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Enquete_canonisation AVEC ILLUST - Fonds St-Yves

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Il dormait peu étant donné qu'il passait presque toute la nuit à veiller, prier, lire et exhorter. Alors qu'il était accablé<br />

de sommeil, je l'ai vu au bas de son église de Louannec s'étendre tout habillé et chaussé sur un tombeau de pierre. Je<br />

l'ai vu aussi coucher sur une claie faite de branches et de gros bâtons entrecroisés, avec sous lui un peu de paille.<br />

Quand il était chez lui à Ker Martin il couchait par terre avec un peu de paille. C'est ainsi que je l'ai vu. Parfois il<br />

plaçait des livres à sa tête pour lui servir d'oreiller. Il y avait pourtant là une courte-pointe bon marché. Je ne sais pas<br />

s'il s'en couvrait. Il a un jour apporté à ma mère pour les faire laver sa cotte et sa chemise de filasse, et il est resté avec<br />

son surcot sur la peau. Ma mère voulut mettre sa cotte et sa chemise à sécher. Dom <strong>Yves</strong> ne le lui permit pas ; il les<br />

prit et je crois bien qu'il se les mit tout humides, comme elles étaient, et qu'il les garda toute la nuit. Chez lui en effet il<br />

n'avait pas d'autres habits à se mettre, et c'est avec eux que je l'ai vu célébrer le matin.<br />

C'était un homme d'une grande bonté envers les pauvres : il leur distribuait tout ce qu'il avait ; il les servait de ses<br />

propres mains ; il les invitait à déjeuner et il les faisait asseoir près de lui, même s'ils étaient assez repoussants, et il les<br />

faisait manger dans sa propre écuelle. Il visitait aussi les malades, habillait ceux qui manquaient de vêtements,<br />

revigorait les religieux, administrait aussi aux malades le corps du Christ, entendait leurs confessions, accueillait de<br />

nuit les pèlerins pauvres dans une maison spécialement construite pour cela. Comme je vous l'ai dit, j'ai vécu en sa<br />

compagnie et j'ai vu de mes propres yeux ce que je vous raconte. Cela s'est passé en ma présence, et en cela je lui<br />

apportais toute l'aide possible.<br />

C'était un homme d'une grande humilité et d'une grande modestie. Je l'ai vu habillé humblement, pauvrement, alors<br />

qu'il pouvait avoir de bons vêtements. Il portait un long surcot d'une grossière étoffe blanche qu'on appelle burell, une<br />

cotte à larges manches sans boutons comme les religieux, et des souliers à courroies, sans bas. Sa démarche était<br />

humble ; il regardait le sol, la tête inclinée, et son capuchon lui tombait un peu sur les yeux. Il fuyait aussi les honneurs<br />

du monde. Pour moi et pour les autres, manifestement il était humble. Il lui déplaisait beaucoup qu'on le fît valoir, si<br />

bien qu'il n'était pas seulement humble, mais, comme on dit, très humble. C'était un homme d'une longue patience. Je<br />

le dis pour avoir vécu avec lui le temps que l'on sait ; jamais je ne l'ai vu montrer de la nervosité envers quelqu'un.<br />

Il était d'une grande assiduité à prier et à prêcher. Je l'ai vu prêcher plusieurs fois le même jour, même dans des<br />

lieux distants les uns des autres. Il priait avec dévotion et célébrait à peu près tous les jours. Il passait la nuit presque<br />

sans dormir et l'occupait en prières, lectures et bonnes exhortations. Je crois qu'il se serait bien des fois passé de<br />

sommeil, mais qu'il dormait un peu parce qu'il avait à célébrer le lendemain. Sa manière de célébrer était la suivante :<br />

avant de revêtir les ornements sacerdotaux, il se prosternait à terre près de l'autel ; là il priait longtemps et avec<br />

ferveur, et il répandait une grande abondance de larmes. Et quand il avait célébré il priait de la même manière et<br />

pleurait et plus longtemps ; mais il le faisait le plus discrètement possible pour n'être vu de personne.<br />

C'était un homme qui avait une grande compassion pour les mineurs, les orphelins, les veuves, les pauvres et les<br />

autres personnes malheureuses. Il les prenait en pitié, les consolait, leur faisait des aumônes, comme je l'ai déjà dit. Il<br />

avait un « panier », et il y mettait du froment pour les mineurs et les orphelins afin qu'on en prît pour leur préparer à<br />

manger.<br />

Sa sainteté lui valait une grande autorité et un grand respect. Nobles, riches et pauvres l'avaient en vénération et le<br />

révéraient comme un père. Ils se levaient pour lui faire honneur. Ils allaient plus volontiers à ses prédications qu'à<br />

celles des autres. Je crois que celles-ci ont rapproché de Dieu bien des gens que le diable avait entraînés. Il jouissait<br />

d'une si grande autorité et d'un si grand respect qu'il remettait d'accord des gens en contestation. C'était d'ailleurs à cela<br />

qu'il s'appliquait beaucoup et souvent. Ceux qui étaient en désaccord entre eux avaient beau ne pas faire confiance à<br />

d'autres, ils se fiaient à lui, et il arrivait à les mettre en paix. J'ai vu ces choses-là bien des fois, et bien des fois je l'ai<br />

accompagné pour ce genre d'affaires.<br />

C'était un homme d'une grande perfection si bien qu'à considérer ses vertus, que je n'arrive pas à dénombrer, il<br />

n'avait pas son égal sous le soleil. Sa vie et ses mœurs servaient de miroir et de modèle aux autres. Tel ou tel des autres<br />

pouvait mener une vie vertueuse, mais comparée à la sienne cette vie avait l'air, d'une façon ou d'une autre, entachée<br />

de fautes».<br />

Etc. Etc.<br />

TEMOIN 21<br />

Geoffroy Arnaud, âgé de 63 ans... chantre de l'église de Tréguier...<br />

<strong>Yves</strong> fut un homme de vie bonne et de mœurs honnêtes. Je l'ai connu pendant les six années ou environ qui ont<br />

précédé sa mort. Il portait alors, c'est ce que j'ai vu, un vêtement humble ; il était habillé d'une cotte à manches longues<br />

sans boutons, et d'un surcot assez long d'une grossière étoffe blanche appelée burell ; il était chaussé de souliers à<br />

courroies comme en ont les religieux cisterciens.<br />

C'était un homme d'une grande austérité. J'ai entendu dire qu'il ne mangeait que du pain grossier et des plantes<br />

potagères ou des fèves et buvait de l'eau fraîche. Je l'ai vu une fois en compagnie du seigneur Geoffroy de Tournemine<br />

alors évêque de Tréguier, dans l'église de Plouaret au cours d'une visite pastorale. L'évêque mangeait chez le recteur, et<br />

l'on avait servi à table d'assez nombreux mets. Lui ne mangeait que du pain grossier et des plantes potagères et but de<br />

l'eau. Je mangeais à la même table que dom <strong>Yves</strong>, et je l'ai vu manger de ce pain-là et des légumes, et ne boire que de<br />

l'eau.<br />

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