Enquete_canonisation AVEC ILLUST - Fonds St-Yves

Je sais tout cela parce que étant présent j'ai vu et entendu les choses comme je les ai rapportées, étant donné que
j'étais au service de dom Yves. Et je sais que dom Yves a veillé comme j'ai dit car je couchais à côté et que je voyais la
lumière ne cesser de brûler, ce qui n'avait coutume d'arriver que lorsqu'il étudiait et priait. Il y a 29 ans de cela, ou
environ ; je ne me souviens pas du mois, mais c'est un lundi que j'ai amené le démoniaque, lequel est retourné chez lui
guéri le lendemain. Quand je suis allé chercher le démoniaque il y avait comme personnes présentes dans sa maison
son épouse et sa famille, je crois, et dans la maison de dom Yves un autre serviteur nommé Amon Toullefflam,
maintenant reclus. La confession eut lieu dans l'église de Louannec ; le reste se passa dans la maison de cette église.
Le démoniaque s'appelait Alain Kozh, de la paroisse de Trélévern. Je connaissais ledit Alain avant cet événement. Je
ne l'avais pas vu ainsi possédé, mais j'ai entendu dire qu'il l'a été trois ans. J'ignore d'où il était originaire ; cependant il
demeurait dans ladite paroisse...»
TEMOIN 101
A mon Toullefflam, reclus, paroissien de Louannec, âgé de 60 ans ou environ...
«J'ai vu un soir ce démoniaque, alors que j'étais rentré des champs, coucher sur un lit de paille près de l'endroit où
couchait Yves, et le lendemain celui qui avait été démoniaque, j'assure l'avoir vu sain et rétabli : et j'ai entendu Yves
demander audit Alain comme il allait. Ce dernier lui répondit qu'il était guéri, puisque le diable s'était retiré de lui. Je
ne me rappelle plus quand cela s'est passé, mais il me semble que c'était deux ou trois ans avant la mort d'Yves. Je ne
me souviens pas quel mois. Il y avait là présents : moi, qui étais au service de dom Yves, et Yves l’Oiseleur, clerc de
dom Yves, et feue Julienne, ma mère. Cela se passait dans le presbytère de l'église de Louannec. Le démoniaque
s'appelait Alain, fils de Kozh. Je le connaissais auparavant. Je ne l'ai pas vu auparavant possédé ; je ne l'ai vu ainsi
qu'alors. Et il l'a été trois ans, c'est ce qu'on disait publiquement...»
TEMOIN 102
Guillaume, fils de Alain Kozh, de la paroisse de Trélévern, âgé de 50 ans ou environ...
« J'ai vu moi-même mon père souffrir du délire et de l'agitation violente causés par le diable : il cherchait à frapper
les autres, s'il le pouvait ; il mettait en pièces ses propres vêtements ; il poussait des cris affreux, ne prenait pas un brin
de sommeil et parfois gisait par terre, disant : «Pourquoi me tourmentes-tu ?», et il proférait d'autres paroles
semblables. Aussi le gardait-on tout le temps enfermé dans une maison, et c'est par une petite fenêtre de cette maison
qu'on lui donnait à manger. Il urinait sur cette nourriture pour la manger ensuite. Il le faisait sous mes yeux. Il
mangeait peu. Je le sais donc pour l'avoir de jour et de nuit entendu et vu très souvent par la fenêtre agir et parler ainsi,
et il disait parfois qu'il avait dans son corps un démon qui lui parlait. Un jour que j'étais absent de ma maison, dom
Yves, m'a-t-on dit, envoya quelqu'un pour mon père, et le lui fit amener. Il le guérit par ses prières et le libéra du
démon, comme on le disait publiquement. J'ai vu moi-même mon père, après son retour, absolument libéré, et jamais
de toute sa vie par la suite ce mal ne l'a saisi ni tourmenté. Bien au contraire, jusqu'au jour de sa mort personne n'a su
qu'il ait jamais subi la moindre rechute. Et il a vécu 15 ans ou environ après sa guérison. Je sais bien tout cela, car je
demeurais avec lui et le voyais constamment. Ces événements se sont passés il y a bien 30 ans ou environ. Je ne me
souviens ni du mois ni du jour. Les personnes présentes étaient ma mère et mon frère qui tous sont morts. C'est dans
une maison sise en la paroisse de Trélévern que j'ai été de tout cela le témoin oculaire et auriculaire. J'ai vu mon père
ainsi malade pendant trois années consécutives. Il était originaire de Trélévern...»
TEMOIN 103
Yves, fils d'Yves Galien, paroissien de Pédernec, âgé de 18 ans ou environ...
«Je me baignais dans la rivière qu'on appelle Le Jaudy, près du moulin de Saint-Efflam de cette paroisse, quand je
perdis la mémoire au point de ne plus savoir ni ce que je faisais ni où je me trouvais. Cela se produisit vers l'heure de
midi, je ne sais plus à quelle époque, ni quel mois, ni quel jour. Et pendant ce temps-là un mal me saisit aux mains et
aux bras, aux pieds et aux jambes, si bien que j'avais les bras inertes et les jambes aussi, et je pouvais à peine me
déplacer. En moi, ma langue et mes os étaient comme en feu, mais j'ignore comment et quand cela m'est arrivé ; je sais
qu'après avoir perdu la mémoire j'ai ressenti ces choses-là. Et puis le dimanche après l'octave de la Naissance du
Bienheureux Jean Baptiste, cette année, j'ai recouvré ma mémoire et me suis trouvé guéri de mes infirmités que j'ai
décrites. J'ai la ferme conviction que je le dois aux miracles du Bienheureux Yves, car j'ai appris de mon père qu'il
m'avait voué à lui et qu'il m'avait amené à son tombeau pour obtenir ma santé. Je n'ai pas le souvenir des personnes
présentes, car lorsque j'ai recouvré la santé il y en avait beaucoup, et je ne les connaissais pas. C'est dans la maison
qu'occupe à Tréguier le seigneur de Limoges, près de la porte de cette maison, que j'ai recouvré la santé...»
page 78 / 123