Panorama des littératures francophones d'Afrique - Association ...
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SOM<br />
MAIRE<br />
D’autres horizons littéraires<br />
Au cœur<br />
<strong>des</strong> villes<br />
et <strong>des</strong> nuits<br />
Au cours du xx e siècle, l’Afrique<br />
s’est urbanisée et, tout<br />
naturellement, l’enfant de la<br />
brousse et <strong>des</strong> campagnes est<br />
devenu un enfant de la ville. La<br />
ville lieu de vie, lieu de toutes<br />
les tentations, de toutes les<br />
turbulences, de toutes les audaces<br />
plus ou moins recommandables.<br />
Ainsi les gran<strong>des</strong> métropoles,<br />
avec leurs lots de zones d’ombre<br />
mais aussi d’espaces de vie et de<br />
rencontres, sont un terrain propice<br />
à l’imagination <strong>des</strong> romanciers,<br />
désormais eux-mêmes souvent<br />
issus de ces terres urbaines.<br />
ÉGYPTE<br />
Mendiants<br />
et orgueilleux<br />
Albert Cossery<br />
1951 (Éditions Joëlle Losfeld)<br />
Gohar, grand consommateur de<br />
haschich qui s’est fait mendiant<br />
après avoir quitté son poste à<br />
l’université, est le meurtrier<br />
d’une jeune pensionnaire de<br />
maison close. Nour el-Din, un<br />
policier homosexuel, est chargé<br />
de l’enquête. Toutefois l’essentiel<br />
n’est pas la recherche du coupable<br />
dont l’identité est connue, mais<br />
plutôt la ronde de tous les autres<br />
personnages rencontrés qui, face à<br />
l’adversité et à la misère, trouvent<br />
une parade à la mesure de leur<br />
marginalité. Tous ces « mendiants<br />
et orgueilleux », « damnés de la<br />
terre » et autres « oubliés de Dieu »<br />
qui hantent les rues du Caire<br />
recréent d’autres règles de vie et<br />
s’inventent un code moral hors <strong>des</strong><br />
normes habituellement admises.<br />
Ce livre empreint de pessimisme<br />
mais néanmoins teinté d’un humour<br />
caustique a également été publié<br />
dans une version adaptée en bande<br />
<strong>des</strong>sinée par Golo.<br />
Bernard Magnier, <strong>Panorama</strong> <strong>des</strong> <strong>littératures</strong> <strong>francophones</strong> d’Afrique,<br />
Institut français, octobre 2012<br />
BÉNIN<br />
Notre pain<br />
de chaque nuit<br />
L’homme dit fou<br />
Florent Couao-Zotti<br />
1998 et 2000, Le Serpent à plumes<br />
Dans ces deux livres, une même<br />
violence humaine, une même<br />
violence urbaine, à chaque coin de<br />
page, à chaque coin de rue, celles de<br />
Cotonou.<br />
Dans le premier, Dendjer et Nono,<br />
le boxeur et la prostituée, vivent un<br />
amour passionné et violent comme<br />
la ville qui les entoure. Une passion<br />
<strong>des</strong> corps qui les mène à l’extrême.<br />
Dans le second, qui est un recueil<br />
de nouvelles, les personnages sont<br />
<strong>des</strong> humains nostalgiques de leur<br />
d’enfance ou <strong>des</strong> enfants versés<br />
trop tôt dans une <strong>des</strong>tinée adulte, à<br />
l’instar de celui qui donne son titre,<br />
cet « homme dit fou », meurtrier,<br />
kidnappeur et insensible aux<br />
balles de la police, ou de l’« enfantcaniveau,<br />
un être oublié dans les<br />
décharges du monde ».<br />
DU MÊME AUTEUR<br />
Charly en guerre<br />
chapitre<br />
7<br />
ALBERT COSSERY (1913-2008)<br />
Né au Caire dans une famille orthodoxe émigrée<br />
de Syrie, Albert Cossery fait ses étu<strong>des</strong> dans <strong>des</strong><br />
établissements <strong>francophones</strong>. Il publie, en 1940,<br />
son premier roman, Les Hommes oubliés de<br />
Dieu, avec l’aide d’Henry Miller. Il quitte l’Égypte<br />
en 1945 et s’installe à Paris, à l’Hôtel La Louisiane,<br />
où il demeure jusqu’à sa mort. Il ne cesse<br />
d’écrire sur l’Égypte et notamment sur les habitants<br />
du Caire (La Maison de la mort certaine,<br />
1944 ; Mendiants et orgueilleux, 1951 ; Un complot<br />
de saltimbanques, 1981 ; Les Couleurs de<br />
l’infamie, 1999).<br />
FLORENT COUAO-ZOTTI (NÉ EN 1964)<br />
Né à Pobé au Bénin, Florent Couao-Zotti fait<br />
<strong>des</strong> étu<strong>des</strong> de lettres, et devient journaliste<br />
(en particulier dans <strong>des</strong> publications satiriques,<br />
Canard du Golfe ou Abito), puis professeur.<br />
Demeurant à Cotonou, il se consacre à l’écriture,<br />
qu’il décline à travers pièces de théâtre,<br />
ban<strong>des</strong> <strong>des</strong>sinées et surtout romans (Notre<br />
pain de chaque nuit en 1998, Le Cantique <strong>des</strong><br />
cannibales, Poulet-bicyclette et Cie en 2008)<br />
et nouvelles. En 2011, il s’intéresse au roman<br />
policier (Si la cour du mouton est sale, ce n’est<br />
pas au porc de le dire).<br />
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