Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo
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travers des prête-noms et l’implication de proches, voire directement, à travers aussi l’octroi<br />
de permis de pêche à des individuels ou à des groupes d’individus contre redevance<br />
informelle ou partage des recettes de la pêche. Ce partage se réalise parfois avec des militaires<br />
qui offrent en contrepartie de la protection ; inversement, des militaires ou des groupes armés<br />
qui contrôlent une zone peuvent exiger de l’argent du <strong>concessionnaire</strong> pour qu’il puisse<br />
exploiter en toute tranquillité les eaux concédées. La pêche s’avère donc aussi un lieu<br />
d’expression de la violence et pas uniquement en raison de la présence des militaires : les<br />
pêcheurs individuels par exemple sont souvent contraints par des propriétaires de lots, alliés à<br />
des intérêts politiques locaux, de passer des arrangements informels. On assiste aux mêmes<br />
dérives, aux mêmes fuites en avant, aux mêmes cercles vicieux liant améliorations techniques<br />
et stratégies de contournement bien qu’elle soient atténuées par la moindre importance<br />
économique et financière de la pêche : le problème des droits effectifs de l’accès sûr des petits<br />
pêcheurs aux zones ouvertes n’est toujours pas résolu ; les pêcheurs individuels comme les<br />
grands <strong>concessionnaire</strong>s perpétuent les pratiques illégales et destructives des ressources<br />
halieutiques, dans les eaux publiques aussi bien que dans les lots ; le système des concessions<br />
continue à s’étendre, malgré l’arrêt officiel de cette politique ; des zones d’accès ouvert sont<br />
vendues illégalement, souvent par des militaires, des représentants des autorités locales et les<br />
<strong>concessionnaire</strong>s eux-mêmes ; il existe du braconnage dans presque toutes les concessions ;<br />
des voies de passage sont fermées si bien que les locaux doivent payer une taxe pour traverser<br />
les concessions et poursuivre leurs activités.<br />
Cette forme de délégation au privé concerne bien évidemment aussi les mines et les carrières<br />
de pierres, de sable et de matériaux de constructions. Les secondes concernent des zones<br />
relativement petites et font l’objet d’un même type de gestion en l’absence totale de contrôle<br />
sur les carrières concédées 185 . Les informations concernant les premières sont plus riches et<br />
laissent entrevoir des caractéristiques plus précises de cette application du <strong>modèle</strong><br />
<strong>concessionnaire</strong>. En 2004, une vingtaine de dépôts d’or étaient identifiés au <strong>Cambodge</strong> et au<br />
moins six licences d’exploration ont été à nouveau octroyées entre mars et juillet 2004.<br />
Comme pour les forêts, il est frappant de noter la prégnance des modes de gouvernement<br />
violents et producteurs d’inégalité passant par des pratiques illégales indissociables du <strong>modèle</strong><br />
de la concession 186 . Depuis juillet 2001, date de promulgation de la loi réglementant les<br />
activités minières, les mines sont théoriquement considérées comme illégales si elles n’ont<br />
185 United Nations, Land Concessions for Economic Purposes in Cambodia, op.cit.<br />
186 Oxfam America, Small-scale gold mining in Cambodia, July 2004