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Enquete_canonisation AVEC ILLUST - Fonds St-Yves

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Ce fut un homme grandement épris de justice. Je m'en suis rendu compte alors qu'il était l'official de Tréguier : il<br />

rendait alors à tous une justice rapide sans faire acception de personne, et il pressait les gens, quels qu'ils fussent, à<br />

faire la paix.<br />

Il était assidu et dévot dans la prière et la prédication de la parole de Dieu. Il priait à genoux, les mains serrées l'une<br />

contre l'autre, courbé vers le sol et la face couverte de son capuchon, et il persistait ainsi bien longtemps. Je l'ai vu bien<br />

des fois dans cette attitude, de même que je l'ai entendu prêcher souvent dans l'église de Tréguier et dans d'autres<br />

églises du diocèse de Tréguier.<br />

Sa compassion fut grande envers les mineurs, les orphelins, les veuves et les autres malheureuses personnes. Voici<br />

comment il exerçait sa compassion à leur égard : il leur portait secours en les conseillant, en les guidant, et en plaidant<br />

pour eux. Je l'ai vu agir ainsi, et j'ai su qu'il l'avait fait, car plusieurs me l'ont raconté, en faveur de qui il avait agi de la<br />

sorte, sans rien recevoir d'eux et sans rien vouloir accepter. Je ne me souviens pas du tout du nom de ces gens-là ».<br />

Etc. Etc.<br />

TEMOIN 7<br />

Pierre Arnou, prêtre, vicaire de l'église de Tréguier, âgé de 60 ans...<br />

«J'ai connu dom <strong>Yves</strong> il y a cinquante ans environ. Ce fut un homme de vie bonne et de mœurs honnêtes. Je l'ai vu<br />

plusieurs fois et à diverses époques manger dans la maison et à la table de mon oncle paternel, maître Théobald<br />

Lebruc, jadis chantre de l'église de Tréguier. On pouvait apporter devant lui viandes, poissons, et autres sortes de mets,<br />

et du vin, dom <strong>Yves</strong> ne prenait que du pain et des plantes potagères ou bien des fèves ou pois, cuits seulement au sel,<br />

sans rien d'autre, et il buvait de l'eau. Il faisait pourtant son possible pour faire semblant de manger des plats présentés<br />

aux autres et de boire du vin comme tout le monde. Je l'ai encore vu pratiquer ailleurs ce genre d'abstinence. C'était<br />

chez le seigneur Alain Lebruc, jadis évêque de Tréguier, dans la ville de Tréguier. Chez le chantre, j'ai été environ<br />

trente fois le témoin de la scène, et chez l'évêque à peu près vingt fois. Mais ni l'évêque ni le chantre ni les autres<br />

convives ne mangeaient de ses légumes, pois ou fèves. On les préparait à part spécialement pour lui. J'ai vu cela bien<br />

des fois, et bien des fois j'y ai collaboré activement. Il ne mangeait qu'une fois par jour, sauf les dimanches. Je l'ai<br />

constaté dans les endroits et les maisons déjà mentionnés, et j'en déduis avec certitude qu'il faisait abstinence partout<br />

de cette façon-là.<br />

J'ai vu dom <strong>Yves</strong> maintes fois coucher par terre tout habillé dans la sacristie de l'église de Tréguier. Il s'enveloppait<br />

d'une courte-pointe et mettait sous sa tête une pierre en guise d'oreiller. S'il couchait dans cette sacristie, c'était pour<br />

surveiller les objets sacrés et les autres biens qui appartenaient à l'église et qui s'y trouvaient. En effet des gens du roi<br />

de France, qui séjournaient alors à Tréguier, voulaient s'en emparer. Ils voulaient prélever sur les biens meubles<br />

appartenant à l'évêque, au chapitre de l'église de Tréguier, et aux autres membres du clergé de la ville et du diocèse,<br />

l'impôt du centième et du cinquantième. Dom <strong>Yves</strong> usait de tous les moyens et usait de toutes les voies pour résister à<br />

cette opération. Un jour (je ne me rappelle plus lequel) un sergent du roi de France avait pris dans la propriété de<br />

l'évêque un cheval moreau qui valait à peu près quarante livres, et, alors qu'il le conduisait, dom <strong>Yves</strong> lui fit face dans<br />

le cimetière, prit le cheval par le mors, l'arracha des mains du sergent et le reconduisit dans la propriété de l'évêque.<br />

Dom <strong>Yves</strong> était très bon et très enclin à la pitié, car tout ce qu'il avait ou pouvait avoir, il le distribuait aux pauvres,<br />

et il visitait très fréquemment les malades. Je l'ai vu maintes fois faire de larges aumônes aux pauvres et visiter les<br />

malades. J'ai vu et entendu bien des fois à Tréguier des pauvres dire qu'ils avaient reçu des aumônes de lui. D'ailleurs,<br />

quand il quittait l'église de Tréguier pour se rendre chez lui à Ker Martin, il était suivi d'une foule de pauvres. Quant à<br />

me rappeler les noms des malades visités, je ne le puis, d'autant plus qu'il visitait n'importe quels malades, pauvres et<br />

riches, indifféremment.<br />

Je l'ai vu quand il était official du seigneur Allain évêque de Tréguier. Il s'acquittait de sa charge parfaitement,<br />

rendant à tous sans distinction une justice rapide. J'en ai été bien des fois le témoin oculaire et auriculaire à la cour de<br />

Tréguier, du temps où je la fréquentais. Et c'est ce qu'on disait communément en ville et dans le diocèse, et jamais je<br />

n'ai entendu personne se plaindre d'une injustice qu'il aurait commise.<br />

Dom <strong>Yves</strong> était très humble. Avec les pauvres et avec les riches il avait une manière humble de parler, de saluer, de<br />

se comporter à leur égard. Il se déplaçait vêtu d'un long surcot et d'une cotte talaire, faits d'une grossière étoffe blanche<br />

bon marché appelée burell ou kordet, et chaussé de grands souliers à courroies comme les Prêcheurs. J'ai vu cela bien<br />

des fois et je l'ai entendu dire. Il pouvait avoir de bons habits de grand prix, et de bons souliers, car il avait une bonne<br />

église, Louannec, qui rapportait cinquante livres de rente et plus, et un bon patrimoine, de quoi pouvoir soutenir<br />

autrement son rang de façon honorable. Je sais que son église et son patrimoine étaient d'un si bon rapport, car c'est ce<br />

que tout le monde dit et assure publiquement dans la ville et le diocèse de Tréguier.<br />

Dom <strong>Yves</strong> a toujours supporté avec beaucoup de patience ses adversités et ses austérités. En voici une preuve. J'ai<br />

entendu dire une fois que Guillaume de Tournemine, alors trésorier de Tréguier et percepteur du centième et du<br />

cinquantième du roi de France, avait traité dom <strong>Yves</strong> de coquin. Ce dernier ne dit rien, mais se mit à rire. D'ailleurs il<br />

faisait tout le temps un visage joyeux. J'affirme que c'est ainsi que je l'ai vu bien des fois, et pour ainsi dire toujours.<br />

Dom <strong>Yves</strong> montrait une très grande assiduité et une très grande ferveur dans la prière et la prédication. Je l'ai vu<br />

maintes fois prier, à genoux et les mains jointes, le corps plié et courbé vers le sol. Je l'ai vu souvent célébrer la messe,<br />

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