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Enquete_canonisation AVEC ILLUST - Fonds St-Yves

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iches. Les parties en désaccord qui lui soumettaient leur litige, il faisait tous ses efforts pour les ramener à la paix et la<br />

concorde. J'ai vu et entendu plusieurs fois ces choses-là, étant donné que j'étais alors appariteur de ladite cour.<br />

De même il visitait les malades, surtout les pauvres, partout où il pouvait savoir qu'il y en avait. Je l'ai vu faire et je<br />

me suis trouvé plusieurs fois avec lui dans ces visites-là. Il compatissait aux veuves, aux orphelins, aux pauvres et aux<br />

autres personnes malheureuses, en les conseillant et en plaidant gratuitement pour elles. J'ai entendu et vu bien des fois<br />

plusieurs de ces gens, mais je me souviens plus de leurs noms : ils m'ont rapporté que dom <strong>Yves</strong> les aidait largement et<br />

pour rien.<br />

De même dom <strong>Yves</strong> fut un homme chaste. Si je le sais c'est que j'ai vécu en sa compagnie bien des fois. Jamais je<br />

n'ai pu percevoir ni parole ni action ni geste ni quoi que ce fût qui manifestât des signes de luxure, et pourtant moi qui<br />

vous parle j'ai été à la même époque extrêmement préoccupé de personnes qui vivaient dans la recherche des plaisirs<br />

défendus. Et puis, tout au cours de sa vie dom <strong>Yves</strong> fut considéré comme un homme chaste par tous ceux qui le<br />

connaissaient ; telle fut sa réputation. D'ailleurs, il convainquait d'erreur autant qu'il le pouvait les gens des deux sexes<br />

de quelque condition qu'ils fussent qui s'adonnaient à la luxure.<br />

Dom <strong>Yves</strong> fut aussi un homme de grande patience dans le support des adversités, des injures et des austérités. A<br />

plusieurs reprises Guillaume de Tournemine, alors trésorier de Tréguier et le clerc maître Jean Guérin, citoyen de<br />

Tréguier, insultèrent dom <strong>Yves</strong> dans l'église de Tréguier, et lui qui pourtant était né de race noble étant fils d'un<br />

damoiseau nommé Hélory, fils de Ganaret de Ker Martin, chevalier, ils le traitaient de rustre, de coquin, de truand, de<br />

gueux. Dom <strong>Yves</strong> supportait cela avec patience, et leur répondait en riant : «Que Dieu vous épargne d'être ce que vous<br />

dites !»<br />

Dom <strong>Yves</strong> aussi ensevelissait de ses propres mains, dans l'hôpital de la Bienheureuse Marie de Landreger à<br />

Tréguier les pauvres qui y mouraient, il les portait sur un brancard avec d'autres pour les ensevelir, et il leur donnait<br />

des suaires. J'ai vu cela bien des fois.<br />

Vous m'interrogez encore avec soin sur d'autres points. Je jure que je ne pourrais, aurais-je cent langues, dire<br />

comme il faudrait les bonnes œuvres que dom <strong>Yves</strong> accomplissait tout le temps qu'il vivait».<br />

Etc. Etc.<br />

TEMOIN 9<br />

<strong>Yves</strong> Rachael, prêtre originaire de la ville de Tréguier, vicaire de l'église de Tréguier, âgé de 40 ans...<br />

«J'ai connu dom <strong>Yves</strong> durant les dix années qui ont précédé sa mort. Dom <strong>Yves</strong> est mort il y a eu 27 ans aux<br />

environs de la fête de l'Ascension du Seigneur. C'était un homme de vie bonne et de mœurs honnêtes. Il était en effet<br />

bon et compatissant, dépensant ses biens pour les pauvres et les nourrissant. J'ai vu dom <strong>Yves</strong> dans son manoir de Ker<br />

Martin : il m'y recevait, et beaucoup d'autres pauvres ; il nous faisait asseoir par terre, posait et dépliait une serviette<br />

sur une table basse, et alors seulement servait à tous les pauvres qui avaient pris place du pain grossier de méteil et<br />

tantôt des plantes potagères, tantôt des pois, tantôt des fèves, préparés avec sel et farine, et comme boisson de l'eau. Et<br />

quand on avait fini de manger il me donnait parfois du pain pour mon dîner. Je ne peux pas vous dire combien de fois<br />

j'ai vu cela, car je ne m'en souviens plus.<br />

Dom <strong>Yves</strong> était aussi très assidu à célébrer la messe, il le faisait avec beaucoup de dévotion, très assidu aussi par<br />

ailleurs à la prière et à la prédication. Je l'ai vu souvent célébrer la messe dans l'église de Tréguier avec une grande<br />

dévotion, et prêcher au peuple la parole de Dieu avec une telle ferveur que beaucoup à l'écouter versaient parfois des<br />

larmes. Je l'ai vu prier à genoux, les mains l'une dans l'autre, courbe à terre, le visage recouvert de son capuchon.<br />

Dom <strong>Yves</strong> était aussi un homme très humble et très affable. Il portait en effet un habit honnête et humble, je veux<br />

dire un long surcot et une cotte d'une grossière étoffe blanche de Léonie, de piètre qualité et bon marché ; les manches<br />

de sa cotte lui arrivaient au poing, et elles étaient fermées, mais sans boutons, comme les Prêcheurs ; il portait des<br />

souliers hauts et à courroies, à la manière des Prêcheurs ou des frères de l'ordre de Cîteaux. Quand il saluait ou qu'il<br />

parlait, il le faisait quel que fût celui à qui il s'adressait, avec beaucoup d'humilité et de respect, et son visage était<br />

joyeux et affable. J'ai vu et entendu ces choses-là bien des fois.<br />

J'ai la ferme conviction que dom <strong>Yves</strong> fut un homme chaste. Tous le considéraient ainsi, et le disaient, et telle était<br />

sa réputation partout durant sa vie.<br />

J'étais présent quand dom <strong>Yves</strong> reçut l'Extrême-Onction. Il la reçut avec beaucoup de respect et de dévotion. Sous<br />

ses regards, en face de lui, dans une fenêtre, il y avait une croix avec l'image du Crucifié. Il ne cessait de la regarder<br />

avec respect et dévotion. Il aidait celui qui lui administrait l'Extrême-Onction en disant les psaumes et en répondant<br />

aux autres prières. C'est dom Hamon Gorrec, alors vicaire de l'église de Tréguier, qui lui administra le sacrement, car<br />

dom <strong>Yves</strong> était de la paroisse de Tréguier et sur cette paroisse. Il y avait d'autres assistants : maître <strong>Yves</strong> Cognât, alors<br />

chanoine de Tréguier, dom Geoffroy de l'Abbaye, prêtre, et bien d'autres dont je ne me rappelle pas les noms.<br />

Dom <strong>Yves</strong> se trouvait par terre sur un lit de paille, étendu, habillé de sa cotte, recouvert jusqu'à la poitrine d'une<br />

courte-pointe pauvre et noire, et tenant son capuchon tiré sur sa tête. Cela se passait un samedi. Je crois" qu'il y a 27<br />

ans de cela, le samedi immédiatement après l'Ascension du Seigneur. Quant à l'heure, c'était aux alentours du<br />

crépuscule. Je vis dom <strong>Yves</strong> le lendemain avant le lever du soleil : il était mort. C'est dans la maison de Ker Martin<br />

que j'ai vu le lendemain dom <strong>Yves</strong> mort. C'est de là que ce même jour et pour ainsi dire à cette même heure on<br />

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