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Enquete_canonisation AVEC ILLUST - Fonds St-Yves

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cette raison sa chair fasse pénitence avant sa mort». Or, quinze jours ne s'étaient pas écoulés après cet événement que<br />

le seigneur de Coetpont fut frappé de paralysie et devint infirme au lit, et il y resta une année et plus ; et, tandis qu'il<br />

souffrait ainsi, un neveu du paralytique vint trouver ma mère, lui raconta l'infirmité dont souffrait son oncle et la pria<br />

de lui donner un remède si elle en connaissait. La dame se souvint des paroles prononcées par dom <strong>Yves</strong> sur la route,<br />

et elle conseilla au seigneur de Coetpont de se vouer à dom <strong>Yves</strong>, car, disait-elle, elle avait la certitude que s'il<br />

souffrait c'était pour n'avoir pas voulu entendre, sur la route, le sermon de dom <strong>Yves</strong> quand ce dernier allait à Saint<br />

Renan. Le neveu rapporta à son oncle ce qu'il venait d'entendre là. Sur le champ le patient se voua à Dieu et à dom<br />

<strong>Yves</strong> alors défunt, et promit de visiter en personne son tombeau, ce qu'il fit après, et c'est là qu'il recouvra la santé. Je<br />

vous assure que j'ai vu ce seigneur de Coetpont passer devant dom <strong>Yves</strong> qui prêchait, je l'ai vu ne faire aucun cas de<br />

cette prédication, j'ai entendu dom <strong>Yves</strong> prononcer les paroles que j'ai rapportées, et par la suite ce que j'ai dit je l'ai<br />

appris de ma mère, du seigneur de Coetpont et de son neveu.<br />

De Maurice du Mont autrefois mon valet écuyer d'armes lettré et qui est mort, j'ai appris que lorsque les pèlerins<br />

que j'ai cités revenaient de leur pèlerinage à Saint Renan et qu'ils se trouvaient dans un village nommé Landelau, dom<br />

<strong>Yves</strong> et le seigneur Maurice entrèrent dans une chambre pour se coucher. Dom <strong>Yves</strong> était donc dans cette chambre<br />

quand Maurice se mit au lit. Maurice s'endormit. Il croyait que dom <strong>Yves</strong> se trouvait dans la chambre et dormait aussi.<br />

Or, Maurice entendit une voix qui disait : «Le bienheureux est étendu sur une pierre». Tiré de son sommeil, Maurice<br />

surgit de son lit, mais il ne put trouver dom <strong>Yves</strong> dans la chambre. Il se rendit tout de suite au cimetière de ce village<br />

et trouva <strong>Yves</strong> qui dormait ; il avait pris place dans la pierre creuse où saint Elau avait fait pénitence durant sa vie.<br />

Tout ce que dom <strong>Yves</strong> avait ou pouvait avoir il le distribuait aux pauvres. J'ai constaté bien des fois que les pauvres<br />

le suivaient pour recevoir de lui une aumône, j'ai vu plusieurs fois dom <strong>Yves</strong> donner des aumônes aux pauvres. C'était<br />

et c'est de notoriété publique à Tréguier et dans le diocèse de Tréguier que tout ce que dom <strong>Yves</strong> avait ou pouvait avoir<br />

il le donnait aux pauvres indistinctement, qu'il s'agît de vêtements ou d'aliments.<br />

Quand dom <strong>Yves</strong> venait aux manoirs que j'ai nommés, ma mère avait beau faire préparer pour lui un bon lit, il<br />

n'avait cure de se coucher sur ce lit, mais il s'étendait par terre, et le matin on trouvait le lit fait comme l'avaient fait la<br />

veille les domestiques de ma mère.<br />

Dom <strong>Yves</strong> portait sur sa poitrine une petite boîte en argent, très belle, dans laquelle il conservait le corps du Christ<br />

qu'il administrait aux malades qu'il visitait, chaque fois qu'il lui semblait qu'il y avait lieu de le faire.<br />

Je crois que dom <strong>Yves</strong> fut un grand artisan et «restaurateur» de paix. Je le sais parce que je l'ai entendu dire et que<br />

je l'entends encore dire, et parce que la chose est de notoriété publique dans la ville et le diocèse de Tréguier et dans<br />

les autres lieux où dom <strong>Yves</strong> a eu des relations ».<br />

Etc. Etc.<br />

TEMOIN 5<br />

Geoffroy de Saint Léan, recteur de l'église de La Roche-Derrien, diocèse de Tréguier, âgéde 70 ans,...<br />

«Dom <strong>Yves</strong> fut d'une vie bonne et sainte et de mœurs honnêtes. Les trois années qui ont précédé sa mort, feu<br />

Geoffroy de l'Abbaye, à l'époque procureur de l'église de Tréguier, et moi-même qui témoigne, nous nous sommes juré<br />

l'un à l'autre de nous retrouver tous les jours de la semaine, samedi et dimanche exceptés, à la maison de dom <strong>Yves</strong><br />

appelée Ker Martin pour l'entendre expliquer la Bible et prêcher. Nous voulions aussi voir et imiter sa manière de<br />

vivre dans la mesure du possible. Ainsi donc chaque semaine nous sommes venus ensemble en la demeure de dom<br />

<strong>Yves</strong> et nous l'avons entendu faire la lecture de la Bible et prêcher. Cela se passait donc les jours que j'ai dits, fêtes<br />

exceptées. Nous partagions aussi sa table ces jours-là, et je le voyais manger tantôt du pain de seigle, tantôt du pain<br />

d'orge, tantôt du pain d'avoine, tantôt du pain «vassalour», accompagné de plantes potagères ou bien de pois ou fèves<br />

cuits à l'eau sans autre assaisonnement, et sans aucun autre plat préparé, si ce n'est qu'il prenait parfois des raves cuites<br />

avec de la farine, et il ne buvait que de l'eau. Mais les mercredis, vendredis, et samedis sans exception, il jeûnait au<br />

pain et à l'eau, et il ne mangeait qu'une seule fois dans la journée.<br />

Chaque jour de bon matin dans sa chapelle personnelle de Ker Martin il célébrait la messe, et fréquemment il<br />

pleurait très amèrement avant la consécration. Après la messe il nous faisait une lecture de la Bible. Puis il faisait aux<br />

pauvres qui se présentaient alors des aumônes de pain et de ce qu'il avait. Après quoi il prêchait la parole de Dieu<br />

jusqu'aux environs de midi. A midi il prenait la nourriture que j'ai dite en compagnie des pauvres qui étaient là, de<br />

Geoffroy de l'Abbaye et de moi-même. Le repas fini, il regagnait sa chambre pour étudier et pour prier, et s'y tenait<br />

jusqu'à Vêpres. Il quittait ensuite sa chambre et récitait ses heures avec Geoffroy et moi-même. Et quand c'était fini, il<br />

n'arrêtait pas de nous donner de saints avis jusqu'à la nuit tombée.<br />

Il s'étendait la nuit, tout habillé et chaussé comme les Cisterciens de bottes à courroies sans bas, sur une claie, ou<br />

parfois sur le sol avec sous lui un peu de paille ; sous sa tête il posait une pierre ou un livre en guise d'oreiller, et il<br />

n'était couvert que d'une courte-pointe grossière et noire. C'est ainsi que je l'ai vu plusieurs fois, et d'ailleurs il me l'a<br />

reproché.<br />

De jour il allait revêtu d'un long surcot et d'une cotte talaire faits d'étoffé blanche qu'on appelle kordet ou burell,<br />

sans quoi que ce soit comme fourrure. A même sa peau il portait un cilice. Voilà comment je l'ai vu bien des fois.<br />

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