Enquete_canonisation AVEC ILLUST - Fonds St-Yves

TEMOIN 73
Jeanne, veuve de Gruey Selvel, de la paroisse de Lannion (diocèse de Tréguier), âgée de 55 ans...
«Un garçon, nommé Aymeri, fils de Hamon Corgeeysay, de la même paroisse, se baignait un jour avec d'autres
enfants dans un bras de mer, et disparut sous l'eau. Tout de suite les enfants qui étaient là se mirent à crier, et à ces cris
beaucoup accoururent et retirèrent l'enfant de l'eau, comme on me l'a rapporté. Sur ces entrefaites j'arrivai et vis, glacé
et mort, l'enfant qu'on avait retiré de l'eau. Puis, en ma présence, on transporta l'enfant ainsi mort chez son père et on le
déposa sur un lit. Comme on le transportait pour l'ensevelir, sa mère arriva. Elle était allée loin au moulin, à ce qu'on
disait. Quand elle vit l'enfant ainsi mort, elle se mit à genoux et dans un grand cri le voua à dom Yves Hélory.
Immédiatement l'enfant ouvrit un œil et appela sa mère, qui lui dit : «Mon fils, où étais-tu ?» - «Avec un homme en
blanc, répondit-il, qui m'a tiré de la fosse où je m'étais noyé». Peu de temps après, m'a-t-on dit, le père et la mère de
l'enfant l'ont conduit avec une offrande au tombeau de dom Yves en l'église de Tréguier. Je suis au courant de ces
choses-là puisque j'ai entendu les cris, que j'ai vu les gens accourir et qu'ils m'ont dit avoir retiré l'enfant. Pareillement
quand on a retiré l'enfant de l'eau, j'étais présente à tous ces événements que j'ai relatés, sauf quand on a conduit
l'enfant au tombeau de dom Yves. Cela s'est passé il y a 24 ans, un vendredi, au mois de mai, à ce qu'il me semble. Il y
avait là moi-même et ma fille nommé Catherine, et Théophanie, fille de Daguet, et Jean, fils du même Daguet, et
Nicolas, fils de Ker-Geminart et plusieurs autres. Cela se passait dans la mer nommée Léguer près de la ville nommée
Lannion. Il me semble que la mère a prononcé sur son fils les paroles suivantes ou de semblables : «De même que c'est
moi en personne qui t'ai mis au monde, de même je te voue à saint Yves». Je connaissais l'enfant en question depuis sa
naissance, car c'est le fils de mon frère. Il est resté dans l'eau le temps de parcourir une lieue, d'après ce que m'ont dit
les gens qui étaient là. Moi je l'ai vu mort, était donné qu'il était pâle et glacé, qu'il n'avait pas de respiration, qu'il n'y
avait de vie dans aucun membre, ce dont je me suis rendue compte en le touchant avec attention et en le palpant.
L'enfant était originaire de la ville de Lannion. Il avait onze ans ou environ...»
TEMOIN 74
Catherine, fille de feu Hervé Selvel, de la paroisse de Lannion, âgée de 38 ans ou environ...
« J'ai entendu un jour des gens crier : «Venez vite, venez vite, disaient-ils, le fils de Hamon Cargeesay est mort».
Alors je suis accourue avec ma sœur Jeanne, et j'ai trouvé mort sur une rive le fils en question. El j'ai vu les gens qui
étaient là remuer ce garçon dans tous les sens, et ils le touchaient à qui mieux-mieux et ils le palpaient, sans trouver en
lui ni souffle ni vie. Puis ils l'ont transporté sur une échelle dans la maison de son père. Et c'est alors que j'ai vu peu
après survenir sa mère, qui jusque-là était absente. A la vue de son fils dans un tel état de mort, elle se mit à crier bien
fort et à répéter : «Seigneur saint Yves, je vous demande mon fils, et je vous dévoue mon fils et je vous le dévoue». Et
sur le champ le garçon ouvrit un œil, puis l'autre, souleva une main et dit : «Où est ma mère ?» Je sais cela car j'étais
là, comme je l'ai dit. Cela s'est passé il y a bien plus de 20 ans. Il me semble qu'on était en été, mais je ne me souviens
ni du mois ni du jour. Les personnes présentes étaient ma mère et moi, et beaucoup d'autres, mais je ne sais plus qui,
car les cris avaient rassemblé là un très grand nombre de gens. C'était le long d'un bras de mer appelé Léguer et dans la
ville de Lannion. J'ai déjà dit qui on avait invoqué et en quels termes. Je dis que ce garçon était mort, car j'en ai la
ferme conviction, étant donné qu'il présentait tous les signes de la mort : il tenait les yeux clos, tous ses membres
étaient glacés et roides, et tous ceux qui le voyaient le regardaient comme mort sans avoir l'ombre d'un doute. L'enfant
s'appelait Aymeri, et je le connaissais auparavant, puisque c'était un parent et un voisin. Il avait 10 ans ou davantage.
Je l'ai vu en état de mort environ le temps d'une lieue. Il était originaire de Lannion. Il a rendu de l'eau ce que peut
contenir le creux de la main...»
TEMOIN 75
Hervé Mindre, paroissien de Lannion, âgé de 35 ans ou environ...
«Un jour Aymeri, fils de Amon Largeesay, de la même paroisse, et moi nous nous baignions dans un bras de mer
appelé Léguer près de la ville de Lannion. Nous avions atteint à la nage sans y prendre garde une fosse qui se trouve
au fond de cette eau. Nous pensions au contraire qu'il y avait là peu d'eau, car nous avions par ailleurs selon nous fait
attention à la fosse en question, puisque nous ne savions nager qu'à condition d'avoir pied. C'est alors que nous
trouvant au-dessus de la fosse nous nous mîmes à perdre pied. Epouvantés et voulant nous aider l'un l'autre, nous nous
poussions violemment au fond, frappés de stupeur et complètement perdus. Survint alors un nommé Thomas Musard,
aujourd'hui défunt, originaire de Lannion. Otant tout de suite sa chemise, il la tendit. C'est moi qui me présentai le
premier à la surface, et de ma main je saisis la chemise et m'y maintins, et je sortis ainsi de l'eau. Mais Aymeri
rejoignit de nouveau le fond de la fosse et y resta noyé devant moi qui le voyais. Survint un homme du nom de
Bogolguen, de la ville de Lannion, aujourd'hui défunt. Il se dévêtit, plongeant nu dans l'eau et y chercha le noyé. Mais
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