Panorama des littératures francophones d'Afrique - Association ...
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SOM<br />
MAIRE<br />
D’autres horizons littéraires<br />
De l’Afrique<br />
au monde<br />
Longtemps, les écrivains africains<br />
sont demeurés sur « leur » terrain.<br />
Ils étaient Africains et ils écrivaient<br />
sur l’Afrique, parfois sur l’Europe,<br />
la France ou Paris, mais comme<br />
une terre d’exil où les personnages<br />
issus du continent se retrouvaient,<br />
volontaires ou non, pour <strong>des</strong><br />
aventures malheureuses et souvent<br />
« ambiguës », pour reprendre le<br />
titre du roman de Cheikh Hamidou<br />
Kane. Désormais, l’Afrique et<br />
l’Europe ne sont plus leurs seuls<br />
lieux romanesques d’inspiration,<br />
et ils invitent volontiers leurs<br />
personnages à effectuer <strong>des</strong><br />
voyages plus lointains. Ils les<br />
entraînent vers les Amériques,<br />
du Nord et du Sud, vers la<br />
Scandinavie, vers d’autres mon<strong>des</strong>.<br />
Ils évoquent Gutenberg, Hô Chi<br />
Minh ou John Coltrane, ils mènent<br />
leurs personnages à New York ou<br />
Helsinki, à Mexico ou à Salvador<br />
de Bahia, à Kaboul, à Bagdad<br />
ou encore dans un imaginaire<br />
« Saint-Dallas ».<br />
Bernard Magnier, <strong>Panorama</strong> <strong>des</strong> <strong>littératures</strong> <strong>francophones</strong> d’Afrique,<br />
Institut français, octobre 2012<br />
ALGÉRIE<br />
L’homme aux sandales<br />
de caoutchouc<br />
Kateb Yacine<br />
1970, Seuil<br />
Dans la lignée militante de la fin <strong>des</strong> années 1960,<br />
une pièce de théâtre en hommage au peuple vietnamien<br />
et treize tableaux de la vie du héros de la décolonisation et<br />
de la lutte contre l’impérialisme, Hô Chi Minh. Le portrait<br />
d’un homme simple et proche du peuple, aperçu dans ses<br />
gestes les plus quotidiens, comme le suggère le titre.<br />
DU MÊME AUTEUR<br />
Nedjma<br />
L’Œuvre en fragments<br />
Soliloques<br />
chapitre<br />
7<br />
KATEB YACINE (1929-1989)<br />
Né à Zighoud Youcef, Kateb Yacine (il est<br />
d’usage que son nom Kateb précède son prénom)<br />
fréquente l’école française, découvre<br />
la poésie et publie son premier recueil, Soliloques,<br />
en 1946. En 1947, jeune collégien,<br />
il assiste à Sétif à la manifestation anticolonialiste<br />
violemment réprimée au cours de<br />
laquelle il est arrêté et emprisonné. Ce traumatisme<br />
marque une étape capitale : il part<br />
à Paris et s’engage en politique. Il revient<br />
à Alger en 1949, et travaille à Alger Républicain.<br />
De retour en France, il publie une première<br />
version de Nedjma, qui, à sa parution<br />
définitive en 1956, devient le livre de référence<br />
pour nombre d’écrivains maghrébins. Il alterne<br />
divers emplois, poursuit son œuvre avec <strong>des</strong><br />
pièces de théâtre, comme Le Cadavre encerclé<br />
monté par Jean-Marie Serreau, et voyage<br />
en Allemagne de l’Est, en URSS et au Vietnam.<br />
Il publie en 1966 Le Polygone étoilé. Plus tard,<br />
il rentre en Algérie et décide d’écrire et de faire<br />
jouer ses pièces (Mohamed prend ta valise, La<br />
Guerre de deux mille ans), dans un arabe dialectal<br />
fortement teinté de berbère devant <strong>des</strong><br />
publics populaires. À la fin <strong>des</strong> années 1980,<br />
il est joué au Festival d’Avignon, invité aux<br />
États-Unis et reçoit le Grand Prix National <strong>des</strong><br />
Lettres en 1987.<br />
« Aucune langue<br />
n’est étrangère à condition<br />
de pratiquer d’abord<br />
sa propre langue. »<br />
Kateb Yacine, Nouvelles littéraires, 1975<br />
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