Enquete_canonisation AVEC ILLUST - Fonds St-Yves

TEMOIN 82
Floride, épouse de Geoffroy L'Ecrivain, de la cité de Tréguier, âgée de 30 ans et plus...
«Jean Alain fut apporté samedi dernier chez moi sur un cheval ; son frère nommé Geoffroy le descendit du cheval
et je le vis alors tout perclus et le dos courbé : il ne pouvait ni s'asseoir ni guère rester debout, ni se déplacer, sauf un
petit peu en se tenant aux genoux avec les mains. C'est dans cet état qu'on l'a conduit de ma maison à l'église de
Tréguier. Puis je ne l'ai pas vu jusqu'à tout de suite, car je me suis absentée de la cité. J'ai la ferme conviction qu'il doit
sa guérison aux mérites du Bienheureux Yves, étant donné qu'on le lui a voué et recommandé, comme je l'ai ouï dire,
et qu'on le lui a apporté, comme je l'ai vu et déjà relaté. Quand on l'a apporté, il y avait là présents moi et ma fille
Floride et ma servante Agnès. Et cela s'est passé dans la cité de Tréguier, dans ma maison. J'ignore la formulation des
paroles employées, mais on a invoqué le Bienheureux Yves, comme je l'ai appris de Jean et de son frère Geoffroy, et je
n'ai connu Jean infirme ni ne l'ai vu dans cet état qu'après qu'on l'eut apporté ; mais j'ai appris que son infirmité durait
depuis deux ans ou environ. Il est originaire de la localité de Plounévez, comme je l'ai entendu dire...».
TEMOIN 83
Petitbon, paroissien de Benigla (diocèse de Tréguier) âgé de 60 ans ou environ...
«J'ai vu et connu ledit Jean perclus et courbé, pouvant à peine se déplacer et tenant ses mains sur ses genoux, et il
n'arrivait pas à s'asseoir, et, cela depuis samedi dernier parce que Geoffroy le frère de ce Jean, me l'avait recommandé.
Je crois vraiment que le Jean en question a dû sa guérison aux mérites du Bienheureux Yves, pour cette raison que je
l'ai vu, ce Jean, dans l'église de Tréguier en train de solliciter saint Yves d'obtenir sa guérison ; et j'en faisais autant.
Cependant je n'étais pas présent au moment de sa guérison, mais je suis vite accouru aux clameurs des gens ; et je l'ai
vu guéri dans l'église de Tréguier, comme il l'est aujourd'hui manifestement. Etaient là quand la fameuse clameur a eu
lieu plus de cent personnes. J'en ignore les noms, car je ne m'en souciais pas...»
TEMOIN 84
Pierre Ar C'horr (Le Nain) paroissien de Saint Melaine de Morlaix (diocèse de Tréguier), âgé de 25 ans ou environ...
«Un jour j'étais allé en mer sur un bateau pour transporter une pipe de vin, quand j'entendis des gens qui criaient
après moi en ces termes : «Revenez, revenez vite». Je revins et trouvai un petit enfant, mon fils, dans mon
«hôtellerie». On le disait passé par la mort, car il était tombé dans l'eau sous la roue du moulin qui se trouve dans la
ville de Morlaix de ladite paroisse. Tel que je vis l'enfant pour la première fois après sa chute, il était tout entier brisé
et couvert de bleus, bien qu'il eût déjà recouvré la vie. J'appris que ma femme l'avait voué au bienheureux Yves, et
quand par la suite il avait repris vie, je vis que sa mère le vouait de nouveau, et j'ai la ferme conviction que c'est pour
cela que le lendemain il était totalement délivré. J'avais pourtant l'absolue certitude que cet enfant ne devait pas se
remettre avant un an tant il était rompu et brisé par devait et par derrière et dans tous ses membres. L'enfant était alors
âgé de quatre ans ou environ. Et cela s'est passé cette année, le dimanche avant la fête du Bienheureux Jean Baptiste.
Quant aux personnes présentes, il y avait là pour le tirer de l'eau Jean Rinchie, et Yves de Torozc, à ce qu'on m'a dit, et
c'étaient les mêmes qui se trouvaient aussi dans l'hôtellerie quand je suis arrivé, ainsi que ma femme, mon beau-père et
beaucoup d'autres de mes voisins. La chute s'est donc produite dans le moulin que j'ai nommé, dans la dite ville. On a
invoqué le Bienheureux Yves, et c'est ma femme qui l'a fait en ces termes : «Je voue mon fils au Bienheureux Yves, et
s'il est guéri, je le ferai porter à son tombeau et j'offrirai pour lui un cierge de sa longueur». Ma femme avait prononcé
ces mêmes paroles avant mon arrivée, à ce qu'on m'a dit. Cet enfant s'appelle Jean. Il est resté ainsi fracturé depuis
l'heure des vêpres de ce dimanche où il ne pouvait se tenir debout, jusqu'au lendemain où il a joué comme d'habitude
avec d'autres garçons. Sous huit jours on l'a porté au tombeau du Bienheureux Yves, dans l'église de Tréguier, comme
on l'avait promis...»
TEMOIN 85
Heliot Rinchue, de la même paroisse Saint Melaine, âgé de 20 ans ou environ...
«Un jour un enfant m'a dit que le fils de Pierre Le Nain était tombé dans l'eau du moulin qui se trouve dans cette
ville de Morlaix. J'ai donc aussitôt gagné ce lieu, et je suis entré dans l'eau en cherchant ça et là. J'ai fini par trouver
l'enfant immergé sous la roue du moulin. Je l'ai saisi et retiré de l'eau mort et glacé. C'est alors qu'Yves de Torocz, de
la même paroisse, l'a pris et l'a porté chez son père. Tandis qu'il le transportait est survenue sa mère, criant et pleurant,
et elle a voué l'enfant au Bienheureux Yves. Sur le champ l'enfant a repris vie et s'est mis visiblement à remuer un petit
peu. Le lendemain je l'ai vu sain et joyeux, et j'ai la ferme conviction que cela est arrivé grâce aux mérites du
page 71 / 123