25.06.2013 Views

Enquete_canonisation AVEC ILLUST - Fonds St-Yves

Enquete_canonisation AVEC ILLUST - Fonds St-Yves

Enquete_canonisation AVEC ILLUST - Fonds St-Yves

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Une fois, qu'il venait de son église de Louannec pour allez chez lui, il enleva sa cotte et la donna à un pauvre, et il<br />

resta en surcot et «blanchet», avec la chemise de chanvre qu'il portait sous sa cotte. J'ai vu le pauvre en question qui<br />

pleurait de joie près de dom <strong>Yves</strong>. Il portait la fameuse cotte, disant qu'il l'avait reçue de dom <strong>Yves</strong>, et dom <strong>Yves</strong> était<br />

là en petit appareil de chemise et de surcot. Moi je revenais d'une église qu'on appelle Pleumeur-Bodou où j'étais<br />

chapelain.<br />

Je l'ai vu et entendu bien des fois prêcher la parole de Dieu, parfois dans plusieurs églises le même jour. Au cours<br />

des quatre années ou environ qui ont précédé sa mort, je l'ai vu un dimanche prêcher dans l'église de Pleubian, puis<br />

dans celle de Pleumeur-Gautier, ensuite j'ai entendu dire, et je le crois fermement, qu'il a prêché ce jour-là dans l'église<br />

de Trédarzec. Il se rendait à pied d'une église à une autre. J'ai vu cela. Et c'était et c'est de notoriété publique qu'il<br />

prêchait souvent dans plusieurs églises un même jour.<br />

Dom <strong>Yves</strong> visitait les malades retenus au lit par leurs maladies, qu'ils fussent pauvres ou riches. Il est venu me voir<br />

quand j'étais malade, et je l'ai vu bien des fois en visiter d'autres, tant à l'Hôtel-Dieu de Tréguier que dans les maisons<br />

particulières.<br />

Au cours de la maladie dont il est mort, j'ai vu dom <strong>Yves</strong>, un lundi, dans sa propriété de Ker Martin. Il y avait<br />

présent le seigneur Geoffroy de Tournemine, alors évêque de Tréguier, avec plusieurs personnes, tant chanoines de<br />

son église qu'autres gens. Dom <strong>Yves</strong> était dans sa cotte, sur le lit que j'ai décrit. Cela se passait il y a 27 ans ou<br />

environ.<br />

Ce que j'ai dit est de notoriété publique dans tout le pays, dans toute la Bretagne, et dans les autres lieux<br />

circonvoisins. Je veux dire par là que c'est ce qu'on entend dire par tout le monde, communément et partout».<br />

Etc. Etc.<br />

TEMOIN 19<br />

Le frère Pierre, religieux, abbé du monastère de Bégard, de l'ordre de Cîteaux, au diocèse de Tréguier, âgé de 50<br />

ans...<br />

« J'ai vu dom <strong>Yves</strong> au cours des quinze années qui ont précédé sa mort. C'était un homme de vie bonne et de<br />

mœurs honnêtes. J'ai vécu en sa compagnie plus d'une fois dans son manoir de Ker Martin. C'était un homme d'une<br />

grande chasteté : jamais en effet je n'ai vu chez lui le moindre indice contraire à la chasteté, ni entendu non plus. Le<br />

fait était de notoriété publique dans le pays.<br />

Il était à l'égard de lui-même d'une grande austérité. Je me suis trouvé bien des fois dans sa propriété de Ker Martin<br />

avant d'entrer en religion, et par la suite parfois l'équivalent d'un bon mois. J'ai mangé avec lui à sa table : il se<br />

nourrissait alors de pain grossier et de plantes potagères salées sans autre condiment, il buvait de l'eau fraîche. Il ne<br />

mangeait qu'une seule fois par jour, sauf les dimanches. Il mangeait alors deux fois, mais peu. Il n'allait se coucher<br />

qu'accablé de sommeil. Il s'allongeait alors par terre avec sous lui un peu de paille. Il y avait toutefois dans sa chambre<br />

une courte-pointe bon marché, mais j'ignore s'il s'en couvrait, car il fermait la chambre.<br />

Il était d'une grande bonté envers les pauvres. J'en ai vu plus d'une fois à Ker Martin, que dom <strong>Yves</strong> servait de ses<br />

propres mains, et il leur distribuait du pain, du blé et ce qu'il avait d'autre. Quel que fût le jour, les pauvres mangeaient<br />

autour de lui, et il leur servait en personne de ses propres mains pain et plantes potagères et autres choses. Il avait une<br />

maison pour recevoir les pauvres la nuit, et en hiver il y faisait faire du feu. C'était là qu'il les visitait et leur prêchait la<br />

parole de Dieu.<br />

C'était un homme d'une grande humilité à la fois intérieurement, de cœur, et extérieurement dans son habit et son<br />

comportement. J'ai vécu avec lui, comme je vous l'ai dit, et jamais je n'ai vu chez lui que des signes et des paroles<br />

d'humilité. Dom <strong>Yves</strong> était venu un jour faire visite à des pauvres, des pèlerins, dans cette maison faite pour eux, et je<br />

m'y trouvais. Et il y avait là un pauvre qui allait, disait-il, à <strong>St</strong> Jacques ou aux Sept Saints de Bretagne, je ne me<br />

rappelle plus bien. «Tu as donc de bons souliers, lui dit dom <strong>Yves</strong>». - «Bien vrai, lui dit le pauvre, s'ils étaient<br />

graissés». Dom <strong>Yves</strong> fit apporter de la graisse, et le pauvre voulut les graisser, mais, sous mes yeux, dom <strong>Yves</strong> les<br />

graissa de ses mains.<br />

C'est par esprit d'humilité qu'il portait un long surcot d'une grossière étoffe blanche qu'on appelle burell et qui ne<br />

coûte pas cher, avec une cotte à grandes manches sans boutons comme en portent les religieux, et un capuchon de<br />

même couleur. Il était plein de poux. J'ai voulu plus d'une fois les lui enlever, mais il ne laissait pas faire. Il marchait<br />

d'une démarche humble, les yeux baissés vers le sol, et le capuchon légèrement rabattu. Il s'est vêtu de cette façon-là<br />

pendant quinze ans ou plus avant sa mort.<br />

Il possédait à un haut degré la vertu de justice et celle de patience. Jamais je ne l'ai vu troublé ou prononcer des<br />

paroles manifestant une âme troublée. Je me souviens d'une femme qui demandait un jeune homme en mariage, mais<br />

j'ai oublié leurs noms. Dom <strong>Yves</strong> sachant cette femme dans son droit défendait sa cause pour l'amour de Dieu. Le<br />

jeune homme disait à dom <strong>Yves</strong> des paroles d'injures le traitant de coquin et de truand. En ma présence dom <strong>Yves</strong><br />

supportait cela avec patience. Aux insultes il ne répondait rien : il se contentait de sourire, et défendait comme à<br />

l'accoutumée la cause de sa paroissienne. Comme elle n'avait pas de quoi payer les mémoires dont elle avait besoin, il<br />

demandait aux notaires de la cour en question d'établir leurs mémoires pour l'amour de Dieu, et il les y engageait.<br />

page 29 / 123

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!