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Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo

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54<br />

Un instrument de la production d’inégalités sociales<br />

Catalyseur de la violence s’exerçant au sein de la société, la concession est simultanément<br />

producteur d’inégalités et de différenciation sociales, en permettant l’enrichissement de<br />

certains, la paupérisation d’autres, offrant des opportunités différenciées selon la position<br />

sociale et le contexte local, créant des contraintes insurmontables pour d’autres... Selon le<br />

gouvernement, les trois principales concessions du pays recouvriraient à elles seules 25% de<br />

la zone forestière 166 ; un tiers des concessions agricoles bénéficieraient d’une superficie<br />

significativement supérieure aux 10.000 hectares fixés par la loi, Phea Pimex détenant à elle<br />

seule un tiers des terres concédées à des concessions économiques et Mong Reuthy 12%,<br />

chiffres qui ne tiennent pas compte de l’usage éventuel de prête-noms 167 . La dynamique de<br />

concentration et d’enrichissement est ici particulièrement exacerbée, qui a bien entendu son<br />

revers : une paupérisation croissante de certains segments de la population rurale. Selon les<br />

études de terrains, corroborées par les analyses générales et macro-économiques sur la<br />

pauvreté 168 , l’inégalité économique et foncière a crû de façon significative ces dernières<br />

années.<br />

La montée de l’inégalité est certainement liée à la pression démographique (il suffit de<br />

rappeler ici qu’entre 1990 et 1998, la population a crû de 30%), mais elle résulte aussi des<br />

modalités spécifiques de gestion des ressources naturelles et de la terre. Les chiffres en la<br />

matière ne sont pas fiables, mais il semble qu’environ 12% de familles paysannes ne<br />

possèdent plus de terres depuis les années 1990 169 . Ce processus, d’ampleur très variable<br />

d’une région à l’autre, a de multiples origines et ne peut être entièrement attribué au<br />

développement des concessions. Outre la croissance démographique, l’absence de<br />

diversification accroît la demande en terre et entraîne donc la baisse des surfaces cultivées.<br />

Par ailleurs, nombre de réfugiés de la frontière thaïlandaise n’ont rien reçu à leur retour au<br />

<strong>Cambodge</strong> en 1992/1993 en raison de la présence sur leurs terres de nouveaux arrivants<br />

installés dès 1989, voire avant, et de la permanence de zones minées et de conflits entre<br />

166<br />

Données de 1996 citées dans le rapport de Global Witness, Corruption, War & Forest Policy…, op.cit.<br />

167<br />

Calculs personnels à partir de l’annexe 3 du rapport United Nations, Land Concessions for Economic<br />

Purposes in Cambodia, op.cit.<br />

168<br />

Malgré une aide massive depuis 1992, la pauvreté n’a pas reculé ; elle a même augmenté ces dernières<br />

années. Ainsi, le pourcentage de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté est passé de 39% en 1992 à<br />

36% en 2002 mais depuis lors les chiffres ont été revus et désormais il semblerait que 43% de la population<br />

cambodgienne vive en dessous du seuil de pauvreté, c’est-à-dire moins de 1 dollar par jour. Source : <strong>Cambodge</strong><br />

Actualités, octobre 2003 et avril 2004.<br />

169<br />

Le chiffre varie entre 11 et 15%, la mention la plus courante s’élevant à 12%.

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