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Enquete_canonisation AVEC ILLUST - Fonds St-Yves

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gratuitement et par bonté, et il obtint gain de cause. Cependant maître <strong>Yves</strong> Hélory n'accepta de prendre en main<br />

l'affaire de ce pauvre que ce dernier n'eût juré sur les Saints Evangiles qu'il se croyait dans son bon droit. Il se fit aussi<br />

une obligation d'entendre les témoignages de ceux qui savaient juste sa cause. Dans ces régions-là, ces faits sont de<br />

notoriété publique.<br />

Il s'appliquait d'une manière continue à la prière, à la prédication et à l'étude ; il n'était jamais oisif ; au contraire il<br />

était toujours pris par quelque bonne occupation. Que dire de plus ? La sainteté d'une telle vie ne peut s'exprimer par<br />

des mots. J'assure que tous ceux qui sont là en raison des circonstances diraient de lui énormément de bien, comme ils<br />

peuvent le faire en toute vérité».<br />

Etc. Etc.<br />

Denys Jameray, citoyen de Tréguier, âgé de 60 ans...<br />

TEMOIN 32<br />

«J'ai connu dom <strong>Yves</strong> pendant les vingt années, ou environ, qui ont précédé sa mort. Dom <strong>Yves</strong> menait une vie<br />

sainte et juste ; il avait des mœurs honnêtes. Je l'ai vu toujours vivre saintement et se comporter d'une manière parfaite<br />

; et tout ce qu'il pouvait avoir il le distribuait aux pauvres. Voici des preuves. Ceci advint une fois aux alentours de la<br />

fête de la Bienheureuse Marie Madeleine. Une grande famine sévissait à cette époque, et dom <strong>Yves</strong> n'avait plus rien à<br />

donner aux pauvres, alors qu'ils étaient venus plus nombreux le trouver à Ker Martin en quête d'aumônes. « Je n'ai<br />

pour le moment, leur dit-il, rien à vous donner ; mais allez dans mon verger et voyez si les fèves qui s'y trouvent sont<br />

bonnes à manger, et, si elles le sont et qu'elles vous conviennent, cueillez-en à volonté et rapportez-moi les gousses ici<br />

à mon «hôtellerie» pour les faire cuire, et vous qui êtes de cette ville portez-en à vos hospices autant qu'il sera<br />

nécessaire ». Le lendemain les pauvres de la ville de Tréguier allèrent à ces fèves, plusieurs aussi des localités<br />

d'alentour, si bien qu'en trois ou quatre jours les pauvres et les voisins eurent mangé et emporté les fèves. Je connais le<br />

fait pour avoir entendu dom <strong>Yves</strong> recommander aux pauvres de cueillir les fèves autant qu'ils en auraient besoin, et<br />

pour avoir vu les pauvres en question cueillir et emporter les fameuses fèves. Autre fait. Une certaine année, je ne me<br />

rappelle pas laquelle, mais de grands froids sévissaient, et c'était encore la fête de Noël et le carême. Bon nombre de<br />

pauvres vinrent le trouver, disant qu'ils étaient absolument transis de froid et engourdis. «Si vous ne nous aidez pas,<br />

nous n'avons rien pour nous chauffer». - «Je n'ai pas de bois de chauffage à vous donner, leur dit dom <strong>Yves</strong> ; mais<br />

allez dans tel de mes champs où il y a des bruyères. Prenez-en à votre convenance, et laissez le reste pour d'autres qui<br />

en auront également besoin». J'ai entendu dom <strong>Yves</strong> recommander aux pauvres de prendre des bruyères pour leurs<br />

besoins et je les ai vus en prendre et en emporter.<br />

Un vendredi tandis qu'il revenait de La Roche-Derrien, diocèse de Tréguier, où il avait prêché la parole de Dieu,<br />

dom <strong>Yves</strong> rencontra un pauvre à peine vêtu et transi de froid, qui lui demanda l'aumône. «Viens chez moi, lui dit-il, et<br />

je te ferai donner du pain». - «Hélas ! dit le pauvre, je ne suis pas en quête de pain, car je ne pourrais pas le manger. Je<br />

cherche quelque bout de vêtement à me mettre pour ne pas mourir de froid». Emu de pitié, dom <strong>Yves</strong> avisa une<br />

maison, y entra, se défit de la cotte blanche qu'il portait et, hélant le pauvre, il la lui remit. Aussitôt rentré chez lui en<br />

toute hâte, il envoya quelqu'un à Tréguier chez Rivalan Le Folent chercher trois aunes de burell blanc pour se faire une<br />

cotte. J'ai vu le pauvre dont il s'agit revêtu de cette cotte et c'est lui qui m'a dit l'avoir reçue de dom <strong>Yves</strong>. Ayant vu<br />

bien des fois cette cotte j'ai bien reconnu qu'il s'agissait de celle de dom <strong>Yves</strong>.<br />

Dom <strong>Yves</strong> fut un homme chaste, d'une chasteté que ses paroles et ses actes manifestaient, car sa pudeur l'empêchait<br />

de proférer des paroles déshonnêtes et impudiques, mais encore il rougissait d'en entendre. Je constatais pour ainsi dire<br />

tous les jours sa conduite parfaite et chaste, et de nombreux indices ainsi que ses paroles révélaient au dehors cette<br />

chasteté.<br />

C'était un homme d'une grande austérité envers lui-même. Pendant les douze années, ou environ, qui ont précédé sa<br />

mort, il a jeûné chaque jour, d'une manière générale, sans interruption. Les vendredis et les samedis il jeûnait au pain<br />

et à l'eau, et je crois que les mercredis aussi. Il prenait en général du pain grossier de seigle, d'orge ou d'avoine, avec<br />

des plantes potagères préparées au sel et à l'eau sans autre condiment. Il mangeait quelquefois des navets ou des raves.<br />

Quand des pauvres du Christ étaient avec lui à table il mangeait comme eux, même nourriture, et même boisson, c'està-dire<br />

de l'eau fraîche. Je l'ai vu boire et manger ainsi, et ce comporter ainsi communément avec les pauvres.<br />

C'était un homme d'une grande bonté. Il visitait de très bon cœur ceux qu'il pouvait savoir malades aussi bien dans<br />

sa paroisse qu'ailleurs, et il les amenait par de saintes paroles et par de bons exemples à recevoir les sacrements du<br />

salut, et par là à ne pas craindre la mort, protégés qu'ils étaient par les marques de leur appartenance au Christ.<br />

Avaient-ils besoin de ses biens, ils le lui disaient en confiance, et lui d'un cœur généreux leur apportait le nécessaire.<br />

J'ai constaté cela bien des fois ; il m'est arrivé à plusieurs reprises de l'accompagner et je l'ai aussi entendu dire. Tout<br />

ce qu'il pouvait avoir de ses biens patrimoniaux et des revenus de son église, il le distribuait aux pauvres, comme je l'ai<br />

rapporté précédemment.<br />

C'était un homme d'une grande humilité. Ses gestes extérieurs traduisaient l'humilité de son âme. Il s'habillait en<br />

effet d'habits grossiers, alors qu'il pouvait en avoir de très chers. Il portait aussi une chemise de filasse grossière. Il<br />

avait un long surcot avec une cotte d'une grossière étoffe blanche appelée burell. Quand il rencontrait des pauvres, il<br />

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