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Enquete_canonisation AVEC ILLUST - Fonds St-Yves

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Je le sais pour avoir vu dom <strong>Yves</strong> plusieurs fois à l'endroit où il est né, à Ker Martin dans un grenier, où je l'ai vu<br />

ainsi couché par terre, et je l'ai vu dans son presbytère de Louannec, lui-même dom <strong>Yves</strong>, couché sur une claie faite de<br />

grosses branches ou de bâtons noueux entrecroisés, habillé et chaussé comme je l'ai dit.<br />

Dom <strong>Yves</strong> fut très sensible à la pitié. Il faisait en effet de larges aumônes de pain et d'argent aux pauvres, il les<br />

habillait et leur offrait éventuellement aussi l'hospitalité ; il invitait assez souvent chez lui des religieux mendiants, et<br />

là il les rétablissait avec de bonnes nourritures et de bon vin, faisant croire qu'il mangeait et buvait comme eux, bien<br />

qu'il usât de pain grossier et de plantes potagères, de pois et de fèves préparés comme je l'ai rapporté précédemment, et<br />

d'eau seulement. Cela, je le sais pour l'avoir vu plusieurs fois à Ker-Martin. Une fois un pauvre vint trouver dom <strong>Yves</strong>:<br />

il grelottait, ayant trop froid. Ce pauvre, je ne le connais pas et j'ignore son nom. <strong>Yves</strong> lui donna la cotte qu'il portait.<br />

Peu de temps après le pauvre vint chez moi et me dit en présence de ma femme : «Voici la cotte de dom <strong>Yves</strong> ; il me<br />

l'a donnée pour l'amour de Dieu». C'est ainsi que je l'ai su. C'était bien en effet l'étoffé et la couleur de la cotte de dom<br />

<strong>Yves</strong> : il n'y avait pas huit jours que je l'en avais vu revêtu. Je l'ai dit : c'était une cotte presque neuve et d'une étoffe<br />

blanche qu'on appelle «kordet» ou «burell».<br />

Dom <strong>Yves</strong> fut bon et sensible à la pitié. En effet il plaidait en justice gratuitement pour les pauvres, les mineurs, les<br />

veuves, les orphelins et toutes les autres personnes malheureuses ; il soutenait leurs causes ; même sans être demandé<br />

il s'offrait à les défendre, si bien qu'on l'appelait partout l'avocat des pauvres et des malheureux. Je me suis trouvé en<br />

concurrence avec dom <strong>Yves</strong> dans ma fonction d'avocat en de nombreux audiences ou tribunaux : c'est là que je l'ai vu<br />

et entendu bien des fois agir ainsi. D'ailleurs bien des gens malheureux qui se recommandaient beaucoup de dom <strong>Yves</strong><br />

du fait de leur état me l'ont rapporté. Du reste dans la ville et le diocèse de Tréguier le fait a toujours été et reste de<br />

notoriété publique.<br />

Dom <strong>Yves</strong> fut un homme très juste. Je l'ai vu Official de l'Archidiacre de Rennes et par la suite Official de l'évêque<br />

de Tréguier. Il s'est comporté dans ces fonctions d'une manière sainte et juste, rendant à chacun la justice rapidement<br />

sans faire de choix ni de différence entre les personnes. En vertu de sa charge d'official il percevait le tiers de<br />

l'émolument afférent au sceau de la cour de Tréguier : il en prélevait de larges aumônes pour les pauvres. Les parties<br />

qui lui soumettaient leurs litiges, et les autres, quels qu'ils fussent, qui avaient entre eux un différend, il les ramenait à<br />

la paix et à la concorde selon ses moyens. Cela, il le faisait très souvent. Je l'ai vu et entendu faire bien des fois, étant<br />

donné que je demeurais presque continuellement avec lui et que j'étais également avocat à la cour de Tréguier.<br />

Dom <strong>Yves</strong> fut un homme d'une très grande patience. Je l'ai toujours vu se déplacer avec un air gai et un visage<br />

joyeux et accomplir toutes les bonnes actions qu'il faisait quel que fût son régime d'abstinence et d'austérité et malgré<br />

de multiples railleries, mais je n'ai aucun souvenir particulier de ces gens-là.<br />

J'atteste que dom <strong>Yves</strong> fut d'une très grande régularité et d'une très grande dévotion dans ses prières, et on ne peut<br />

plus agréable dans ses prédications. J'ai vu et entendu dom <strong>Yves</strong> célébrer un bon nombre de fois très dévotement les<br />

messes et par ailleurs prier longuement, et prêcher au peuple la parole de Dieu dans de multiples endroits. Pour<br />

entendre sa prédication des gens en masses compactes affluaient de diverses régions. J'ai vu ces faits se produire dans<br />

les églises du diocèse de Tréguier, et tout autour du diocèse de <strong>St</strong>-Brieuc et dans bien d'autres lieux dans la ville et le<br />

diocèse de Tréguier.<br />

Dom <strong>Yves</strong> était issu de parents catholiques fidèles légitimement mariés. J'ai vu et connu son père et sa mère. Je les<br />

ai vus vivre en catholiques dans l'église de Tréguier, et à l'extérieur. J'ai assisté personnellement à leur mariage<br />

solennel. C'est de ce mariage légitime et resté stable qu'est né dom <strong>Yves</strong>. Son père s'appelait Hélory et sa mère Azo. Ils<br />

étaient nobles. Sa mère m'a dit un jour (j'ai oublié la date) que dom <strong>Yves</strong> serait saint, car la chose lui avait été révélée à<br />

elle, sa mère. Elle me l'a dit dans la maison des parents de dom <strong>Yves</strong>, maison qui s'appelle Ker Martin en la paroisse<br />

de Tréguier. Il y avait là la mère et le père de dom <strong>Yves</strong>, dom <strong>Yves</strong> et moi, et personne d'autre. Et ces paroles, la mère<br />

de dom <strong>Yves</strong> les a prononcées il y a cinquante ans ou environ.<br />

Ces faits, ces dépositions que j'ai faites, tout cela est de notoriété publique dans la ville et le diocèse de Tréguier. Et<br />

j'ai dit et fait ces dépositions parce que c'est la vérité, et non parce qu'on m'a prié de le dire, ou payé pour cela, ou par<br />

crainte ou par amour ou pour gagner la faveur de qui que ce soit ni pour l'honneur de la patrie. Je ne suis suborné par<br />

rien ni par personne. Et j'entends par notoriété publique ce qui est dit par tous et publiquement dans une région ou dans<br />

plusieurs.<br />

Dom <strong>Yves</strong> et moi-même avons suivi à Orléans sur le livre des Institutions les leçons du seigneur P. de Capelle, de<br />

bonne mémoire, cardinal de la sacrosainte église romaine, dont le seigneur Roger, actuellement évêque de Limoges est<br />

le neveu, et sur les Décrétâtes les leçons du Seigneur Guillaume Biaise, défunt évêque d'Angoulême, dont le seigneur<br />

Aiglin, actuellement évêque d'Angoulême fut le neveu, tous deux commissaires en cette affaire : je crois et je me dis<br />

avec assurance que cette conjoncture est le fait d'une intervention miraculeuse de Dieu».<br />

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