24.06.2013 Views

Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo

Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo

Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

32<br />

années de la décennie 1990 98 ; le nombre exact de concessions est plus aléatoire encore, mais<br />

il semblerait qu’il soit passé de plus d’une quarantaine à moins d’une vingtaine 99 . Le<br />

processus d’annulation, qui s’est accéléré depuis 1999, s’explique principalement par<br />

l’épuisement des forêts et le désintérêt concomitant des <strong>concessionnaire</strong>s étrangers qui partent<br />

et sont difficilement remplacés 100 . Seuls des partenaires peu regardants (sur les conditions<br />

d’exploitation, sur le respect des textes et des règles en vigueur) peuvent être intéressés. De<br />

fait, un nombre croissant de concessions n’est aujourd’hui plus exploité 101 .<br />

L’incapacité des autorités cambodgiennes à attirer des forestiers professionnels est donc un<br />

élément fondamental du cercle vicieux décrit ici, fait d’absence de rentabilité à long terme,<br />

d’incitation aux pratiques illégales et, de façon générale, à la violation des règles, des normes<br />

et des législations. Le gouvernement admet que seules deux concessions ont été octroyées à<br />

des compagnies compétentes et professionnelles 102 . Mais on peut douter de la pertinence de ce<br />

malheureux chiffre puisque les experts compétents du secteur notent que ces deux sociétés<br />

travaillent très largement dans l’illégalité, la première étant en outre connue pour sa violation<br />

systématique des droits de l’Homme et la seconde pour ses activités… dans la banque et<br />

l’immobilier 103 . Sans même parler des <strong>concessionnaire</strong>s locaux, les compagnies étrangères qui<br />

ont investi au <strong>Cambodge</strong> sont des entreprises prédatrices et rentières, impliquées dans la<br />

déforestation en Indonésie et en Malaisie, à l’instar de Indah Kiat, compagnie indonésienne<br />

pourtant financée par de grandes banques internationales, ou bien des entreprises non<br />

spécialisées qui entendent faire rapidement des profits dans le secteur forestier pour les<br />

réinvestir ailleurs 104 . Plusieurs faits et comportements attestent de ce manque de<br />

professionnalisme entre autres explicatif de la faible rentabilité formelle des concessions.<br />

Tout d’abord l’importance des difficultés financières et de l’endettement des compagnies<br />

<strong>concessionnaire</strong>s 105 : après avoir réalisé d’énormes profits les premières années d’exploitation,<br />

la majorité d’entre elles est désormais dans une situation délicate, avec des investissements<br />

réalisés bien inférieurs à ceux initialement prévus, une dette en forte croissance malgré le non<br />

98 United Nations, Land Concessions for Economic Purposes in Cambodia, op.cit.<br />

99 Ces chiffres ne comprennent pas les zones de développement militaires ce qui souligne encore davantage la<br />

perte d’attraction des concessions en termes de logique économique et financière.<br />

100 Bruce McKenney and Prom Tola, Natural Resources and Rural Livelihoods in Cambodia…op.cit.<br />

101 Entretiens, Phnom Penh, octobre 2004<br />

102 Bruce McKenney and Prom Tola, Natural Resources and Rural Livelihoods in Cambodia…op.cit..<br />

103 Global Witness, Corruption, War & Forest Policy… op.cit. ainsi que des entretiens, Phnom Penh, octobre<br />

2004<br />

104 Documents internes de Global Witness ainsi que Bruce McKenney and Prom Tola, Natural Resources and<br />

Rural Livelihoods in Cambodia…op.cit.<br />

105 The Forest Sector in Cambodia...op.cit.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!