Enquete_canonisation AVEC ILLUST - Fonds St-Yves

taille, on eût dit une naine, qui portait sur sa tête trois pains ou fouaces, enveloppés dans une petite serviette. Je lui
demandai ce qu'elle voulait et ce qu'elle portait. «J'ai entendu dire, répondit-elle, que dom Yves n'avait pas de pain et
n'en trouvait pas à acheter. Alors je lui en apporte». Je transmis la chose à dom Yves qui fit cette réponse : «Laissez-la
venir ; laissez-la entrer». Elle vint à l'intérieur. Je reçus les trois pains, dans la serviette, les posai sur la table et fis
asseoir la femme auprès de moi. Sur les entrefaites arriva le prêtre dom Guillaume qui ferma la porte derrière lui. La
femme était toujours là, assise à mes côtés. Au bout d'un moment je voulus donner de ce pain à la femme, que je
croyais assise à mes côtés. Or je ne trouvai ni elle ni la serviette, et je ne m'étais pas rendu compte de son départ. Pour
le coup j'eus la ferme conviction qu'elle avait disparu par miracle. Tous les assistants se demandèrent avec étonnement
où était partie la femme, surtout qu'ils ne l'avaient pas vue se retirer. La porte était fermée en permanence : elle n'était
donc pas sortie par là. Ce que voyant je dis à dom Yves : «Où est cette femme ? Où est-elle allée ?» - «Taisez-vous !
Ne parlez pas, dit-il !». Cela s'est passé six années et plus avant la mort de dom Yves, et 20 (sic) années se sont
écoulées depuis sa mort. Je n'avais jamais vu cette femme avant, je ne l'ai pas vue après, et je ne me rappelle pas si elle
a mangé du fameux pain...»
TEMOIN 154
Derien de Togrum, prêtre, du diocèse de Tréguier, vicaire de l'église de Tréguier, âgé de 50 ans et plus...
« Il y a bien 20 ans ou environ que j'ai vu dans l'église de Tréguier une jeune fille qui, je crois, s'appelait Catherine,
de Ploujean. Je l'ai constaté de mes propres yeux : elle était impotente au point de ne pouvoir d'aucune manière se
déplacer ; d'autres devaient la porter. On l'apporta dans l'église de Tréguier pour obtenir sa santé par les mérites de
dom Yves, et elle y resta trois semaines ou environ ; j'en ai été témoin. Voyant qu'elle n'obtenait pas la santé qu'elle
était venue chercher, je la fis ramener chez elle. Comme elle se trouvait à une demi-lieue ou environ de la cité de
Tréguier, d'après ce que j'ai entendu dire, elle se mit à gémir en regardant du côté de l'église de Tréguier. «O
Bienheureux Yves, dit-elle, je vais donc retourner chez moi sans avoir été guérie». Elle avait à peine fini de prononcer
ces mots, qu'elle se leva, le visage réjoui : «Je suis guérie, dit-elle !» Et je l'ai vue de mes yeux revenir ensuite sur ses
propres jambes dans l'église de Tréguier. Il y avait là une si grande foule de gens accourus à l'annonce du miracle que
je ne me rappelle plus qui. C'est à l'église que je l'ai vue, d'abord paralysée, puis guérie. (On l'interroge ensuite pour
savoir qui on a invoqué et en quels termes, il répète ce qu 'il a entendu. On lui demande combien de temps elle a été
infirme : il répète qu 'il ne l'a vue que le temps qu 'elle est restée à l'église).
«J'ai pourtant appris qu'elle souffrait de ce mal depuis un an et plus. Je ne la connaissais pas auparavant. Je l'ai juste
connue le temps qu'elle a passé dans la cité de Tréguier...»
TEMOIN 155
Maurice Galle, prêtre, vicaire perpétuel dans l'église de Tréguier, âgé de 40 ans ou environ...
« J'ai vu dans la cité et le diocèse de Tréguier, je veux dire dans l'église de Tréguier, un aveugle demander
l'aumône, et cet aveugle a, par la suite, recouvré la vue à l'invocation de dom Yves. Je le sais pour l'avoir vu aveugle,
et bientôt après avoir constaté qu'il y voyait et qu'il s'en allait sans l'aide ni d'un chien ni de quiconque. Il y a bien dix
ans de cela et c'était aux environs de la fête de la Nativité du Seigneur, soit avant soit après. Quant au jour et à l'heure,
je ne sais pas. Je ne sais pas non plus en présence de qui le miracle a eu lieu, car je n'y étais pas. J'ai la ferme
conviction que l'aveugle a recouvré la vue à l'invocation de dom Yves, car je l'ai souvent entendu crier dans l'église :
«Saint Yves, rends-moi la vue».. Je ne connais pas le nom du miraculé, et je ne le connaissais pas auparavant sinon
pour l'avoir vu et entendu dans l'église. Je l'ai vu à plusieurs reprises, mais combien de jours et sur quelle durée, je ne
me le rappelle pas. Au bout de combien de temps a-t-il été guéri de sa cécité ? Je ne sais que ce que j'ai déjà dit. D'où
était-il originaire ? Je l'ignore. Il était âgé de 60 ans ou environ ».
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