Enquete_canonisation AVEC ILLUST - Fonds St-Yves

Pierre nous l'avons délié pour le conduire paisible et tranquille au tombeau. Or quand nous avons quitté la maison
quatre hommes avaient du mal à l'amener et à le tenir, même après l'avoir ligoté. Une fois près du tombeau, nous
l'avons voué et nous avons prié, et il est revenu à son état normal antérieur. Cela s'est passé le mercredi après la fête
des Apôtres Pierre et Paul l'an du Seigneur 1330. Etaient présents avec moi Pierre Chamet, mon frère, et Pierre Le
Prévost, déjà cité, et Jean Le Saulnier, notre parent. J'ai déjà dit le lieu et qui fut invoqué. Pour ce qui est des paroles
qui ont exprimé le vœu, sa mère et ses frères dirent qu'ils le vouaient à Dieu et à dom Yves, promettant de l'amener ou
de le faire amener au tombeau de dom Yves, et d'y offrir un cierge de la grosseur de son ventre et un autre de la
grosseur de sa tête s'il lui donnait la santé. Notre mère et moi, nous l'avions auparavant voué déjà et amené à saint
Jagu, et à saint Léonard, et à saint Guillaume au diocèse de Saint Malo, et il en est revenu malade comme il y était allé.
C'est pourquoi nous avons voué Guillaume à dom Yves, comme on l'a dit. Guillaume fut ainsi malade quinze jours ou
environ, et je l'ai vu malade tout ce temps-là. Par ailleurs il n'a pas souffert de ce mal...».
Et nous avons vu le Guillaume en question devant nous, guéri, et sur ses bras les cicatrices faisaient voir à quel point
sa folie furieuse l'avait fait ligoter serré.
TEMOIN 108
Yves Bidal, de la cité de Tréguier, âgé de 50 ans ou environ...
« J'ai vu une femme, nommée Gloaguel, folle furieuse, dans l'église de Tréguier près du tombeau de dom Yves. On
l'avait ligotée à cause de ses crises de fureur. Cette femme à l'invocation de dom Yves a recouvré la santé. Cela s'est
passé dans la saison de l'été, il y a 8 ans environ, je crois ; mais je n'ai retenu ni le mois ni le jour. Je ne sais pas quelles
furent les personnes présentes, car je ne me trouvais pas là au moment du miracle. Mais il y avait bien huit jours que je
voyais cette femme dans son état de folie furieuse et je l'ai bien vue par la suite en bonne santé les trois ou quatre jours
suivants, et guérie de sa maladie. J'ai la ferme conviction que cela s'est fait à l'invocation de dom Yves. Je le crois pour
avoir vu l'homme qui l'avait amenée et qui la gardait, mais dont j'ignore le nom, affirmer l'avoir vouée à Dieu et au
Bienheureux Yves pour qu'ils lui donnent et lui restituent la santé. Cet homme disait qu'elle était sa nièce et que cela
faisait trois semaines et plus qu'elle était malade. Son nom était donc Gloaguel, comme je l'ai dit. Je vous ai dit que je
l'ai vue huit jours ainsi furieuse, mais j'ignore combien de temps elle a été malade, sauf donc ce que j'ai dit. Cette
femme est originaire des environs de Morlaix, comme je l'ai entendu dire à l'homme qui la gardait. Elle avait quinze
ans ou environ, d'après son aspect physique...»
TEMOIN 109
Amon de Ker Goussi, paroissien de Plouguiel, âgée de 40 ans ou environ...
«Vingt ans se sont écoulés depuis qu'une femme des environs de Plestin, dont je ne me rappelle pas le nom, avait
un fils en bas âge qui pleurait énormément. Je demandai un jour à cette femme pourquoi son fils pleurait tant. «Parce
qu'il a faim, me dit-elle, car je n'ai qu'un tout petit peu de lait dans une de mes mamelles». - «Vouez-vous à dom Yves,
lui dis-je, afin d'obtenir par grâce du lait pour nourrir votre enfant». Alors cette femme se mit à part pour se vouer, et
vint ensuite m'en rendre compte. Et sur le champ en ma présence, et sous mes yeux, le lait se mit à abonder dans la
mamelle sèche, de telle sorte qu'on pouvait le voir couler goutte à goutte. Devant ce fait, je me mis à genoux et rendit
grâce à Dieu et à saint Yves, car j'ai la ferme conviction qu'on doit ce miracle aux mérites de saint Yves. Je n'ai aucun
souvenir du jour ni du mois, et pourtant il me semble qu'on se trouvait aux environs du mois d'août. Qui était là ? Je ne
me souviens que de moi, de la femme et de son garçon. Cela eut lieu à l'invocation de saint Yves, comme la femme me
l'a rapporté, mais elle ne m'a pas raconté en quels termes elle avait exprimé l'invocation. Il y avait bien six mois que je
connaissais cette femme avant l'événement. Et sa mamelle, disait-elle, ne donnait pas de lait depuis la naissance de ce
garçon. Je pense que l'enfant avait un an, à en juger par son aspect corporel...»
TEMOIN 110
Yves Nédélec, paroissien de Le Trehou, diocèse de Léon, âgé de 60 ans...
«J'avais une sœur nommée Gleoguena ; elle était folle au point de chercher à mordre ses bras et ses mains, et ceux
qui l'approchaient, comme si elle voulait manger ; et sa fureur obligeait à lui lier les mains et les pieds. Alors qu'elle
était ainsi en crise, il arriva que le seigneur Guillaume Vallesauxe, de bonne mémoire, alors évêque de Léon, vint
visiter l'église du Trehou et la vit en fureur et ligotée. Il dit alors, à moi et à ceux qui assistaient la folle : «Mon avis est
qu'il est bon et louable qu'on voue et qu'on remette cette malade à saint Yves, et j'ai la conviction qu'elle sera guérie.
Pour moi, dès maintenant je la voue et la remets à Jésus-Christ et à saint Yves. Qu'on la conduise donc au tombeau de
saint Yves !»
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