Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo
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de concession et notamment le recours systématique aux sous-traitants est également source<br />
de lacunes en ce domaine et il est extrêmement difficile de savoir qui exploite quoi et surtout<br />
qui est responsable de quoi. Le problème de l’information est cependant surtout celui de la<br />
gestion du secret et de l’opacité. Près d’un tiers des contrats de concession agricole ne<br />
mentionne officiellement pas l’objet de leur exploitation et on ne connaît pas la nationalité de<br />
plus de 50% des <strong>concessionnaire</strong>s 139 : l’ampleur de ces inconnues suggère que l’ignorance est<br />
construite à des fins de contournement des contraintes extérieures et d’exercice du pouvoir.<br />
Le gouvernement n’a ainsi jamais cessé d’octroyer des concessions malgré les interdictions<br />
successives d’exportation 140 mais pour ce faire, la concession a été accordée sans référence à<br />
l’Assemblée nationale, aux ministres concernés, aux autorités locales, en contravention avec<br />
la Constitution cambodgienne donc et souvent sans que les bénéficiaires ne soient<br />
officiellement connus. Le secteur forestier est incontestablement un secteur où le secret<br />
domine, où rien n’est connu avec certitude en raison précisément de sa signification politique,<br />
du potentiel conflictuel de ses modalités de gestion et de l’intensité d’un regard extérieur<br />
intrusif et réformateur. Cette centralité du secret est d’ailleurs revendiquée assez ouvertement.<br />
Alors que les <strong>concessionnaire</strong>s justifient la rétention d’information au nom de l’ignorance et<br />
de potentielles instrumentalisations malveillantes, le gouvernement défend le « devoir de<br />
confidentialité » vis-à-vis des <strong>concessionnaire</strong>s. Il n’existe d’ailleurs pas de loi réglementant<br />
l’accès à l’information et certaines d’entre elles, élémentaires, par exemple les données sur<br />
l’actionnariat des compagnies concessions, leurs maisons mères ou leurs entreprises<br />
associées, ne sont pas libres d’accès 141 .<br />
Un processus de centralisation par épanouissement des forces centrifuges<br />
Ces <strong>quel</strong>ques explications et le fait que les compagnies <strong>concessionnaire</strong>s les plus puissantes et<br />
les plus proches du pouvoir central ne paient pas de redevances, souffrent des mêmes<br />
imprécisions et fassent ainsi l’objet de conflits (comme c’est le cas pour la nébuleuse Phea<br />
Pimex 142 , pour les groupes Sokimex 143 et Mong Reuthy 144 ou pour les zones militaires)<br />
139<br />
Calculs personnels à partir de l’annexe 3 du rapport United Nations, Land Concessions for Economic<br />
Purposes in Cambodia, op.cit.<br />
140<br />
Global Witness, Corruption, War & Forest Policy… op.cit.<br />
141<br />
United Nations, Land Concessions for Economic Purposes in Cambodia, op.cit.<br />
142<br />
Dont les propriétaires sont Choeung Sopheap et son mari, des proches de Mme Hun Sen<br />
143<br />
Dont le propriétaire est Sok Kong, Khmero-vietnamien très proche de Hun Sen, qui a en outre le monopole de<br />
la fourniture en matériel de l’armée ; c’est également la principale compagnie pétrolière du pays.