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Enquete_canonisation AVEC ILLUST - Fonds St-Yves

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TEMOIN 3<br />

<strong>Yves</strong> Suet, clerc de la La Roche-Derrien, diocèse de Tréguier, âgé de soixante-dix ans...<br />

«J'ai été à Paris une année, ou à peu près, d'une manière continue en compagnie de dom <strong>Yves</strong> Hélory, partageant la<br />

même chambre, dans le même lieu. Cinquante ans environ se sont écoulés depuis. Nous entendions ensemble les<br />

«logicalia». Dom <strong>Yves</strong> devait alors avoir vers les quatorze ans. Il avait bon caractère ; il apprenait bien. Ses mœurs<br />

étaient bonnes et honnêtes. Il entendait volontiers des messes et fréquemment des sermons.<br />

Par la suite je l'ai vu official de l'archidiacre de Rennes, et plus tard official de l'évêque de Tréguier, et avocat en la<br />

cour de Tréguier. Dans ces fonctions il se comportait en homme de bien, avec justice et bonté. Dom <strong>Yves</strong> était<br />

gratuitement le défenseur et le protecteur des veuves, des orphelins, des mineurs et des autres malheureuses personnes.<br />

Je l'ai vu et entendu plusieurs fois se présenter devant des personnes malheureuses en disant : «Je t'aiderai pour Dieu».<br />

Et je me souviens en particulier d'une certaine veuve Levenitz, de la paroisse de Pommerit qui se trouvait en procès<br />

avec un usurier du même endroit nommé Rivalon Bardoul, à propos d'un certain jardin ou «courtil». Dom <strong>Yves</strong> mena<br />

le procès de Levenitz jusqu'à sa conclusion, gratuitement. J'étais là en personne, voyant, écoutant, connaissant et<br />

assistant cette femme puisqu'elle était de ma famille. Dom <strong>Yves</strong> distribuait aux pauvres d'assez nombreuses aumônes.<br />

J'atteste que j'ai vu le fait plusieurs fois.<br />

Pendant dix ans et plus avant sa mort, dom <strong>Yves</strong> a complètement renoncé aux honneurs du monde et aux vanités du<br />

siècle. Ce qui se cachait au fond de son cœur, son comportement extérieur le révélait. Ainsi l'ai-je vu revêtu d'un surcot<br />

assez long fait d'une grosse étoffe appelée «burell» ou «kordet», avec une seule cotte de la même étoffe, sans boutons.<br />

Il portait des souliers hauts à courroies, à la manière des Prêcheurs, sans bas. J'ai vu par hasard à travers l'encolure de<br />

dom <strong>Yves</strong> le cilice qu'il portait à même la peau. Dès qu'il s'aperçut que j'avais vu ce cilice, il s'empressa de le couvrir<br />

et de le cacher. J'ai vu de nombreux poux sortir du cilice. Plusieurs fois j'ai voulu en débarrasser ses vêtements, mais<br />

dom <strong>Yves</strong> ne me laissait pas faire, il disait : «Renvoie-les à leur réserve».<br />

J'ai bu et mangé bien des fois avec dom <strong>Yves</strong>, par terre, entouré de pauvres. Il ne mangeait que du pain grossier et<br />

des plantes potagères ou des fèves sans autre assaisonnement, et il buvait de l'eau fraîche. J'ai pourtant partagé pas mal<br />

de fois les repas de dom <strong>Yves</strong>, mais je ne l'ai jamais vu manger viandes ni poissons, ni boire de vin. Tout ce qu'il avait,<br />

il le distribuait aux pauvres. Une fois je l'ai vu donner aux pauvres une fournée entière de pain. Ce jour-là, par la suite,<br />

j'étais à table avec lui à Ker Martin, dans sa maison, quand arriva un pauvre d'une laideur extrême et misérablement<br />

vêtu. En ma présence dom <strong>Yves</strong> le fit asseoir en face de lui et manger avec lui dans la même écuelle. Tandis que le<br />

pauvre se tenait près de la porte de la maison, il se tourna vers dom <strong>Yves</strong> et vers moi et nous dit en breton : «Kenavo.<br />

Ra vezo an Aotrou ganeoc'h !» (Adieu. Que le Seigneur soit avec vous !). Cela dit, le pauvre apparut à dom <strong>Yves</strong> beau<br />

et vêtu d'un habit blanc, comme dom <strong>Yves</strong> me le rapporta aussitôt. Il me dit que celui qui était arrivé très laid s'en<br />

allait beau et que la maison resplendissait de la clarté de son habit. A dater de ce jour, dom <strong>Yves</strong> ne mangea pas à cette<br />

table, mais après le départ du pauvre il se mit à verser des larmes et dit : «Maintenant je sais qu'un envoyé de Nôtre-<br />

Seigneur est venu me visiter».<br />

Je l'ai vu une fois près de La Roche-Derrien, un vendredi, jour de marché en ce lieu, deux ans avant sa mort,<br />

acheter six ou sept pièces de grosse étoffe. C'était, à mon avis, pour les donner aux pauvres. J'en ai la ferme conviction<br />

puisque j'ai vu par la suite nombre de pauvres habillés de cette étoffe, et d'ailleurs c'est ce que m'ont rapporté les<br />

pauvres en question.<br />

J'ai vu bien des fois dom <strong>Yves</strong> s'en aller prêcher, accompagnant l'évêque de Tréguier, Geoffroy de Tournemine, en<br />

visite pastorale à travers le diocèse. Je me souviens particulièrement avoir vu dom <strong>Yves</strong> prêcher en présence de cet<br />

évêque dans un village appelé Pommerit où l'évêque faisait sa visite, et j'ai vu dom <strong>Yves</strong> manger à la table de l'évêque<br />

dans ce village, et, bien qu'on y servît de nombreux mets, il n'y mangea que du pain et du potage, et il y but de l'eau.<br />

Ensuite, j'ai vu dom <strong>Yves</strong> s'en aller à pied de Pommerit à Ploëzai, après son évêque, pour prêcher.<br />

J'ai vu dom <strong>Yves</strong> atteint de la maladie dont il est mort. Je l'ai vu six jours avant sa mort à Ker Martin : il était sur<br />

son lit, avec, sous lui, un peu de paille ; il était revêtu de sa cotte ; il avait sur lui une seule petite courte-pointe, sans<br />

valeur, noire, tirée seulement jusqu'à sa poitrine. J'ai vu aussi de la paille sous sa tête, et j'ai la ferme conviction que<br />

sous cette paille se trouvait la pierre qui lui servait d'oreiller. C'est ce que disaient communément les gens qui étaient<br />

là.<br />

<strong>Yves</strong> est mort il y a vingt-sept ans, ou environ ».<br />

Suivent les mêmes déclarations que celles des deux précédents témoins concernant la notoriété publique, la parfaite<br />

intégrité morale, la totale indépendance du témoin, et la véracité de ses dépositions.<br />

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