Enquete_canonisation AVEC ILLUST - Fonds St-Yves
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parti. A la vue de ce miracle, ma femme et moi, et tous nos autres gens, avec notre palefroi nous sommes allés en<br />
pèlerinage au tombeau de saint <strong>Yves</strong>. Le palefroi lui-même est entré aussi vite qu'il a pu dans l'église de Tréguier où<br />
repose le corps de saint <strong>Yves</strong>, et tout le temps qu'il y est resté il n'a pas cessé de hennir comme pour remercier, alors<br />
que ce jour-là, quand on le menait, il ne hennissait pas et que par ailleurs il n'était pas dans ses habitudes de hennir. J'ai<br />
la ferme conviction, et c'est de notoriété publique, que si mon valet et mon palefroi ont échappé au danger de la<br />
noyade, ils le doivent à l'invocation de saint <strong>Yves</strong>. Assistaient à l'événement des familiers, les marins dont j'ai oublié<br />
les noms et mon épouse. Quant à la date je ne m'en souviens pas, pas plus que du nom du valet ni de son lieu<br />
d'origine...»<br />
TEMOIN 149<br />
Conan de Gorsabaz, de la paroisse de Saint Quay, âgé de 60 ans et plus...<br />
« Deux ans ou environ avant la mort de dom <strong>Yves</strong>, un jour, je ne sais plus lequel, je suis allé le voir dans son église<br />
de Louannec. J'y avais mangé et bu, et sur les entrefaites sont arrivés ensemble beaucoup de pauvres, il y en avait 24 et<br />
plus, j'en suis sûr, pour recevoir de dom <strong>Yves</strong> une aumône. Il partit acheter du pain, et n'en trouva qu'un de deux<br />
deniers. Il le prit : «Tant qu'il durera, dit-il, je le partagerai, et que Dieu supplée au reste !». Il en donna à tous les<br />
pauvres et il en distribua à chacun une quantité telle qu'il n'aurait pas dû y en avoir pour douze, étant donné ce qu'il<br />
donnait à chacun. Je crois que s'ils étaient venus plus nombreux le même pain aurait suffi à tous. Je ne me souviens ni<br />
du mois ni du jour ni du nom des pauvres. Et j'ai la ferme conviction qu'il y a là un miracle...»<br />
Ollivier Lannuic, de la cité de Tréguier, âgé de 60 ans...<br />
TEMOIN 150<br />
« Il y a quelque temps, puisque dom <strong>Yves</strong> était encore en vie, nous couchions lui et moi souvent dans la sacristie de<br />
l'église de Tréguier, moi en hauteur sur des sortes de portes et lui en bas par terre. Une nuit, je ne me rappelle plus<br />
laquelle, j'entendis un grand vacarme, comme si c'était le tonnerre, si formidable qu'il me sembla que toute l'église<br />
dégringolait. J'avais tellement peur que je n'osais pas crier, et je me mis tout entier sous les couvertures. Dom <strong>Yves</strong><br />
m'appela et me dit de me lever, que nous irions tous les deux voir ce qui se passait. Sortant de la sacristie nous nous<br />
dirigeâmes ensemble tous les deux, munis d'une lumière, vers le sépulcre ou la tombe qui se trouvait devant le maîtreautel.<br />
Et je restai là sur son ordre. Quant à lui il se rendit alors à l'endroit où l'on gardait les reliques. Là dom <strong>Yves</strong> et<br />
quelqu'un d'autre se mirent à converser entre eux, <strong>Yves</strong> très humblement, et l'autre avec assurance, mais je ne<br />
comprenais pas ce qu'ils disaient ; je n'entendais que le bruit des voix. Quand ils eurent beaucoup prié, dom <strong>Yves</strong><br />
revint et me dit : «Allons nous reposer ; on a fait la paix», avec interdiction de révéler à quiconque ce que j'avais vu et<br />
entendu. J'ignore qui parlait avec dom <strong>Yves</strong>, car personne d'autre n'était resté et ne se trouvait dans l'église à part dom<br />
<strong>Yves</strong> et moi. J'ai la ferme conviction qu'il s'agissait du Bienheureux Tudual, car c'est à l'endroit où reposent ses<br />
reliques que dom <strong>Yves</strong> se rendit.<br />
Une autre fois alors que je faisais tinter les cloches, j'ai vu une colombe resplendissante, et l'éclat de sa lumière<br />
éclairait toute l'église, depuis la sacristie où dom <strong>Yves</strong> était resté jusqu'à l'autel. Du coup, j'ai cessé de sonner et suis<br />
allé voir ce qui se passait. Immédiatement colombe et clarté ont disparu. Matines achevées, dom <strong>Yves</strong> m'a demandé<br />
pourquoi j'avais si peu sonné. Dans ma réponse je lui ai raconté l'événement. Il m'a défendu alors de révéler cela à<br />
quiconque...»<br />
TEMOIN 151<br />
Guillaume Ballech, paroissien de Kerrien, diocèse de Quimper, âgé de 60 ans ou environ...<br />
« J'étais alors perclus d'une jambe ; elle se tenait contre ma cuisse, et j'étais incapable de l'étendre. Je marchais donc<br />
avec échasses et béquilles. Passant par la cité de Tréguier et ne trouvant personne pour me donner l'hospitalité pour<br />
l'amour de Dieu, je suis arrivé à la maison de dom <strong>Yves</strong> à Ker Martin. Il manifesta une grande joie à me recevoir,<br />
joignit les mains, les leva au ciel et me dit : «Béni soit Dieu qui m'a envoyé un messager !». Tout de suite on a dressé<br />
la table, et il m'a servi du pain, du potage et de l'eau. Dom <strong>Yves</strong> a mangé avec moi du pain grossier seulement et il a bu<br />
de l'eau fraîche. Le soir, il m'a fait coucher dans un lit, le lendemain j'ai pris la liberté de m'en aller. Je ne me trouvais<br />
pas loin de la ville de La Roche Derrien, tout près d'une chapelle, quand je vis dom <strong>Yves</strong>. «Pourquoi t'être retiré<br />
comme ça ?» me dit-il, et il m'a donné deux deniers. Il est entré dans la chapelle et il y a célébré la messe devant moi<br />
et en présence de nombreuses personnes que je ne connaissais pas. A l'élévation du Corps du Christ, j'ai vu un éclair<br />
tourner rapidement autour du calice, si vite que je n'ai pas pu le fixer. L'élévation finie, l'éclair disparut. Au mois de<br />
septembre il y a eu 30 ans de cela. Du jour je ne me souviens plus ; de ceux qui étaient là non plus.<br />
Après la mort de dom <strong>Yves</strong> j'entendis parler des miracles que Dieu accomplissait par lui, et je me souvins de<br />
l'hospitalité qu'il m'avait donnée. Alors je l'invoquai et me vouai à lui en ces termes : «Je me voue au Seigneur saint<br />
<strong>Yves</strong>, et je promets d'être son homme et de lui faire offrande de six deniers par an pour ma guérison». A peine avais-je<br />
dit cela qu'une lueur soudaine m'entoura, et je fus réchauffé au point de transpirer. Dès que j'eus fini de transpirer, je<br />
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