Enquete_canonisation AVEC ILLUST - Fonds St-Yves
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j'ai l'intention de me rendre à Lannion acheter un habit pour ma femme». - «Achète-moi de l'étoffe, me dit alors dom<br />
<strong>Yves</strong>, de la même que d'habitude, pour me faire une cotte et un chaperon». Ce que je fis. Comme on avait<br />
confectionné dans la maison de dom <strong>Yves</strong> la cotte et le chaperon, le tailleur lui dit : «Messire, voyez si cette cotte est<br />
bien faite». Tandis qu'il voulait essayer la cotte, il regarda du côté de la porte et vit un pauvre sans vêtement et dans<br />
une très grande détresse. Sur le champ il le héla : «Enfile cette cotte, et vois si elle te va bien». - «Messire, lui dit le<br />
pauvre tout craintif, je ne suis pas digne de porter un tel habit». - «Tu le feras, lui dit dom <strong>Yves</strong>». Et tout de suite notre<br />
pauvre mit la cotte. <strong>Yves</strong> lui dit alors : «Prends le chaperon». Et quand le pauvre se fut coiffé du capuchon, dom <strong>Yves</strong><br />
lui dit : «Va gagner ton pain avec la bénédiction de Dieu, et ne commets pas le mal». Et notre pauvre s'en alla avec<br />
cotte et chaperon. J'ai vu et entendu tout cela, puisque j'étais présent. Comme chaussures il portait des souliers hauts à<br />
courroies comme les Prêcheurs et les Cisterciens. Je l'ai vu porter couramment de telles chaussures.<br />
Il couchait toujours tout habillé par terre avec sous lui un peu de paille éparpillée, et parfois sur une claie faite de<br />
grosses branches noueuses entrecroisées, avec par-dessus un peu de paille, comme on l'a dit. Et c'est ainsi qu'il<br />
couchait, aussi bien dans son presbytère de Louannec qu'ailleurs, j'en ai la ferme conviction. Il ne dormait pas du tout,<br />
à moins d'être épuisé du labeur de l'étude ou de la fatigue de la route, ou las de ses oraisons prolongées ; et alors il<br />
dormait à genoux, à moins que dans son sommeil il ne prît une autre position, et il gardait presque toujours dans sa<br />
main ou sur sa poitrine une Bible ou un bréviaire. A Ker Martin, dans son «hôtellerie» il avait une courte-pointe, noire<br />
et de petites dimensions, et de peu de valeur, dont il se couvrait par grands froids. Je l'ai vu souvent coucher ainsi aux<br />
endroits que j'ai dits, et je l'ai également entendu dire à ses domestiques.<br />
Tout ce qu'un homme pourrait accomplir en fait d'œuvres bonnes et saintes, que ce soit en pratiquant l'ascétisme ou<br />
l'aumône ou la prédication, ou en donnant de bons exemples par la parole et par l'action, et de tout autre manière, tout<br />
cela dom <strong>Yves</strong> le faisait. Je l'ai constaté bien des fois, et je l'ai entendu dire».<br />
Etc. Etc.<br />
TEMOIN 36<br />
Dame Pleysou, de Pestivien, veuve du seigneur Henri Carruel, chevalier, âgé de 50 ans...<br />
« J'ai connu dom <strong>Yves</strong> plusieurs années avant sa mort, et j'ai vu qu'il se conduisait honnêtement et qu'il menait une<br />
vie sainte. C'est à Pestivien et au manoir du chevalier, mon mari, manoir nommé Le Ferty, au diocèse de Tréguier<br />
(sic), que j'ai vu dom <strong>Yves</strong> se comporter ainsi.<br />
Cet homme vivait d'une façon très austère et pratiquait beaucoup l'abstinence. Il se nourrissait de pain grossier de<br />
seigle, bien qu'on plaçât devant lui du pain de froment ; il mangeait aussi des plantes potagères préparées au sel et à<br />
l'eau sans autre condiment ; il jeûnait continuellement, excepté le dimanche. C'est ce que j'ai constaté dans les manoirs<br />
que j'ai cités.<br />
C'était un homme d'une grande bonté envers tout le monde, surtout envers les pauvres, car il leur faisait de larges<br />
aumônes. Il visitait aussi très souvent les malades, leur servait ce dont ils avaient besoin selon que Dieu lui avait<br />
donné. Et il prêchait très souvent la parole de Dieu à ces pauvres et à ces malades-là, et à n'importe qui par ailleurs. Je<br />
l'ai vu agir ainsi bien des fois.<br />
C'était un homme très humble et qui éprouvait plus de joie à se trouver avec les pauvres qu'avec les riches. Il traitait<br />
les pauvres, et qui que ce soit, avec humilité. Cette humilité se manifestait dans son maintien, dans ses paroles et dans<br />
ses actions où tout était humble, et il amenait tout homme à des actes méritoires d'humilité. C'est ce que j'ai vu bien<br />
des fois. Dans tout ce que j'ai dit de lui il n'y avait qu'humilité, d'après ce que j'ai vu.<br />
Partout où il se trouvait il passait tout son temps à prier et à prêcher tant de jour que de nuit, à tel point que<br />
plusieurs fois il passait des nuits pratiquement sans dormir, et s'il s'endormait c'était un petit moment à l'approche du<br />
jour, de façon à pouvoir célébrer la messe convenablement. Cela je l'ai constaté bien des fois, et c'est de notoriété<br />
publique dans la ville et le diocèse de Tréguier.<br />
C'était un homme d'une grande chasteté. Il avait toujours à la bouche les paroles de Dieu et un langage pur, et dans<br />
sa prédication il mettait la chasteté au-dessus de toutes les autres vertus. Par la sainteté de ses prières et de ses<br />
exemples, il entraînait hommes et femmes à garder cette vertu. C'est ainsi que je l'ai vu faire dans les sermons qu'il<br />
adressait fréquemment au peuple.<br />
C'était un homme d'une grande compassion à l'égard des orphelins, des mineurs, des veuves et des autres personnes<br />
malheureuses, et tout le bien qu'il pouvait leur faire en les aidant il le faisait, aussi bien par ses aumônes qu'autrement.<br />
Toutes les œuvres de charité et de miséricorde il les accomplissait avec sollicitude à la mesure de ses moyens. Les<br />
paroles ne peuvent rendre compte des bonnes œuvres qu'il réalisait couramment, et même on n'arriverait pas à<br />
l'imaginer. Partout où je l'ai vu vivre, j'ai constaté qu'il effectuait de bonnes œuvres. Et cela est de notoriété publique<br />
dans la ville et le diocèse de Tréguier, et dans les autres localités où dom <strong>Yves</strong> a exercé son activité. Son humilité et sa<br />
sainteté étaient si grandes qu'à le regarder, hommes et femmes se sentaient transformés, et les hommes avaient de la<br />
peine à se séparer de lui, si tant est qu'ils le pouvaient, tant était grand le charme qui émanait de lui. Je le sais pour<br />
m'être souvent trouvée en sa compagnie dans les endroits que j'ai déjà nommés et dans beaucoup d'autres. Il me<br />
déplaisait beaucoup qu'il quittât ces lieux, car telle était sa bonté, que j'aurais voulu qu'il restât toujours avec moi, si la<br />
chose lui avait été possible.<br />
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