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Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo

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biodiversité et bien sûr la corruption, sans intégrer dans leur raisonnement la profondeur<br />

sociologique et politique des « insuffisances », des « dévoiements » et des « blocages »<br />

dénoncés. Cette vision techniciste des concessions, un kit apolitique à perfectionner par des<br />

mesures toujours plus précises et étroitement encadrées, ne prend en effet pas du tout en<br />

compte les modes de gouvernement très spécifiques au <strong>Cambodge</strong>. Plus précisément, elle<br />

considère ces spécificités non pour ce qu’elles sont, c’est-à-dire une manière à part entière<br />

d’être et d’agir en politique, mais pour des lacunes, des imperfections, des errements qu’il<br />

serait précisément possible de corriger par des mesures toujours plus fines et englobantes. Elle<br />

ne pose pas la question de la pertinence de l’organisation <strong>concessionnaire</strong> au <strong>Cambodge</strong>,<br />

encore moins celle de sa signification exacte dans le contexte politique et social actuel. De ce<br />

fait aussi, les mesures préconisées, les tentatives d’améliorations et même les transformations<br />

réellement mises en œuvre ne modifient pas radicalement le système des concessions. En<br />

effet, celui-ci est caractérisé par deux particularités majeures, que l’on retrouve massivement<br />

dans d’autres configurations bien qu’elles ne soient jamais prises en compte par les bailleurs<br />

de fonds comme partie constituante de l’économie cambodgienne : d’une part, la force et la<br />

perpétuation du couple concession/illégalismes et, d’autre part, une capacité inégalée à<br />

trouver des moyens de contournement et à perpétuer un système « incomplet » et<br />

« corrompu ».<br />

Au <strong>Cambodge</strong>, la concession est inséparable des coupes et des pratiques illégales. Quelques<br />

faits et chiffres pour s’en convaincre, qu’il faut prendre avec précaution étant donné la nature<br />

des activités en question, mais qui sont des ordres de grandeur convaincants.<br />

Selon une étude de la Banque mondiale de 1997, seuls 6 à 8% de l’exploitation forestière<br />

auraient été menés dans la légalité dans les années 1990, sur un volume évalué entre 3,2 et 4,3<br />

millions de m3 50 . L’intensité des coupes illégales aurait été exceptionnellement forte jusqu’en<br />

1999 exactement, date à partir de la<strong>quel</strong>le la fraude aurait diminué sous l’effet conjugué des<br />

mesures prises pour lutter contre le phénomène, de la pression internationale et du temps<br />

d’adaptation des acteurs impliqués dans le trafic. En effet, dès 2001 ou 2002, malgré ou à<br />

cause du moratoire, les activités illégales semblent avoir à nouveau repris de façon<br />

consistante, dans d’autres régions et selon de nouvelles procédures, pour atteindre à nouveau<br />

50 DAI, Findings and Recommendations of the Log Monitoring and Logging Control Project – Main Report,<br />

Phnom Penh, Final Report, 1998.

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