Enquete_canonisation AVEC ILLUST - Fonds St-Yves

TEMOIN 165
Guillaume Tournemine, damoiseau, fils de feu Geoffroy de Tournemine, chevalier défunt, feu seigneur de La
Hunaudaye, diocèse de Saint Brieuc, âgé de 28 ans ou environ...
« J'ai été délivré en mer du danger de mort par noyade. Quatre ans ou environ se sont écoulés depuis. Je ne me
souviens ni du mois ni du jour, mais c'était aux alentours de la fête du Bienheureux Michel. Etaient présents Pierre de
Montfort, trésorier de Tréguier, et Geoffroy Arnaud, chantre, et Hervé de Quoytrevan, sacriste de ladite église, et Yves
de La Roche Yves, et Pierre de Kernabad, damoiseaux. Le lieu était la grève d'Hillion près de Saint-Brieuc, où la mer
monte et descend deux fois dans une journée, ou trois fois. C'est le Bienheureux Yves que j'ai invoqué. Voici comment
c'est arrivé : le chantre et moi nous précédions ceux que j'ai nommés plus haut. Nous voyions venir la mer ; aussi
voulions-nous faire route plus vite, si bien que je suis tombé avec mon cheval dans une fosse. Quelque temps après, je
me suis remis debout avec mon cheval, et j'ai cru atteindre le bord. C'est alors que la terre a cédé sous les pieds de mon
cheval et que je suis retombé dans la mer avec ma monture ; je me suis remis à cheval, et je me suis remis debout, et
j'ai cru comme l'autre fois gagner le bord ; et me voilà de nouveau tombé à l'eau avec mon cheval, comme
précédemment ; et de nouveau sur mon cheval qui nageait j'ai pensé gagner le bord. C'est à ce moment-là que je me
suis vu séparer de mon cheval et que je suis allé jusqu'au fond de la mer. Alors, comme je me trouvais donc au fond de
la mer, je me suis voué dans mon cœur à Dieu et à saint Yves, et tout de suite la mer m'a propulsé à la surface, où je
me suis trouvé à côté de mon cheval qui nageait. J'ai pensé saisir mon cheval ; lui et moi nous sommes descendus au
fond de la mer. Quelque temps après, je ne sais comment, je me suis trouvé en croupe. J'ai tenu la selle de mes mains ;
le cheval en nageant m'a transporté sain et sauf à la côte. J'ajoute que je n'ai pas bu une goutte d'eau, que j'ai perdu le
manteau et le faucon et le leurre et la trompe que j'avais avant la chute. J'ai la ferme conviction que je me suis trouvé
en danger le temps d'une demi-lieue, et aussi que Dieu m'a délivré de ce danger en raison des mérites et des prières de
dom Yves. Je suis sorti de la mer en bonne santé, et le jour même j'ai fait quatre lieues ou environ à cheval...»
TEMOIN 166
Hervé de Quoytrevan, sacriste de l'église de Tréguier, âgé de 50 ans ou environ...
« J'ai vu Tournemine et son cheval tomber dans la mer et se trouver en grave danger de périr noyés par les flots de
la mer qui les recouvraient, si bien que seul un miracle pouvait les tirer de là. Remarquant cela, Pierre de Montfort,
trésorier de l'église de Tréguier, Geoffroy Arnaud, chantre de la même église et moi qui étions présents, nous nous
rendîmes compte que la marée montante nous empêchait de les aider et que même notre propre sort était douteux.
Alors nous avons fui à toute vitesse, tout en invoquant saint Yves en ces termes : «Saint Yves, aide-le», et nous avons
fait à plusieurs reprises cette invocation. Peu de temps après j'ai vu Guillaume venir, au-dessus de l'eau, jusqu'à la côte.
J'ai la ferme conviction, et telle fut et telle est la rumeur publique, que Guillaume a échappé au danger de la noyade à
l'invocation de saint Yves et grâce à ses mérites...». Interrogé sur l'époque, le lieu, et les autres circonstances, il a fait
la même déposition que Guillaume, le témoin précédent.
TEMOIN 167
Jeanne, fille de Geoffroy de Vou, paroissienne de Pleubian, âgée de 50 ans et plus...
«Mon fils Jean, alors âgé de un an et demi, tomba dans la fontaine qui se trouve près de ma maison. Il s'y noya et
mourut. Derian, mon fils, l'en retira et me le donna après l'avoir sorti. Moi, le voyant mort, je le vouai à saint Yves en
ces termes : «Saint Yves, je vous dévoue mon fils pour un cierge par an, pour que vous lui rendiez la vie et pour que
vous fassiez en lui un miracle». A peine avais-je fait ce vœu par l'invocation que j'ai dite, que le garçon revint à la vie,
et il vit toujours. A la fin du mois d'avril sept années se sont écoulées depuis cet événement. Je ne me souviens pas du
jour. Les personnes présentes étaient Darian, son frère aîné, Rivalon Prigence et moi, et beaucoup d'autres dont je n'ai
pas gardé mémoire. L'invocation s'est faite dans les termes que je vous ai dits. L'enfant est resté dans la mort depuis
l'heure de midi jusqu'à celle de none. Il avait le visage noir, il était tout entier roide et froid, à l'exception du cou qui
semblait cassé : tels étaient, avec les autres, les signes montrant qu'il était mort. Il y avait en plus le fait qu'on l'avait
trouvé au fond de la fontaine d'où on l'avait tiré. J'ignore combien de temps il est resté dans cette fontaine, car je n'étais
pas là quand il y est tombé. La fontaine avait quatre pieds et plus de profondeur, et elle était pleine d'eau. J'ai la ferme
conviction, et telle fut et telle est la rumeur publique, que mon fils Jean est mort noyé dans cette fontaine et que c'est à
l'invocation de saint Yves et grâce à ses mérites qu'il est revenu à la vie...»
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