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Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo

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13<br />

également d’une autre « tare » étatique, à savoir l’extrême politisation de l’administration et la<br />

concurrence entre ministères, entre départements et au sein de ceux-ci 40 . C’est ce qui<br />

permettrait également de comprendre pourquoi un ministère clé comme le ministère des<br />

Finances ne détiendrait pas les détails exacts des dossiers, et parfois même n’en aurait aucune<br />

connaissance en dépit de l’objectif financier du système des concessions. Il est alors aisé de<br />

saisir pourquoi, dans ce contexte, les différentes restructurations administratives concernant<br />

l’activité forestière n’ont donné que peu de résultats en termes de conception, de gestion et de<br />

capacité de régulation de l’administration cambodgienne, malgré l’expertise et les<br />

financements internationaux. Par ailleurs, pour expliquer la quasi-inexistence de politique et<br />

de gestion forestières, les conditions matérielles de l’administration ne peuvent être sous-<br />

estimées : absence de compétences du fait de l’histoire politique et sociale du <strong>Cambodge</strong> mais<br />

aussi de la politique salariale 41 ; insuffisance des qualifications et des rémunérations du<br />

personnel ; inexistence des moyens de fonctionnement des administrations centrales et<br />

régionales 42 … Dans ces conditions, le contrôle administratif sur les pratiques légales et<br />

illégales des <strong>concessionnaire</strong>s se révèle impossible et, de fait, il n’existe pas. Aux incapacités<br />

étatiques, s’ajoutent l’isolement des zones forestières, la nature des compagnies<br />

<strong>concessionnaire</strong>s et de leurs sous-traitants ainsi que l’implication des politiques et des<br />

militaires dans la gestion de la forêt. En outre, les orientations économiques et financières<br />

issues de ce type de gestion inspiré des bailleurs de fonds ou des <strong>concessionnaire</strong>s eux-mêmes<br />

ne peuvent jamais être menées à leur terme du fait de « perturbations » politiques et sociales 43 .<br />

Par exemple, le parti pris pour un accroissement de la valeur ajoutée nationale par obligation<br />

d’investir dans la transformation a finalement abouti à l’existence d’éléphants blancs et de<br />

scieries « ayant toujours faim » et donc à l’intensification des coupes illégales : l’absence<br />

d’une réflexion plus globale sur les possibilités de gestion, sur les contraintes physiques,<br />

techniques et économiques de l’exploitation ainsi que sur la nature des intervenants forestiers<br />

expliquent cet enchaînement non vertueux. De même, l’obsession financière et l’orientation<br />

exportatrice qui en a découlé ont conduit les autorités à négliger la demande intérieure, à<br />

occulter l’importance des produits de la forêt autres que les grumes et à sous-estimer la<br />

complexité des relations entre ressources naturelles et populations locales précisément parce<br />

40<br />

Il faut rappeler que tous les ministères sont dédoublés pour faire cohabiter membres du PPC et membres du<br />

Funcinpec.<br />

41<br />

Les fonctionnaires de base ne reçoivent que 20 $/mois, les chefs de service environ 40 $/mois et les directeurs<br />

<strong>quel</strong>ques centaines qui sont de toutes façons insuffisantes pour vivre « convenablement » à Phnom Penh, c’est-àdire<br />

en accord avec le standing de leur fonction.<br />

42<br />

UNDP Cambodia, Case study on Public Administration and Civil Service Reform, 10 October 2003<br />

43 The Forest Sector in Cambodia...op.cit.

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