Enquete_canonisation AVEC ILLUST - Fonds St-Yves
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C'était un homme assidu à la prière. Je l'ai vu prier à l'église à genoux et les mains jointes, et il s'y tenait toujours<br />
ainsi sauf s'il célébrait la messe ou l'office divin ou s'il prêchait ; et fréquemment il pleurait très amèrement pendant<br />
qu'il priait. J'ai vu cela plusieurs fois.<br />
Il visitait les malades d'un cœur joyeux et souvent il les instruisait dans la foi du Christ. Aux laïcs qui ne savaient<br />
pas lire, il recommandait de dire souvent le «Notre Père», et il prêchait aussi cette pratique dans ses sermons. Je l'ai vu<br />
et entendu plus d'une fois prêcher, car j'assistais souvent à ses prédications.<br />
Il nourrissait les pauvres et les orphelins ; il les disposait à apprendre à lire, les plaçait aux écoles, acquittant le<br />
salaire des maîtres sur ses ressources personnelles. J'ai constaté cela plus d'une fois et je me souviens avoir vu <strong>Yves</strong><br />
Avispice et Amon En Quoquennec, du diocèse de Tréguier, être l'objet de tels soins.<br />
C'était un homme d'une grande bonté. Il traitait avec affection et bonté les pauvres du Christ, leur servait les choses<br />
nécessaires de ses propres mains, s'asseyant ensuite parmi eux comme l'un d'eux, et mangeait avec eux ; je crois qu'il<br />
se comportait toujours de cette façon-là.<br />
L'habit qu'il mettait était humble. Il portait en effet des vêtements grossiers faits d'une étoffe blanche qu'on appelle<br />
gros burell. C'étaient une cotte à manche longues et larges tombant sur les poignets, sans boutons, et un surcot qui lui<br />
descendait jusqu'aux talons, des souliers liés par des courroies comme en portent les Cisterciens. C'est ainsi que je l'ai<br />
toujours vu se tenir.<br />
Il formait le peuple à exercer la charité partout, et il le faisait tant par la parole que par l'exemple. Il l'amenait à<br />
mépriser la gloire du monde. C'est ce que j'ai vu et entendu plus d'une fois».<br />
Etc. Etc.<br />
TEMOIN 39<br />
Noble homme seigneur Alain de Karamnos, chevalier, du diocèse de Tréguier, âgé de 62 ans...<br />
« J'ai connu dom <strong>Yves</strong> pendant les vingt années ou environ qui ont précédé sa mort. Il fut de vie bonne et sainte et<br />
de mœurs honnêtes. Je l'ai vu en effet dans mon «hôtellerie». On pouvait apporter devant lui de bons mets et du vin, je<br />
ne l'ai jamais vu manger autre chose que du pain grossier ni boire autre chose que de l'eau, bien qu'il fît son possible<br />
pour feindre le contraire, quand je le pressais d'instances convenables jusqu'à l'amener à céder. Je ne l'ai jamais vu non<br />
plus coucher dans un lit, mais s'étendre par terre tout habillé, malgré le bon lit qu'on lui préparait.<br />
Pendant dix ans et plus avant sa mort, je l'ai vu sortir constamment vêtu d'une cotte, d'un surcot et d'un chaperon<br />
d'une étoffe blanche de peu de valeur, qu'on appelle burell, alors que ses biens patrimoniaux aussi bien que ses revenus<br />
ecclésiastiques qui lui rapportaient 40 livres et plus par an, pouvaient lui permettre de s'offrir d'autres vêtements<br />
honorables et de bonne qualité. J'ai entendu dire qu'il portait à même la peau un cilice.<br />
J'ai entendu plus d'une fois dom <strong>Yves</strong> prêcher la parole de Dieu, et parfois, le même jour dans deux, trois et quatre<br />
églises éloignées l'une de l'autre ; dans ses prédications et dans ses activités bonnes et saintes le peuple le trouvait on<br />
ne peut plus agréable.<br />
Tout ce qu'il pouvait avoir et quelle qu'en fût l'origine, il le distribuait aux pauvres...»<br />
TEMOIN 40<br />
Panthonada, veuve de Rivallon le Jongleur, de la paroisse de Prisiac, du diocèse de Vannes, âgée de 80 ans...<br />
« Rivallon, mon défunt mari et moi-même, accompagnés des quatre enfants que j'avais, nous vînmes, onze ans<br />
environ avant la mort de dom <strong>Yves</strong>, à sa maison de Ker Martin pour recevoir aumônes et hospitalité pour l'amour de<br />
Dieu. Dom <strong>Yves</strong> nous accueillit avec beaucoup de joie, et pendant ces onze années-là, ou à peu près, il nous a gardés<br />
chez lui, pourvoyant à notre nourriture et à notre habillement.<br />
Pendant cette période j'ai constaté que dom <strong>Yves</strong> ne mangeait qu'une seule fois par jour du pain grossier, tantôt de<br />
seigle, tantôt d'avoine, tantôt d'orge ou de son, avec des plantes potagères, des fèves, des pois, des raves, sans la<br />
moindre graisse ni autre condiment, et qu'il buvait de l'eau. Tel était son régime, sauf les mercredis, vendredis et<br />
samedis de carême et de l'Avent du Seigneur, les Vigiles des Apôtres, et les jeûnes des Quatre-Temps, où il jeûnait au<br />
pain et à l'eau seulement. Il faut mettre à part les dimanches, car ces jours-là il dînait d'un peu de pain sans rien d'autre.<br />
Dom <strong>Yves</strong> sortait vêtu invariablement d'un surcot et d'une cotte longs et d'un chaperon d'une étoffe blanche bon<br />
marché qu'on appelle burell, aux manches longues et arrondies et sans boutons. Il était chaussé de bottes à courroies<br />
comme les Cisterciens et sans bas ; sous sa cotte il portait une chemise de filasse grossière. J'ai parfois lavé cette<br />
chemise et j'y ai vu tellement de poux que j'en avais horreur. La nuit il faisait un tout petit peu sécher cette chemise<br />
près du feu et il la remettait immédiatement toute mouillée ou humide.<br />
Il passait ses nuits presque sans dormir, à l'écart, dans sa chambre, à étudier et à prier. Il ne s'endormait jamais en<br />
effet qu'accablé d'un trop lourd sommeil. Alors il disposait ses bras autour de sa poitrine, se courbait en avant comme<br />
sur une croix et restait assis la poitrine appuyée sur ses livres, et la tête légèrement inclinée il dormait. Je jure l'avoir vu<br />
plus d'une fois dans cette position.<br />
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