Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo
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années de la décennie 1990 98 ; le nombre exact de concessions est plus aléatoire encore, mais<br />
il semblerait qu’il soit passé de plus d’une quarantaine à moins d’une vingtaine 99 . Le<br />
processus d’annulation, qui s’est accéléré depuis 1999, s’explique principalement par<br />
l’épuisement des forêts et le désintérêt concomitant des <strong>concessionnaire</strong>s étrangers qui partent<br />
et sont difficilement remplacés 100 . Seuls des partenaires peu regardants (sur les conditions<br />
d’exploitation, sur le respect des textes et des règles en vigueur) peuvent être intéressés. De<br />
fait, un nombre croissant de concessions n’est aujourd’hui plus exploité 101 .<br />
L’incapacité des autorités cambodgiennes à attirer des forestiers professionnels est donc un<br />
élément fondamental du cercle vicieux décrit ici, fait d’absence de rentabilité à long terme,<br />
d’incitation aux pratiques illégales et, de façon générale, à la violation des règles, des normes<br />
et des législations. Le gouvernement admet que seules deux concessions ont été octroyées à<br />
des compagnies compétentes et professionnelles 102 . Mais on peut douter de la pertinence de ce<br />
malheureux chiffre puisque les experts compétents du secteur notent que ces deux sociétés<br />
travaillent très largement dans l’illégalité, la première étant en outre connue pour sa violation<br />
systématique des droits de l’Homme et la seconde pour ses activités… dans la banque et<br />
l’immobilier 103 . Sans même parler des <strong>concessionnaire</strong>s locaux, les compagnies étrangères qui<br />
ont investi au <strong>Cambodge</strong> sont des entreprises prédatrices et rentières, impliquées dans la<br />
déforestation en Indonésie et en Malaisie, à l’instar de Indah Kiat, compagnie indonésienne<br />
pourtant financée par de grandes banques internationales, ou bien des entreprises non<br />
spécialisées qui entendent faire rapidement des profits dans le secteur forestier pour les<br />
réinvestir ailleurs 104 . Plusieurs faits et comportements attestent de ce manque de<br />
professionnalisme entre autres explicatif de la faible rentabilité formelle des concessions.<br />
Tout d’abord l’importance des difficultés financières et de l’endettement des compagnies<br />
<strong>concessionnaire</strong>s 105 : après avoir réalisé d’énormes profits les premières années d’exploitation,<br />
la majorité d’entre elles est désormais dans une situation délicate, avec des investissements<br />
réalisés bien inférieurs à ceux initialement prévus, une dette en forte croissance malgré le non<br />
98 United Nations, Land Concessions for Economic Purposes in Cambodia, op.cit.<br />
99 Ces chiffres ne comprennent pas les zones de développement militaires ce qui souligne encore davantage la<br />
perte d’attraction des concessions en termes de logique économique et financière.<br />
100 Bruce McKenney and Prom Tola, Natural Resources and Rural Livelihoods in Cambodia…op.cit.<br />
101 Entretiens, Phnom Penh, octobre 2004<br />
102 Bruce McKenney and Prom Tola, Natural Resources and Rural Livelihoods in Cambodia…op.cit..<br />
103 Global Witness, Corruption, War & Forest Policy… op.cit. ainsi que des entretiens, Phnom Penh, octobre<br />
2004<br />
104 Documents internes de Global Witness ainsi que Bruce McKenney and Prom Tola, Natural Resources and<br />
Rural Livelihoods in Cambodia…op.cit.<br />
105 The Forest Sector in Cambodia...op.cit.