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Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo

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clairement que ceux-ci sont relativement similaires les uns aux autres : ils sont tous conçus à<br />

l’avantage des <strong>concessionnaire</strong>s dans le texte comme dans leur application effective ; l’octroi<br />

des concessions se réalise sans définition de procédures précises, à la demande des<br />

compagnies privées et non pas de l’Etat ; il n’est pas rare de constater l’absence de toute<br />

redevance officielle ; très souvent l’absence d’investissement et d’exploitation n’implique pas<br />

la révocation du contrat… Il ressort en outre de ce panorama que dix compagnies seulement<br />

ont commencé l’exploitation et que rien n’est publié en matière d’impôts. Tous les indices<br />

convergent pour penser qu’il en va de même pour le secteur forestier, en particulier le fait que<br />

les concessions économiques ont avant tout été conçues et utilisées comme substitut illégal<br />

aux concessions forestières condamnées à l’inactivité – du moins officielle – par le moratoire.<br />

Comme dans n’importe <strong>quel</strong> système de délégation et privatisation de l’Etat, la liberté<br />

économique et financière et l’ampleur de la marge de manœuvre laissée aux <strong>concessionnaire</strong>s<br />

ne sont pas synonymes de laisser-faire. L’octroi et le maintien des concessions, la décision de<br />

constater ou non des infractions, de les poursuivre ou de les négliger, l’exigence ou non du<br />

paiement de redevances et de taxes, l’immixtion ou non dans la résolution de conflits… toutes<br />

ces actions se transforment en autant de possibilités d’intervention, en autant de modalités<br />

d’exercice du pouvoir, en autant de mécanismes de consolidation du régime en place. Dans<br />

l’histoire politique récente du <strong>Cambodge</strong>, cet exercice du pouvoir s’est traduit par deux<br />

stratégies successives confortant l’une et l’autre le processus de consolidation et de<br />

domination politique au profit de Hun Sen.<br />

Dans un premier temps, le système des concessions a constitué l’un des instruments de<br />

compromis entre les différentes parties en guerre depuis les années 1970 et même entre les<br />

différentes factions concurrentes au sein de chacune d’elles 113 . Après les accords de Paris, les<br />

concessions ont fourni une base financière aux divers acteurs de la vie politique<br />

cambodgienne, à leur stratégie de poursuite d’une guerre civile larvée qui ne voulait pas dire<br />

son nom, puis à la stratégie de ralliements et de construction d’une façade démocratique,<br />

notamment après 1993. Cette politique a tour à tour permis de financer les combats, de rallier<br />

des Khmers Rouges, d’établir la base de la compétition entre les principaux partis et de<br />

soutenir la formation d’un gouvernement dédoublé Funcinpec/PPC… Le compromis entre ces<br />

deux partis s’est précisément réalisé autour de la privatisation des ressources publiques, les<br />

113 Pour une analyse détaillée des relations entre les Khmers Rouges, le Funcinpec et le PPC à travers le secteur<br />

forestier, voir P.Le Billon « Logging in Muddy Waters… », art.cité

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