleurs de fonds 207 .<br />

La formation fournie par les acteurs extérieurs est définie par les donateurs et les ONG selon<br />

leurs propres termes de référence ; elle est en outre orientée sur la conduite de projets, non sur<br />

la fourniture de compétences aux fonctionnaires cambodgiens pour qu’ils puissent mener à<br />

bien leur mission de service public 208 , discuter et proposer une appréciation critique et<br />

autonome des propositions faites par les bailleurs 209 . Face à l’incapacité technique, humaine et<br />

financière des services administratifs à choisir, sélectionner, évaluer, examiner de façon<br />

critique et à émettre des avis sur la pertinence de ces propositions, on comprend que sans que<br />

cela ne résulte forcément d’une stratégie planifiée à l’avance, le développement soit in fine<br />

délégué par la bureaucratie cambodgienne à ces intervenants trop nombreux et trop contents<br />

205 <strong>Cambodge</strong> Actualités, mai 2004.<br />

206 Par exemple, lors du dernier comité entre les donateurs et le gouvernement, en septembre et décembre 2004,<br />

le FMI s’est occupé des finances publiques, la banque mondiale de la gouvernance, le Japon de la corruption, la<br />

Banque asiatique de développement du secteur privé, la France des réformes juridiques et judiciaires, le PNUD<br />

de la décentralisation et de la réforme de l’administration publique, l’Australie du partenariat avec les donateurs.<br />

207 World Bank, Country Procurement Assessment Report, June 2003 (last draft)<br />

208 <strong>Cambodge</strong> Actualités, mars 2004.<br />

209 Entretiens, Phnom Penh, octobre 2004.

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