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Enquete_canonisation AVEC ILLUST - Fonds St-Yves

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TEMOIN 30<br />

Geoffroy Jubiter, recteur de l'église de Trédrez, diocèse de Tréguier, âgé de 50 ans...<br />

« J'ai connu dom <strong>Yves</strong> et j'ai été à son service treize ans, ou environ. C'était dans l'église de Trédrez dont il fut le<br />

recteur huit ans et plus, et dans son manoir de Ker Martin, pendant sept ans ou environ.<br />

Dom <strong>Yves</strong> fut un homme de vie bonne et de mœurs honnêtes. Il célébrait chaque jour sans manque, ou presque, à<br />

moins qu'il ne fût empêché par quelque chose d'important. Il disait ses heures canoniales sans faille, et comme j'étais<br />

son clerc, je l'aidais bien des fois, voire très souvent, à dire ses offices.<br />

Il avait plus d'affection pour les pauvres que pour les riches ; il faisait aux malades des visites très fréquentes, les<br />

réconfortant et les entretenant des choses de Dieu, et il leur distribuait ce qu'il pouvait en aumône de pain, de vin et<br />

d'argent. Je le suivais presque toujours ; je portais sa Bible et son bréviaire. J'entendais donc et je voyais tout cela.<br />

Dom <strong>Yves</strong> fut un homme chaste. Jamais en effet je n'ai vu ni entendu chez lui quoi que ce fût de contraire à la<br />

chasteté. Bien mieux, ses regards étaient pleins de réserve, ses paroles très chastes, et son cœur, j'en suis sûr, pur de<br />

tout penchant au mal. Aussi dans ses prédications engageait-il hommes et femmes à se comporter chastement et à<br />

s'abstenir du vice charnel et de tous les vices. Bien des fois je l'ai vu et entendu prêcher la parole de Dieu dans les lieux<br />

que j'ai mentionnés, et dans plusieurs autres : c'était ce vice qu'il détestait par-dessus tout.<br />

Il fit construire à Ker Martin dans le domaine paternel une maison pour les pauvres, et il les recevait là, refaisant<br />

leurs forces grâce aux biens que Dieu lui donnait. J'étais avec lui quand il faisait faire cette maison, et je voyais tout<br />

cela. Plus d'une fois et particulièrement en hiver, il lui est arrivé d'acheter des étoffes, dont il habillait les pauvres du<br />

Christ. J'ai transporté moi-même ces étoffes chez dom <strong>Yves</strong>, et je suis allé avec lui bien des fois donner aux pauvres<br />

leur part de vêtements. Tout ce qu'il avait, il le leur distribuait si bien que parfois il ne lui restait rien à manger. Et j'en<br />

étais réduit bien des fois à pleurer, même s'il me disait pour me réconforter : «Vous aurez assez de pain». Quand j'étais<br />

à Ker Martin j'allais tous les jours sur son ordre à Tréguier chercher le pain qu'il distribuait aux pauvres.<br />

Dom <strong>Yves</strong>, sa vie durant, dépensait tout son temps en actions bonnes. Voici comment : d'une façon habituelle et<br />

régulière ou bien il disait ses heures canoniales, ou bien il lisait les Saintes Ecritures, ou bien il étudiait, ou bien il se<br />

consacrait à des prières et à des veilles ou à des prédications de la parole de Dieu, ou bien il s'occupait à soutenir et à<br />

défendre les pauvres, les veuves et les orphelins et il prenait en main leurs justes causes de très grand cœur et pour<br />

rien. J'ai vu un pauvre, un noble, il s'appelait Richard Le Brouz, il était de la paroisse de Trédrez. Ce noble était en<br />

procès avec l'abbé de la Bienheureuse Marie du Relecq, au diocèse de Léon. Or sa pauvreté l'empêchait de poursuivre<br />

son procès. Il s'en vint donc trouver dom <strong>Yves</strong>, le suppliant pour Dieu et par bonté de l'aider et de le soutenir dans son<br />

bon droit contre cet abbé qui cherchait à lui enlever sa terre ; il ne pouvait se défendre car il était vidé, pour ainsi dire,<br />

de toute sa substance. Dom <strong>Yves</strong> lui demanda : «Votre cause est-elle juste ?» - « Oui, répondit-il, je le crois et je suis<br />

prêt à vous en donner l'assurance par serment ». Ce qu'il dut faire, avant que dom <strong>Yves</strong> ne voulût s'engager dans son<br />

procès. Mais le serment prononcé, dom <strong>Yves</strong> se mit aussitôt à conduire le procès du pauvre, et il le mena jusqu'à sa<br />

conclusion au profit de notre pauvre, dont il défendait le bon droit. Voilà ce que j'ai vu.<br />

<strong>Yves</strong> allait fréquemment à pied d'une localité à une autre prêcher la parole de Dieu. Un même jour je l'ai vu se<br />

rendre à l'église de Trédrez, à celle du Bienheureux Michel en Grève, au diocèse de Tréguier, et il prêcha dans ces<br />

deux églises. A plusieurs reprises et deux fois le même jour je l'ai vu prêcher : c'était dans l'église et dans le cimetière<br />

de Tréguier.<br />

La nuit il se livrait à l'étude et à la prière, et bien souvent j'ai entretenu son luminaire.<br />

Il usait d'un pain grossier de seigle, d'orge ou d'avoine, et de plantes potagères préparées à l'eau et au sel ; il y<br />

mettait parfois un peu de farine ; parfois il mangeait des fèves mal cuisinées, et il buvait de l'eau fraîche. Il jeûnait trois<br />

jours par semaine au pain et à l'eau, les mercredi, vendredi et samedi. Il jeûnait encore au pain et à l'eau durant tout le<br />

carême. De même tous les ans il jeûnait au pain et à l'eau de la fête de l'Ascension à celle de la Pentecôte. Quand il se<br />

trouvait en compagnie d'évêques ou de riches amis, il lui arrivait, mais c'était rare, de céder à leurs instantes prières et<br />

de mettre dans son eau autant de vin qu'on met d'eau dans le vin d'habitude. C'est ainsi qu'il faisait durant les dix<br />

dernières années de sa vie, et durant cette décennie il n'a, à ma connaissance, jamais bu de vin.<br />

Quand il était dans sa maison de Ker Martin, il prenait la même nourriture et la même boisson que les pauvres et<br />

s'asseyait par terre avec eux. C'est ce que j'ai vu bien des fois.<br />

Il était humble. Bien pourvu en effet en église et en patrimoine, il pouvait se présenter en vêtements de qualité et<br />

monter un bon cheval. Malgré cela, il portait un long surcot, une cotte et un chaperon d'une grossière étoffe blanche, et<br />

c'est à pied qu'il parcourait le pays pour prêcher au peuple la parole de Dieu.<br />

Un jour le seigneur Alain, alors évêque de Tréguier, fit mener à dom <strong>Yves</strong> par messager un palefroi. Dom <strong>Yves</strong><br />

reçut le palefroi, le retint et dit au domestique : «Va, car je te suis sur le champ». Et voulant prendre la route sans<br />

tarder, il m'intima l'ordre, à moi son clerc à l'époque, d'enfourcher la bête, et c'est ce que je fis, tandis que lui me<br />

suivait à pied.<br />

Quand dom <strong>Yves</strong> était l'official de Tréguier, le tiers du revenu du sceau, part que sa fonction rapportait à l'official,<br />

il le donnait aux pauvres. Il rendait la justice à chacun rapidement, et il faisait son possible pour rappeler et ramener à<br />

la paix et à la concorde ceux qui engageaient un procès devant lui. Je me souviens avoir vu et entendu cela plus d'une<br />

fois.<br />

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