24.06.2013 Views

Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo

Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo

Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

75<br />

actions qui ne s’inscrivent pas dans l’esprit de la réforme, de nouvelles organisations<br />

permettront toujours l’intervention d’acteurs non désirés, des conditions exceptionnelles<br />

permettront toujours des pratiques exceptionnelles… Tel a été le cas des réformes instaurées<br />

depuis 1994 : des décisions de l’exécutif ont peu à peu fragmenté le processus d’octroi des<br />

concessions et d’appels d’offre de sorte que le contrôle est progressivement devenu<br />

impossible ; au nom d’une professionnalisation et de la lutte contre l’incompétence, une<br />

réorganisation administrative a retiré tous ses pouvoirs au Department of Public Procurement<br />

qui ne se contente plus que de suivre les projets financés sur fonds cambodgiens… c’est-à-<br />

dire à peu près rien ; de nouvelles procédures ont été inventées pour chaque nouvelle activité<br />

concernée par les appels d’offre et les concessions ; la règle selon la<strong>quel</strong>le le <strong>concessionnaire</strong><br />

doit remplir des « qualifications spéciales » a été ajoutée, permettant l’octroi des concessions<br />

et des BOT de gré à gré par les hauts fonctionnaires ; les contraintes financières ont encouragé<br />

les autorités à ne pas respecter le décret de 1995 et à donner les offres publiques en gré à gré à<br />

des contractants ou fournisseurs qui offraient des perspectives d’autofinancement ; des<br />

réponses verbales ont été acceptées alors même que les textes exigent des réponses écrites ;<br />

les propositions et les réponses n’ont jamais circulé entre tous les soumissionnaires et les plis<br />

ont rarement été ouverts à l’heure de clôture fixée par les termes de l’appel d’offre alors<br />

même que cette transparence était inscrite dans les décrets ; les fonctionnaires ont été<br />

systématiquement inclus dans les équipes de consultants tout en gardant leur poste. On<br />

pourrait poursuivre à l’infini la liste de ces violations ou de ces interprétations inventives qui<br />

ont détourné le premier projet de rationalisation et de « bonne gouvernance ». Malgré cette<br />

expérience malheureuse, la conception techniciste des réformes que partagent les donateurs et<br />

leur incapacité à s’éloigner du catéchisme économique à la mode les poussent à tout miser sur<br />

une nouvelle loi et à entrevoir, dans des discours ou des gestes symboliques, des signes de<br />

changement. Les discours du secrétaire d’Etat, directeur général de l’unité anti-corruption,<br />

Sum Manit ou de Hun Sen lui-même sur la nécessité de combattre la corruption, l’entrée dans<br />

l’OMC et l’acceptation implicite des normes du marché, la préparation d’une nouvelle loi sur<br />

la corruption, ou l’acceptation de négocier une nouvelle loi sur les concessions sont<br />

interprétés comme des gestes de bonne volonté, comme des signes précurseurs d’un<br />

changement d’attitude… du moins jusqu’à la désillusion suivante et la nouvelle proposition<br />

de réforme.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!