Enquete_canonisation AVEC ILLUST - Fonds St-Yves

termes : «Saint Yves, aide-nous». Sur le champ à leurs yeux apparut une clarté au-dessus de la mer, et tout de suite la
tempête cessa. Les autres qui avaient quitté le navire remontèrent à bord en empruntant un canot et par la suite ils
continuèrent heureusement leur traversée. Toutes ces choses, comme je vous les ai rapportées, mon fils Arnaud me les
a racontées. Pour moi je crois, sans l'ombre d'un doute, que le navire, mon fils et ceux qui s'y trouvaient ont dû aux
mérites du Bienheureux Yves d'échapper à ce grand péril, surtout que chaque jour après le départ du navire je
recommandais au Bienheureux Yves le navire, mon fils et les autres personnes. Ensuite, après le retour du navire, j'ai
offert douze deniers au Bienheureux Yves. Cela s'est passé il y a deux ans environ. Quant au jour et au mois, je ne
m'en souviens plus, mais il me semble que le navire est rentré aux environs de la fête de Tous les Saints. Quels sont les
noms de ceux qui sont revenus dans ce navire ? Je n'en sais rien, car je ne connaissais que mon fils...»
TEMOIN 89
Homme religieux dom Aufred, abbé du monastère de la Bienheureuse Marie de Bon Repos, de l'ordre de Cîteaux, âgé
de 50 ans ou environ...
«Un jour que j'étais venu à la cité de Tréguier en pèlerinage dans l'église, j'aperçus une femme aveugle, qui
vraiment ne voyait rien, et cela était très évident pour moi, et tous ceux qui étaient là le disaient aussi. Cette femme
sortit de l'église ; sa fille la conduisait, sous mes yeux, comme on conduit un aveugle, car elle voulait, comme elle le
dit aux autres personnes présentes et à moi-même, regagner sa maison. C'est alors que sous mes yeux cette fille du
milieu de ses larmes se mit à prononcer à haute voix des paroles comme celles-ci : «Bienheureux Yves, vous faites
beaucoup de miracles et en beaucoup de gens ; mais en ma mère qui est restée ici pendant longtemps avec sa cécité,
votre puissance miraculeuse ne se manifeste pas». Et tandis qu'elles se retiraient ainsi, mère et fille, et qu'elles se
trouvaient hors de l'église dans le cimetière, tout à coup la fille en question, prise d'une grande joie, se mit à crier plus
fort : «Ma mère voit, ma mère voit». Alors j'ai aperçu la mère revenir sans guide vers l'église : elle voyait
parfaitement, c'était évident, et elle l'affirmait devant moi qui étais là. Et pour rendre grâce à Dieu et au Bienheureux
Yves elle rentra dans l'église de Tréguier toute seule la première, et sa fille la suivait sans la toucher. C'est ce que j'ai
vu et entendu, comme je l'ai dit. Il y a bien dix ans de cela au moins. Quant au mois et au jour, je ne m'en souviens pas,
mais il me semble que c'était entre la fête de Pâques et celle de la Pentecôte. Etaient présents : un frère de mon
monastère, dont je ne me rappelle pas le nom, et une foule nombreuse d'autres gens dont je n'ai pas du tout gardé le
souvenir pour ce qui est des noms. Comment s'appelaient la mère et la fille, je ne le sais pas du tout, et je ne les
connaissais pas auparavant. Combien de temps avait-elle été aveugle ? J'ai entendu sa fille dire qu'elle l'avait été
longtemps...»
TEMOIN 90
A mon Lobero, de la cité de Tréguier, âgé de 70 ans ou environ...
«J'étais le serviteur de dom Yves. Or un jour, vers l'aube, à la lueur de la lune, tandis que dom Yves et moi venions
à pied de la cité de Redon à celle de Tréguier, nous parvînmes à une rivière appelée «Leve». Or cette rivière était si
grosse qu'elle passait par-dessus le pont fait pour la traverser. Dom Yves avait commencé à s'engager dans l'eau et se
dirigeait en droite ligne vers le pont. «N'entrez pas dans l'eau, lui dis-je, car il y a danger à le faire». A l'entrée et à la
sortie du pont l'eau était si profonde en effet que personne n'aurait pu traverser sans risquer d'être englouti. Sans
désemparer, dom Yves en riant me prit par la main et me dit en m'entraînant : «Nous traverserons sûrement tous les
deux ensemble, grâce à Dieu, ou nous serons tous les deux noyés». Nous parvenions au premier endroit profond à
l'entrée du pont, là où il y avait un trou. Dom Yves fit alors sur l'eau le signe de la croix, et sur le champ l'eau se divisa,
et se retira, de telle manière que nous gagnâmes tous les deux le pont. Puis à la sortie du pont où l'eau était
pareillement profonde, il fit encore un signe de croix, et l'eau se divisa encore si bien que nous traversâmes librement
sur l'autre rive. L'eau reprit aussitôt son état antérieur, au point qu'aucun homme n'aurait pu d'aucune façon traverser.
J'en fus stupéfait d'admiration, et je me rendis compte alors que Dieu était avec dom Yves et que cela expliquait cette
action merveilleuse. Les eaux furent divisées, je le sais, car j'ai constaté qu'après le signe de croix fait par dom Yves
ces eaux se séparèrent et se retinrent d'avancer jusqu'à ce que nous eussions traversé tous les deux en toute liberté. Je
ne me souviens pas bien de l'époque, mais je pense qu'il y a bien de cela 45 ans et plus. Je n'ai aucun souvenir ni du
mois ni du jour ; il me semble que c'était autour du mois d'août ; en tout cas c'était en été. Comme personnes présentes
il n'y avait, à ma connaissance, que nous deux. Le lieu était le pont appelé Leu...»
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