Enquete_canonisation AVEC ILLUST - Fonds St-Yves
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Dom <strong>Yves</strong> était un homme très assidu à prier et à prêcher. Il dépensait dans la prière et la prédication une énergie<br />
très grande. C'est ainsi que je l'ai vu maintes fois célébrer et prêcher dans son église et ailleurs avec tant de charme et<br />
de ferveur que les gens ne pouvaient se rassasier de l'entendre. Avant chaque messe et chaque sermon, comme après, il<br />
priait très dévotement, parfois avec larmes. Il lui arrivait fréquemment d'aller prêcher le même jour dans plusieurs<br />
endroits, et il rentrait parfois de ses prédications extraordinairement fatigué, comme j'ai pu m'en rendre compte moimême.<br />
C'était un homme à compatir d'abord et avant tout aux gens malheureux. Aussi quand il connaissait des orphelins<br />
ou des veuves ou d'autres personnes semblables dans le malheur, leur donnait-il de son blé et de son argent pour<br />
subvenir à leurs besoins, ne gardant rien pour lui dès lors qu'il pouvait savoir quelqu'un dans une telle indigence. Je le<br />
voyais agir ainsi très souvent aussi bien dans sa paroisse qu'à travers d'autres localités.<br />
Je n'ai pas assisté à sa mort. Cependant j'étais là durant sa maladie jusqu'au troisième jour avant sa mort. Ce jour-là<br />
dom <strong>Yves</strong> m'a commandé d'aller à son église pour empêcher les gens de venir le voir, et leur dire qu'il était en bonne<br />
condition, grâce à Dieu ; et il le fit faire parce qu'à l'annonce de la gravité de sa maladie les gens commençaient à<br />
affluer à son chevet, et particulièrement de la paroisse de Louannec...».<br />
TEMOIN 44<br />
Derrien de Bouaysalio, autrement dit, Denys de Bosche Alioche, de la paroisse de la Bienheureuse Marie de Sulard<br />
qui dépend ou qui fait partie maintenant de l'église de Louannec, âgé de 60 ans...<br />
« J'ai connu dom <strong>Yves</strong> tout le temps qu'il fut recteur de l'église de Louannec. Je l'avais vu et connu aussi du temps<br />
qu'il était officiai de Tréguier. Il menait une vie très dure et très rude, en ce qui concerne aussi bien la nourriture et la<br />
boisson que les chaussures, les habits et même le coucher. J'ai vu bien des fois dom <strong>Yves</strong> manger du pain grossier et<br />
du potage et boire uniquement de l'eau, dans ma maison plus d'une fois, et au presbytère de Louannec ; et je crois que<br />
dom <strong>Yves</strong> vivait toujours de cette façon-là, principalement parce qu'on le disait publiquement. Une fois dom <strong>Yves</strong>,<br />
quelques autres et moi, sommes allés en pèlerinage ensemble, à la Bienheureuse Vierge de Quintin, au diocèse de<br />
Saint-Brieuc. A cette occasion, un de nos compagnons, nommé Thomas de Kerrimel, touché par les exhortations et les<br />
prédications que dom <strong>Yves</strong> lui avait faites, se fit en chemin moine au monastère de la Bienheureuse Marie de Bégard.<br />
Lorsque dom <strong>Yves</strong> eut résigné sa charge d'official de Tréguier, il portait des vêtements, surcot, cotte et chaperon,<br />
de grossier burell blanc, et des souliers hauts à courroies, comme en portent les moines de Bégard de l'ordre de<br />
Cîteaux. Je l'ai vu très souvent jusqu'à l'époque de sa mort et il portait ces habit-là. Jusqu'à l'époque de sa mort, cela<br />
signifie dix ou douze années, à ce qu'il me semble. Et je pense qu'il y a bien 27 ans et plus qu'il est mort. J'ai vu très<br />
souvent l'endroit où il couchait : c'était sur un grenier une claie : là-dessus il avait pour lit un peu de paille ; je n'y ai<br />
rien vu d'autre. C'était là qu'il étudiait, comme je l'ai vu parfois, et qu'il dormait comme on le disait.<br />
Dom <strong>Yves</strong> était un homme d'une grande bonté. Je l'ai vu faire aux pauvres de nombreuses aumônes, et il leur<br />
donnait tout ce qu'il avait ou pouvait avoir. Telle est et telle était la rumeur publique à ce sujet. J'ai vu dom <strong>Yves</strong> une<br />
année faire battre rapidement les blés de ses moissons et les distribuer aux pauvres. C'est alors, en ma présence, qu'un<br />
certain Alain de Carbon, de la paroisse de Louannec, lui dit qu'il manquait de prudence à livrer ainsi son blé à cette<br />
époque-là, car, s'il le gardait en réserve, il en tirerait davantage. Dom <strong>Yves</strong> répondit devant moi à cet Allain : «Je ne<br />
suis pas certain d'être en vie à ce moment-là». J'ai vu et entendu dom <strong>Yves</strong>, l'année s'étant écoulée, demander à notre<br />
Alain combien il avait gagné en mettant de côté pour lui le blé de l'année précédente. Ce dernier lui répondit : «J'ai<br />
gagné le cinquième». «J'attends un plus grand profit, lui dit dom <strong>Yves</strong>, de mon blé que j'ai livré à l'époque des<br />
moissons». Fréquemment j'ai vu dom <strong>Yves</strong> visiter un très grand nombre de malades dans la paroisse de Louannec et de<br />
Kermaria-Sulard : ce serait trop long à raconter. La visite aux malades consistait à les réconforter, à les amener à se<br />
confesser et ensuite à entendre leurs confessions.<br />
C'est avec simplicité et douceur que dom <strong>Yves</strong> entrait en relations avec tout le monde, gens de rang élevé aussi bien<br />
que petites gens, qu'il les écoutait, qu'il leur parlait, prononçant toujours ses paroles avec gaîté et gentillesse.<br />
C'était un homme d'un grand esprit de justice. Ainsi quand il était officiai de Tréguier, je l'ai entendu et vu bien des<br />
fois rendre devant moi à toutes les parties une rapide justice, s'il n'avait pas réussi auparavant à les mettre d'accord.<br />
Cela est de notoriété publique dans la ville et le diocèse de Tréguier.<br />
Dom <strong>Yves</strong> était un homme assidu à prier, à prêcher, et à célébrer la messe. Je l'ai vu bien des fois prêcher à<br />
Louannec et à Tréguier, et dans plusieurs autres localités. Je l'ai vu très souvent célébrer la messe. Très pieusement il<br />
se mettait en oraison avant ses sermons et après, avec une si grande dévotion que ceux qui étaient présents il les<br />
amenait à la dévotion jusqu'aux larmes, et il y parvenait aussi lorsqu'il prêchait. Pour cette raison, quand il devait<br />
célébrer et prêcher, tous ceux qui le pouvaient le suivaient. D'ailleurs avant que dom <strong>Yves</strong> ne commençât ses<br />
prédications, les gens de toute la région étaient très durs à pousser au bien ; mais ses prédications et ses bons exemples<br />
les édifièrent et les rendirent meilleurs. J'ai constaté que les gens d'alors étaient plus portés à la débauche et aux péchés<br />
qu'on ne l'est aujourd'hui. Et c'est d'ailleurs l'opinion des hommes du pays que cela est dû aux exhortations que dom<br />
<strong>Yves</strong> n'a cessé de répandre dans la région.<br />
Dom <strong>Yves</strong> était un homme d'une grande compassion à l'égard des mineurs, des orphelins, des veuves et des autres<br />
personnes malheureuses qu'il voyait ou savait pauvres, ou à l'égard des autres impotents, comme on le dit couramment<br />
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